Après avoir présenté les tout-petits et les bienfaits de l’équitation pour cette cible de cavaliers, cette série réalise un focus sur la pédagogie de l’équitation chez les enfants de 18 mois à 4 ans et le rôle de chacun.
L’apprentissage
Le jeu est le principal mode d’apprentissage des tout-petits. Les séances d’éveil à poney doivent être ludiques, et toujours accompagnées par un adulte référent (parent ou éducateur). Elles incluent souvent :
Les séances ne doivent pas être trop courtes - 1h au moins - pour laisser à l’enfant le temps d’apprivoiser l’environnement qui l'entoure, avec des rythmes variés sur les différents modes d’apprentissage (cognitif, sensoriel, psychomoteur, etc.).
Quelques types de pédagogies
Maud Aline Leyval, dirigeante d’À cheval Leyval (59), a développé "Le Bébé Cavalier, la méthode Leyval" et elle intervient régulièrement lors des ateliers compétences au Parc équestre fédéral ainsi que lors de formations organisées par les Comités régionaux et départementaux d’équitation.
De son côté, Céline Scrittori, présidente du Comité Poney et longtemps dirigeante du poney-club de Sardieu (38), s’est aussi spécialisée sur cette cible du bébé cavalier après une formation chez la famille Rabouin. Impliquée dans l’Association Poneys Arc en ciel, elle intervient auprès des clubs qui le souhaitent pour accompagner au développement des offres dédiées à cette cible de cavaliers.
Relation enfant/poney
La relation entre les poneys, meilleurs amis des enfants, et ces derniers, en particulier les tout-petits, est unique, riche et très bénéfique sur le plan émotionnel, moteur, sensoriel et éducatif. Un lien affectif fort et rassurant se crée au fil des séances. Le poney devient un être de confiance, doux, stable et bienveillant.
L’enfant développe une relation d’attachement non verbale, basée sur le contact, le regard et les gestes. Cette relation apaise également les enfants anxieux ou très actifs.
Rôle de l’enseignant
Votre rôle d’enseignant d'équitation lors d'une séance avec des tout-petits (18 mois à 4 ans) est fondamental, à la fois pour garantir la sécurité, accompagner le développement de l’enfant et créer une expérience positive et enrichissante avec le poney. Il s’agit de :
Quelques qualités d’un enseignant d’équitation qui travaille avec les tout-petits : patience, bienveillance, observation, sens de la pédagogie, créativité…
La relation enfant/moniteur/parent : un triangle éducatif essentiel
Ce triangle permet à l’enfant de :
La relation entre l’enseignant et les parents est la clé pour instaurer un cadre de confiance et assurer le bon déroulement des séances ainsi que l’éveil des enfants. Il est essentiel de bien accueillir les parents, leur expliquer le déroulé des activités, leur communiquer le retour sur la séance afin de les informer, les rassurer et les impliquer dans l’activité.
En contrepartie, le parent peut transmettre de nombreuses informations utiles (tempérament, préférences, peurs, expériences précédentes, etc). L’enjeu est de favoriser une communication ouverte sur les besoins et les progrès de l’enfant.
Pendant la séance, le parent est un ancrage affectif essentiel pour les tout-petits. C’est une base de sécurité : l’enfant va se tourner vers lui en cas d’inconnu, de stress, ou pour partager sa joie. Le parent peut être un observateur discret ou acteur actif - guidé par le moniteur, il pourra marcher à côté du poney ou aider au pansage, par exemple.
Dans tous les cas, il est important qu’il soutienne l’autonomie de son enfant sans "faire à sa place".
Un bon équilibre permet à l’enfant de grandir dans un cadre souple, chaleureux, mais structurant.
Attention ! Trop de distance et… L’enfant se sent en insécurité, perdu, ou passif / Le parent n’est pas impliqué, ou peu informé / L’enseignant n’adapte pas sa communication aux familles.
À l’inverse, trop de proximité et… L’enfant ne peut pas expérimenter / Le parent peut interférer avec l’action pédagogique de l'enseignant / L’enseignant devient une figure d’attachement concurrente.
En résumé
Il est important de bien connaître les spécificités du fonctionnement des tout-petits pour leur proposer des séances adaptées et ainsi, les aider à bien grandir. En mettant en place des activités qui répondent à leurs besoins, vous allez satisfaire les enfants et également leurs parents, qui sont prescripteurs de l’activité.
Il est aussi primordial de créer un environnement sécurisé et sécurisant. Cela passe par l’aménagement du club, le travail de la cavalerie, le contenu des séances, mais aussi par l'accueil réservé aux enfants et à leurs parents, ainsi que les savoir-être et savoir-faire développés par l’enseignant chargé de la prise en charge de ce public spécifique. Votre club doit être un lieu de confiance pour les familles.
Personnellement, je conseille que les parents soient des observateurs pendant les séances. Si on prend l’exemple d’un enfant de 2 ans, il est capable de porter la selle avec l’aide de l’enseignant, ou de curer le sabot si on lui tient le pied du poney. Il va ainsi développer son autonomie et prendre confiance en lui. Et surtout, n'oubliez pas de créer une communication positive : “l’encouragement est à l’enfant, ce que l’eau est à la plante” ! Si toutes les conditions sont réunies, le poney est un outil formidable pour que les enfants développent leur potentiel et s’épanouissent.
L’expert de cette série
Céline Scrittori, élue du Comité fédéral, présidente du Comité Poney et créatrice de la méthode Arc-en-ciel à destination des enseignants et dirigeants de club pour mettre en place des séances bébés cavaliers.