Paris 2024 : La juge française Anne Prain présidera le jury en para-dressage
La Fédération équestre internationale (FEI) a officialisé la nomination, soutenue par la Fédération Française d’Équitation, d’Anne Prain comme présidente du jury pour les épreuves de para-dressage - 3 au 7 septembre 2024 à Versailles - des prochains Jeux paralympiques. Entretien.
La Fédération équestre internationale (FEI) a officialisé la nomination, soutenue par la Fédération Française d’Équitation, d’Anne Prain comme présidente du jury pour les épreuves de para-dressage - 3 au 7 septembre 2024 à Versailles - des prochains Jeux paralympiques. Entretien.
Figure incontournable des terrains de para-dressage, tant sur la scène nationale qu’internationale, très investie pour le développement de la discipline, la Française Anne Prain présidera le jury des épreuves de para-dressage, qui se tiendront dans les jardins du château de Versailles l’an prochain à l’occasion des Jeux paralympiques. Juge FEI de para-dressage depuis 2001, aujourd’hui Level 4, il s’agira de ses cinquièmes Jeux puisqu’elle a jugé toutes les éditions depuis Hong-Kong en 2008 !
“C’est une consécration car les Jeux à Paris n'arrivent qu'une seule fois dans une carrière”
“C’est une consécration car les Jeux à Paris n'arrivent qu'une seule fois dans une carrière”
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
“J’ai commencé l’équitation quand j’avais une dizaine d’années, car ma tante montait à cheval. Mes premiers instructeurs étaient plutôt tournés vers le dressage mais j’ai touché un peu à tout. J’ai passé mon monitorat à 25 ans puis je suis passée par plusieurs écuries de dressage. J’ai concouru jusqu’au niveau B. À un moment, je me suis rendue compte que je serais certainement meilleure juge que compétitrice ! Alors, je me suis donnée les moyens de monter des chevaux de Grand Prix pour ressentir les mouvements et ce que je devais juger. Aujourd’hui, je continue toujours de monter à cheval car je considère qu’il est nécessaire de garder un contact avec l’animal pour pouvoir juger correctement. Ce sont les chevaux qui nous indiquent si tout va bien ! La notion de cheval heureux dans le règlement a parfois fait rigoler au début, mais cela se voit dans la manière dont il se déplace, leur décontraction et l’harmonie avec leur cavalier. J’ai vécu mes plus grandes émotions en regardant des reprises de para-dressage car les chevaux donnent tout pour leurs cavaliers qui manquent parfois de force physique, et il en résulte des couples très harmonieux. La recherche de la fluidité dans l’équitation doit primer, tant en para-dressage qu’en dressage.”
Que représente cette nomination ?
“C’est une reconnaissance de mon expertise après avoir jugé depuis d’aussi longues années - plus de quarante ans dont la moitié en para-dressage. Je suis fière, pour une telle échéance en France, qu’une juge française ait été choisie. C’est une consécration car les Jeux à Paris n'arrivent qu'une seule fois dans une carrière, c’est fantastique d’avoir l’expertise nécessaire pour y prendre part au bon moment. De plus, on voit que le para-dressage est en progression au niveau européen et mondial. Et la France a obtenu deux médailles d’argent aux championnats d’Europe à Riesenbeck, c’est de bon augure. On devrait voir de belles combinaisons offrant un beau spectacle plein d’émotions. Je suis très enthousiaste à l’idée de vivre ces Jeux paralympiques, où je serai accompagnée de juges expérimentés mais qui vivent leur première expérience aux Jeux, à l’exception de Freddy Leyman. C’est une équipe renouvelée mais nous nous connaissons et nous nous entendons bien. L’important sera la cohésion entre nous et de faire notre maximum. Nous sommes ravis d’être aux Jeux de Paris et plus spécialement à Versailles. J’habite à 30 kilomètres de là, j’y ai travaillé 15 ans à la Banque de France et j’aime beaucoup cette ville. Ce n’est donc que du bonheur !”
Comment se prépare-t-on à être présidente de jury pour des Jeux à domicile ?
“Il y a un bon soutien de la part de FFE grâce à laquelle j’ai pris part à une formation mentale avec l’AFCAM (Association française du corps arbitral multisports). Cela a été un partage d’expérience riche avec des arbitres d’autres sports qui font parfois face à des situations plus tendues que nous en para-dressage. Éric Blondeau, coach mental de sportifs de haut niveau et grands dirigeants d’entreprises, nous a partagé des techniques pour se préparer à une compétition à la maison. En parallèle, j’effectue un entraînement physique, car ce plan est également important pour être au top.
Pour moi, c’est très important de rappeler que le jour J, je deviens une arbitre internationale. Je juge ce que je vois, peu importe la nationalité du concurrent, pour récompenser les meilleures performances. C’est important de rester impartial.
À noter enfin que la nouveauté est un jury de superviseurs. Le test effectué lors des championnats d’Europe de Riesenbeck a été concluant donc le système sera officiellement mis en place pour la première fois en para-dressage aux Jeux de Paris. Cela permet de ne pas avoir un écart trop important entre les différentes notations des juges.”
Comment êtes-vous venue au para-dressage ?
“À l’époque où le para-dressage était sous l’égide de la fédération handisport et que rien n’était installé, Anne d'Ieteren, qui est une amie belge, a beaucoup aidé le para-dressage français - et d’autres nationalités également au fil des années. Elle a déployé énormément d’énergie en organisant notamment des cours de juges. En 2000, elle a demandé à Kathy Amos-Jacob ainsi qu’à moi, qui était alors juge nationale au niveau Grand Prix, de venir juger des épreuves de para-dressage. Je me suis formée et je suis devenue juge internationale en 2001. J’ai pris part aux premiers championnats du monde à Moorsele en 2003, au départ comme juge de réserve, puis j’ai été amenée à juger en raison de la crise cardiaque d’un juge… À l’époque, le niveau n’était pas très élevé donc cela a été facile pour moi. Depuis, je ne me suis plus arrêtée, avec mes premiers Jeux paralympiques à Hong-Kong en 2008 - Paris seront mes cinquièmes ! Je suis également devenue juge de dressage FEI en 2005.”
Le mot de la fin…
“Je trouve que la fédération va dans le bon sens en ce qui concerne le sport de haut niveau. Je suis contente de voir le bel esprit du para-dressage et du dressage français à Riesenbeck, c’est un bel élan pour l’équipe de France en vue des Jeux de Paris. Mon seul regret est de voir que je suis la seule juge internationale française en para-dressage, il faudrait que la relève arrive. Le jugement en para-dressage demande d’être fin dans l’analyse, notamment du pas puisqu'en Grade I, les cavaliers n’évoluent qu’à cette allure, et avoir de l’expérience jusqu’en jugement de Grand Prix de dressage. J’encourage les juges à venir au para-dressage et je réalise des formations en région.”
Pour évaluer les différentes reprises lors des Jeux paralympiques l’an prochain, Anne Prain sera accompagnée de cinq autres juges : Suzanne Cunningham (AUS), Ineke Jansen (NED), Kristi Wysocki (USA), Freddy Leyman (BEL) et John Robinson (GBR). Katherine Lucheschi (ITA) sera juge réserve, Jan Holger Holtschmit (GER) délégué technique, Julie Whatley (GBR) cheffe des commissaires au paddock tandis que le panel de supervision sera composé de Marco Orsini (GER) et Kjell Myhre (NOR).
Trois autres Français déjà nommés pour Paris 2024
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La FEI a déjà officialisé les nominations du Normand Pierre Le Goupil comme chef de piste pour le concours complet, du Mosellan Grégory Bodo comme co-chef de piste pour les épreuves de saut d’obstacles et de l’Occitan Patrice Alvado comme juge lors des épreuves de saut d’obstacles.