

Le 18 mai, une CEI 3* de 160km s'est tenue à Castelsagrat (82). À cette occasion, plongez au cœur d’une course d’endurance internationale du plus haut niveau organisée en mars dernier à Fontainebleau (77). Une immersion en deux parties dont le second chapitre se concentre sur l‘organisation et le rôle des officiels, avec un focus sur le fonctionnement du PC course.
Organisateur, pour la passion du sport
Mettre en musique une compétition internationale n’est pas dénué de toute difficulté, et encore plus lorsqu’il s’agit d’une course d’endurance, dont le tracé des boucles passe par différents sites naturels, parfois urbains, qui nécessitent de traverser des routes, etc. « Cette année, nous avons dû faire face à davantage de contraintes venant de l’Office national des forêts (ONF) », débute Caroline Cabardos, organisatrice avec son mari Gilles et l’association Grand Parquet Endurance de la manifestation bellifontaine. « La fréquentation étant toujours en augmentation dans la forêt, l’ONF a imposé de nouvelles réglementations. Nous avons donc dû modifier complètement certaines boucles pour aller à des endroits beaucoup moins fréquentés par le public, pour que les promeneurs soient moins importunés par les chevaux. Cela a demandé beaucoup de travail : il a fallu déplacer des points d’assistance, rajouter des points d’eau, etc. Mais nous avons réussi à trouver des parcours adéquats sur de bons terrains pour retrouver le nombre de kilomètres qu’on visait, et je pense que les cavaliers en sont satisfaits. »
Pour tout ce qui se déroule à l’extérieur du Grand Parquet, il faut disposer d’autorisations spécifiques car il s’agit d’une manifestation sportive et non pas seulement d’une promenade ou d’une randonnée. Des démarches administratives maîtrisées par les organisateurs, qui en sont à leur douzième édition de début de saison, et qui s’anticipent au moins deux mois à l’avance sur des tracés qui doivent être quasi définitifs, au risque de devoir tout recommencer. « Les changements de parcours ont entraîné le passage sur un terrain militaire sur une centaine de mètres, ce qui nécessite des demandes particulières, qui nous ont heureusement été accordées. Il y a également des contraintes administratives au niveau de la sécurité », complète Caroline.
Au-delà de cela, l’aspect financier reste le nerf de la guerre pour l’association organisatrice, comme pour beaucoup d’autres. Le Grand Parquet offre un terrain de jeu superbe mais avec nombre de coûts fixes : location, sécurité, montage des tentes, chronométrage, etc. « Nous avons eu à peine cent soixante-dix chevaux engagés, c’est la première fois que la participation est aussi faible. Financièrement, nous sommes en-deçà du seuil d’équilibre pour le concours. Sans participation suffisante, la pérennité de l’événement au mois de mars est en péril », rationalise l’organisatrice.
Les officiels, garants de l’équité de la course et du bien-être des chevaux
La présence d’officiels de compétition est requise pour garantir le bon déroulé du concours, le respect du règlement et du bien-être des chevaux. Trois d’entre eux sont revenus sur leur rôle lors du rendez-vous bellifontain.
Danielle Fell, présidente du jury
« Être présidente du jury revient à avoir la responsabilité de la totalité du concours. Une heure avant le pré-ride, la première inspection des chevaux débute et c’est là que le président de jury prend les rênes du concours : veiller à la sécurité des chevaux, le respect de leur bien-être, le respect des règlements, etc. On s’assure que les équipements sont adaptés, on observe le comportement général des cavaliers et de leur entourage envers les chevaux. Nous avons notamment un rôle de prévention.
Au cours du week-end, je manage également les autres juges, nous avons des réunions pour répartir les rôles. Lors de la course, je reste dans l’aire vétérinaire pour surveiller ce qu’il s’y passe. J’ai délégué à un juge à l’extérieur la mission de veiller à ce que tous les postes soient bien occupés tout le temps par les officiels. »
Frederik De Smet, chef steward
« Nous avons une responsabilité pendant tout le concours. Nous participons à s’assurer que le site est prêt pour l’accueil des cavaliers avec tous les espaces réglementaires, que les cavaliers respectent le règlement, etc. Le règlement prévoit un steward pour vingt cavaliers. Nous devons être placés tout au long du parcours, tant sur le site en lui-même que dans la forêt. Nous travaillons en étroite collaboration avec le président du jury, le délégué technique ainsi que le vétérinaire car nous sommes aussi responsables des écuries.
Le bien-être animal est primordial. Nous vérifions que les chevaux ont bien accès à l’eau, que leurs conditions de vie sont correctes peu importe la météo, qu’il n’y a pas de violences envers eux. Dans ce genre de cas, nous pouvons donner un avertissement ou demander une suspension immédiate. »
Mathieu Lenormand, président de la commission vétérinaire
« Je supervise le travail collectif de l’équipe vétérinaire. Comme les autres vétérinaires, je contrôle que les chevaux restent en bonne santé tout au long de l’épreuve. Il ne faut pas hésiter à échanger avec le cavalier, qui connaît sa monture et va parfois remarquer des signaux particuliers. Nous sommes là pour dire si le cheval peut continuer la course, doit ralentir ou s’arrêter pour ne pas mettre sa santé en péril. Une élimination est toujours collective, validée par trois vétérinaires dont un vétérinaire étranger et le président de la commission.
Dans l’aire vétérinaire, nous contrôlons la fréquence cardiaque qui doit être de 64 battements par minute maximum, puis la partie locomotrice. Nous regardons le cheval se déplacer ; nous ne tolérons pas d’irrégularité. Enfin, il y a un examen métabolique en observant les muqueuses, le cheval dans sa globalité et en écoutant les bruits digestifs. Nous ne négligeons rien car plus la course avance, plus il faut être attentif aux évolutions des chevaux d’une boucle sur l’autre.
Pour moi, on est sur des épreuves sportives donc forcément, le bien-être animal est important puisque si un équidé n’est pas bien, il ne peut pas performer. L’objectif des soins que nous pouvons apporter est de mettre le cheval dans le confort sans l’amener dans une surperformance, mais vers une performance optimale par rapport à ses capacités. »
Focus… Le PC course
Le poste de commandement de la course, plus couramment appelé PC course, est un point névralgique pour la sécurité et le suivi de la course en temps réel, afin d’apporter de potentiels ajustements à l’organisation. C’est également un lieu clé dans la gestion des bénévoles. « On coordonne la gestion de tous les signaleurs qui vont sur le parcours pour assurer la sécurité des cavaliers et des chevaux », présente Gilles Cabardos, président du concours.
Tous les matins, un brief est organisé avec tous les bénévoles, qui reçoivent un road-book où tous les passages de chevaux sont notifiés. Des relais sont mis en place pour les équipes, qui passent quelques heures sur le terrain avant de revenir au PC course pour se reposer et manger avant de repartir. « Il y a un contact téléphonique, soit avec moi, soit avec une autre personne, et nous utilisons aussi beaucoup WhatsApp pour faciliter la communication. Cela nous permet de suivre les déplacements des chevaux, vérifier que tous les concurrents sont bien passés aux points requis et de s’assurer en termes de sécurité qu’aucun cavalier n’est tombé ou perdu », continue Gilles. « Pour les bénévoles qui sont en poste aux traversées de route, leur première mission est d’assurer la sécurité de tous. Mais ils envoient également des informations utiles pour le speaker et nous, ce qui permet de savoir où et quand est passée la tête de course. Des équipes spécifiques sont aussi positionnées à des points d’assistance clefs afin d’effectuer un pointage, pour savoir quel dossard est passé à quelle heure. »
Au PC course, le fil conducteur est un fichier par épreuve sur lequel est noté des points remarquables de passage comme les points d’assistance et les traversées de routes, avec des hypothèses de passage et d’arrivée selon des vitesses hautes et basses. « Quand on reçoit l’information, on s’assure que cela correspond à nos hypothèses par rapport au chronomètre. Si ce n’est pas le cas, on les ajuste au fur et à mesure », précise le président du concours. « Ici à Fontainebleau, on sait qu’on est toujours à peu près dans les mêmes estimations car les pistes ici ne sont pas très rapides. Il y a de la conduite à faire, les épreuves se gagnent rarement au-delà de 22 km/h de moyenne, mais même les Amateurs sont toujours au-dessus de 14 km/h par exemple. »
Pas de concours sans bénévoles !
À travers leur investissement, les bénévoles sont des maillons essentiels pour la bonne tenue des compétitions. « Il n’y aurait pas de concours sans bénévoles, et toute l’équipe a fait preuve d’une grande motivation », salue Caroline Cabardos. Une course d’endurance demande un certain nombre de bénévoles, entre 50 et 70 à Fontainebleau selon les jours de courses et les horaires, pour gérer les traversées de route, les points d’assistance et points d’eau, l’accueil et toutes les présences sur site comme secrétaire du vétérinaire, etc. « Les règles de la Fédération équestre internationale (FEI) imposent des bénévoles supplémentaires comparé à une compétition nationale. Il faut par exemple effectuer un filtrage à l’entrée des écuries et vérifier que seules les personnes habilitées accèdent à la zone FEI », précise-t-elle.
Anne, bénévole pour la traversée des routes, témoigne de cette mission qu’elle effectue pour la troisième fois et qui lui permet de « retrouver des connaissances. Nous faisons une bonne équipe tous ensemble. Chacun a sa place, nous nous prévenons les uns les autres pour arrêter les voitures et laisser passer les compétiteurs. C’est important pour la sécurité des participants, des chevaux et des automobilistes ! Les compétiteurs nous remercient toujours avec un sourire. Je suis fière d’être bénévole ! »
La prochaine compétition organisée sous la houlette de l’association Grand Parquet Endurance se tiendra du vendredi 13 au dimanche 15 octobre. Au menu, en parallèle de courses internationales allant jusqu'à 160 km, le championnat de France Master, le championnat régional Île-de-France et l’étape finale du Grand régional.