Le test de dressage a débuté à 9h30 avec le passage de la championne olympique en titre allemande, Julia Krajewski, non pas associé à sa jument française Amande de B’Neville, sacrée à Tokyo (JAP) et qui profite désormais d’une belle retraite, mais à Nickel 21. Le couple a placé la barre haute d’entrée avec 26.9 pénalités.

Les trois couples français en-dessous des 30 pénalités

Les premiers représentants tricolores en piste ont été Karim Laghouag et Triton Fontaine (propriété de Philippe Lemoine, Guy Bessat, S.A.R.L. Écurie Karim Laghouag et Camille Laffite) à 11h09. Les expérimentés ouvreurs, médaillés de bronze par équipes lors des derniers Jeux de Tokyo, ont tenu leur rôle à la perfection. Le cavalier installé à Nogent-le-Rotrou (28) et son complice de dix-sept ans, toujours en grande forme, ont présenté une bonne reprise et concluent avec 29.6 pénalités pour la suite de la compétition. 

Sur le tracé que les Bleus ont eu l’occasion de répéter à plusieurs reprises cette année lors de compétitions nationales, ce sont Stéphane Landois et Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs (propriété de la S.C.E.A. Écurie du Cerisier Bleu) qui se sont élancés en deuxièmes à 15h03. Et pour leurs premiers Jeux olympiques, ils ont tout simplement signé un record personnel avec une reprise évaluée à plus de 75%, convertis en 24.40 points de pénalité ! De quoi installer la France sur de bons rails et se positionner, provisoirement, à la deuxième place individuelle. Au final, le cavalier de trente ans établi à Salles-sur-Mer (17) et son gris de douze ans aborderont le cross demain au septième rang provisoire.

Enfin, le dernier départ tricolore et avant-dernier départ de l’épreuve a été celui de Nicolas Touzaint et Diabolo Menthe (propriété de Mézard Sports et Françoise Niclaus) à 18h12. Le cavalier angevin vit sa septième sélection consécutive, un record, et la première avec son gris de onze ans. Ils poursuivront le concours avec 27.20 pénalités. 

Les Bleus troisièmes au provisoire

La France, avec 81,20 points de pénalités après le dressage, est provisoirement troisième sur les seize nations en lice. Le Royaume-Uni, champion olympique et d’Europe en titre, domine largement avec 66.70 pénalités tandis que l’Allemagne, actuelle championne du monde, est deuxième avec 74.10 pénalités. Individuellement, soixante-quatre couples étaient au départ et les trois juges, dont le Ligérien Xavier Le Sauce, ont placé la Britannique Laura Collett, sur London 52, en tête. Les lauréats du jour, de tous les grands championnats depuis 2019, ont quitté le rectangle avec 17.50 pénalités, ce qui est tout simplement un nouveau record olympique ! L’Allemand Michael Jung, qui tente de remporter un troisième sacre olympique, s’est placé juste derrière avec Chipmunk FRH (17.80). Le trio de tête est complété par deux couples à égalité avec 22 points, le Chinois Alex Hua Tian sur Jilsonne van Bareelhof et l’Australien Christopher Burton avec Shadow Man.

Les excellentes prestations françaises sont venues consacrer un travail rigoureux effectué par l’ensemble des cavaliers de concours complet en dressage. Tous se sont investis pour progresser et ont bénéficié ces derniers mois des conseils du réputé entraîneur allemand Christoph Hess, de Philippe Limousin, intervenant fédéral, et de Jean-Pierre Blanco, entraîneur adjoint pour le dressage.

• Listes de départs et résultats

Thierry Touzaint, sélectionneur national

“Nous sommes soulagés d’être troisièmes, on n'a pas à rougir derrière les Anglais et les Allemands car on n'est pas si loin. Karim Laghouag et Stéphane Landois ont donné leur maximum.C'est vrai que Nicolas Touzaint aurait pu faire un petit peu mieux encore, mais cela reste une très belle prestation. On savait qu’on n’allait pas gagner le dressage ; on est troisième, c'est mieux qu'à Tokyo. Nous avons beaucoup travaillé le dressage et cela se voit. La route continue, on espère un podium. Pour le cross de demain, à la première reconnaissance, il ne s'avérait pas très technique bien qu’assez gros. Avec la pluie de ces dernières 24 heures, le terrain devrait être plus lourd, cela va sûrement changer la donne. Demain matin tôt, nous retournerons faire une reconnaissance. Nous passons à la fin, c'est un avantage de pouvoir voir ce qu'on fait les autres pour adapter notre stratégie. On va essayer d'être encore troisième demain soir, et mieux si on peut.”

Christoph Hess, intervenant fédéral en dressage

“Je suis vraiment satisfait. L'équipe française est en troisième position. Je connais les équipes allemandes et britanniques. Il n'y avait pas de chance de les battre aujourd'hui, mais nous progressons. J'ai vu l'évolution des Français sur ce test. Avoir les trois couples en-dessous de 30 points, c'est vraiment un très bon résultat. En tant que juge, je trouve que nos cavaliers ont été notés de façon très juste et je suis heureux de ces bonnes notes. Maintenant je croise mes doigts pour la suite. Demain est un nouveau jour.”

Karim Laghouag

“Je suis ravi, c'est notre meilleure note en championnat. J’aurais pu gratter encore quelques points au galop. J'ai réussi à calmer un peu le jeu, mais Triton est resté un peu tendu. Je ne m'attendais pas à ce que le public applaudisse autant. Mais j'adore quand il y a du public comme ça ; à la sortie, on en profite plus. J'ai un cheval sur lequel je peux compter, un cheval d'expérience, c’est un atout. En plus, physiquement, il n'a jamais été si bien. Il est comme on pouvait s’y attendre en tant qu’ouvreur et obtient des points corrects. Je suis plus dans la course que j'aurais pu l'espérer. Et cela ne va pas être un concours de dressage ! Le reste de la journée, je vais vivre ma meilleure vie et supporter mes coéquipiers, j'ai deux avions de chasse derrière moi.”

Stéphane Landois

“J’ai eu un sentiment incroyable pendant la reprise, mon cheval était top. À la fin de la détente, il n’était pas totalement avec moi, même si je n’avais pas les sensations optimum je n’étais pas inquiet. Autour du rectangle, avant de débuter, j’ai vraiment senti qu’il a pris la mesure de l’enjeu. C'est génial d'être ici, de voir tout ce que cela représente, tout le chemin parcouru, toute cette histoire. Là, il y avait vraiment quelque chose qui se passait. Je suis très ému parce que c'était vraiment incroyable. Je pense que tout le monde l'a vu, tout le monde l'a senti. L'atmosphère était particulière. Surtout quand ça s'est arrêté et que la note est tombée. Je pense que tout le monde pensait à Thaïs. C'est assez fort comme émotion, également avec toute l’ovation du public à la fin. Avant moi, Karim a fait une très belle reprise. Il a tiré le meilleur de son cheval. Je pense que nos performances donnent de la force à Nicolas, pour s'appuyer là-dessus et faire encore mieux. On a a vraiment travaillé le dressage et cela se remarque aujourd'hui. Je pense que c'est super pour toute l'équipe de France. Concernant la météo, cela va durcir un petit peu le cross, ce qui pourrait nous arranger. Le terrain va devenir plus pénible, il va falloir avoir des chevaux qui tiennent la distance. Forcément, on va devoir prendre un peu plus de risques dans les combinaisons pour rattraper le temps qu'on ne pourra pas gagner lors des grandes galopades. Nos chevaux sont de bons crosseurs, avec des pilotes d'expérience. On sait monter ces terrains-là, cela nous a bien réussi aux championnats d’Europe l’année dernière.”

Nicolas Touzaint

“Le résultat est correct, mais ce n'est pas aussi bien que je l'aurais souhaité. Je m'étais fixé d'être en-dessous de 25. Le cheval était un petit peu tendu et je n'ai pas tout à fait réussi à le décontracter comme je l'aurais voulu. Il y a deux ou trois petits accrocs comme l’entrée ou le dernier changement de pied. 27 points c'est surtout très bien pour l'équipe qui est ce soir troisième. À Tokyo, à cette heure-là, on était 9e, donc... Je pense que Karim et Stéphane ont exploité leur reprise à 100% par rapport à l'ordre de passage et leurs chevaux. Je pense que mon cheval avait le potentiel pour faire un petit peu mieux que ça. Pour le cross demain, c’est difficile d’estimer sa difficulté avec la pluie qui est tombée. Après la première reconnaissance, il nous paraissait assez accessible et le terrain parfait, suffisamment souple mais pas trop éprouvant pour les chevaux. Et puis on sait par habitude que lors de tous ces grands championnats, il y a beaucoup d’événements qu'on n'imagine pas. La pression fait beaucoup bouger les choses. Les points sont très serrés. Et puis surtout, avec le format à trois couples, la moindre erreur va coûter très cher. Pour nous, troisièmes ce soir dans les points des Allemands, c'est parfait.”

Ce soir les quatre couples sélectionnés pour les épreuves olympiques de dressage ont pu se familiariser une nouvelle fois avec la piste de compétition. Tous les feux sont au vert dans le clan tricolore avant le premier rendez-vous demain formalisé par la première inspection des chevaux par le Jury de la compétition à 7h40, à la suite de quoi, le sélectionneur national Jean Morel annoncera la composition du trio qui prendra le départ du Grand Prix, première épreuve olympique, qui se tiendra mardi 30 et mercredi 31 juillet. Cette épreuve sera support de qualification pour la finale par équipes (top 10) et la finale individuelle “Freestyle” (top 18).