![Assises du bien être animal crédit CRE centre val de Loire](https://medias.ffe.com/styles/webp/s3/2025-02/assises-du-bien-etre-animal-credit-CRE-centre-val-de-loire.jpg.webp?VersionId=1739435538.912441&itok=7aGsCJ5y)
![Assises du bien être animal crédit CRE centre val de Loire](https://medias.ffe.com/styles/webp/s3/2025-02/assises-du-bien-etre-animal-credit-CRE-centre-val-de-loire.jpg.webp?VersionId=1739435538.912441&itok=7aGsCJ5y)
Les 30 et 31 janvier, plus d’une centaine de dirigeants, enseignants et acteurs de la filière équine ont assisté aux premières Assises du bien-être animal, organisées par le Comité Régional d’Équitation du Centre-Val de Loire. Retour sur les riches échanges qui ont eu lieu au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41) lors des témoignages, conférences et présentation des actions fédérales.
Nathalie Carrière, présidente du Comité régional d’équitation (CRE) Centre-Val de Loire, a ouvert ces premières Assises du bien-être animal : “depuis quelques années, nous constatons une prise de conscience collective, qui était nécessaire, pour chercher à améliorer et promouvoir le bien-être animal. Le Comité régional d’équitation Centre-Val de Loire a pour vocation d'aider les structures équestres de la région, à se développer et à mettre en place des meilleures conditions de vie pour les équidés. En 2023, nous avons nommé une correspondante régionale référente sur la thématique du bien-être animal, en la personne de France Roche, conseillère technique sportive, et créé un groupe de travail dédié, qui a eu l’idée d’organiser ces premières assises. À l’avenir, nous avons comme objectif de réitérer ce format en prenant en compte l'évolution des pratiques et les retours des participations, comme des intervenants.”
“Le bien-être animal est une réalité qui concerne l’ensemble de nos activités”, rappelle Frédéric Bouix, président de la Fédération Française d’Équitation (FFE). “Il doit être pris en compte dans le sport, la formation, la communication, au sein des établissements équestres, etc. Aujourd’hui, nous avons une véritable préoccupation en ce qui concerne le savoir, et je remercie les spécialistes qui vont intervenir durant ces deux jours car rien ne résiste à la connaissance scientifique. Je remercie également Déborah Bardou qui préside la commission bien-être animal de la fédération et qui accompagne à la fois les établissements équestres, les recherches, et les travaux de la commission avec les correspondants régionaux. Ces assises reflètent complètement la façon dont on entend travailler entre la fédération et les comités régionaux et départementaux, qui sont là pour s’emparer des différents sujets, amplifier l’action fédérale et la mettre en œuvre sur le terrain avec l’ensemble des acteurs.”
Un programme complet autour du bien-être équin
Les apports de la science, par Léa Lansade
Léa Lansade, éthologue, chercheuse à l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et autrice, a lancé les Assises en rappelant que, “peu importe d'où l’on part, peu importe nos contraintes, on peut apporter des modifications” dans son club pour améliorer le bien-être des chevaux. Elle a commencé par définir le bien-être animal - selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), “l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes” - et ses fondamentaux, les 3F (“friends, forage, freedom” selon Lauren Fraser, soit “favoriser les contacts sociaux, fournir du fourrage à volonté et favoriser la liberté de bouger”).
Après avoir évoqué quatre signes de mal-être chez les chevaux - apathie, stéréotypies, agressivité, anxiété - et montré que le bien-être équin et humain sont liés, elle a rappelé que ces troubles ne sont pas une fatalité et peuvent s’améliorer en adaptant les conditions de vie des équidés. L’occasion d’évoquer la thèse “Happy Athlete”, menée par Romane Phélipon et financée par EquiAction, le fond de dotation de la Fédération Française d’Équitation, en partenariat avec l’IFCE et l’INRAE, qui montre que la pratique du sport de haut niveau et le respect des 3F sont compatibles. Elle a achevé sa présentation par la nécessité d’apprendre à mieux lire le ressenti des chevaux, “les comportements, postures, expressions faciales exprimant également le niveau de bien-être”. Ces connaissances permettent l’objectivité et les prochaines étapes de la thèse “Happy Athlete” sont pleinement tournées vers cette thématique.
Partages d’expérience sur des écuries alternatives
Claire Dufeu, directrice de l'Atelier Technologique Hippique du Lycée Agricole de Laval (53), a présenté les évolutions au sein de l’établissement, qui a, peu à peu, transformé son écurie classique en une écurie ouverte. “Nous sommes partis de l’existant puis avons progressé étape par étape : ouvrir les portes des boxes pour laisser le choix aux chevaux de se déplacer, mettre en place des barrières pour les guider jusqu’au paddock, acheter une balayeuse pour ramasser le crottin, créer une zone de roulage... Pas besoin de faire de gros aménagements mais il faut bien réfléchir au projet. Les chevaux s’adaptent incroyablement vite et leur qualité de vie augmente tout comme celle des salariés”, a-t-elle détaillé. Les impacts ont été très positifs : chevaux plus apaisés et sereins, diminution des raideurs pour les chevaux âgés et augmentation des interactions, réduction des coûts de main-d'œuvre et des risques d’accident, respect complet des 3F, diminution des frais vétérinaires et des coûts liés à l’achat d’aliment et de litière.
L’écurie active est un concept d'hébergement pour les chevaux qui s’inspire de leur mode de vie naturel pour répondre au mieux à leurs besoins. Les chevaux sont hébergés ensemble et se déplacent librement pour accéder à différents points d'intérêt répartis dans la structure : pâturage, zone d’abreuvement et de fourrage, abris, etc. Lors des conférences, différents intervenants ont témoigné sur l’aménagement de leur établissement pour tendre vers une écurie active et améliorer les conditions de vie des chevaux.
Gireg Le Coz, cavalier professionnel et international de concours complet, a témoigné sur sa gestion d’écurie et de ses chevaux de haut niveau, en concordance avec le bien-être animal. “Avant d’être des chevaux de sport de haut niveau, ce sont des chevaux”, a-t-il rappelé. Après une expérience en Angleterre, où il constate que les chevaux mis au pré sont plus souples et ont moins de coup de sang, il modifie sa façon de faire. “Des amis possèdent une écurie active en Bretagne, j’ai pu voir le fonctionnement, les avantages, inconvénients et réfléchir aux adaptations possibles pour les chevaux de sport”. En 2024, il construit sa propre écurie active, pour répondre au mieux à ses besoins et ceux de ses chevaux. Il est soutenu dans ce projet par des experts de l’association EquiBEE dans la nutrition, la botanique, l’éthologie et l’étude des parcelles. Les bénéfices se font rapidement sentir avec un gain de temps dans l’entretien, moins de frais vétérinaires, une optimisation de la gestion du foin, des chevaux plus souples, déliés et apaisés.
Ce sujet a également été abordé par Morgane Pokoïk, enseignante, comportementaliste et gestionnaire d’une écurie active en région parisienne.
Un cheval heureux sous la selle, par Jean-Luc Force
Cadre d’État, responsable “haute performance” à la DTN et expert en pédagogie, Jean-Luc Force a partagé avec les dirigeants de club, son expertise sur la pédagogie et sur des outils d’enseignements respectueux du bien-être du cheval. “Les émotions de l’humain influencent celles du cheval. Avant de monter, il est important de se défaire de toutes ses idées négatives. Cela peut passer par la création d’un “sas”, par lequel les cavaliers du club doivent passer avant la séance. Ils prennent le temps d’évacuer toutes leurs charges, contraintes et stress avant d’arriver aux écuries. Plus largement, si on veut que le club soit dans une optique de bien-être, il faut que cela fasse partie du cahier des charges et des règles de vie au sein de l’établissement”. Il a notamment vanté les mérites de l’équitation d’extérieur dont le concours complet : “Pour être en extérieur, dans un environnement très ouvert, il faut avoir de la connexion avec son poney. Le complet a beaucoup d’intérêt en cela, c’est une discipline formatrice dans sa relation avec les chevaux. En manège, le cavalier délègue une partie du pilotage à la lice, pas sur un terrain de cross !”
Des groupes de travail sur le bien-être animal
Quatre tables rondes ont été organisées durant ces assises. En groupe, les participants ont débattu sur des thématiques en lien avec le bien-être animal : “Conditions de vie”, “Sport et performance”, “Pédagogie” et “Impact économique”. Après avoir échangé sur l’existant, ils ont réfléchi à des solutions à mettre en place pour faire évoluer les pratiques. Pour améliorer les conditions de vie des équidés, les acteurs de la filière équine ont par exemple évoqué la gestion de l’eau, la mutualisation de l’achat de dalle pour stabiliser les sols ou encore la mise à la retraite des poneys et chevaux de club. Lors de la table ronde “Sport et performance”, ils ont présenté des idées pour encadrer le bien-être animal en compétition, par exemple en donnant plus de pouvoir et de légitimité aux officiels de compétition et en formant davantage les cavaliers compétiteurs.
D’autres experts sont intervenus tout au long de ces deux jours : Charles Barré, vétérinaire nutritionniste, Maëva Primault, ingénieure projets et développement à l’IFCE, ainsi qu’Anthony Marceau et Isabelle-Sophie Taupin des services DJES (Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports) et des services vétérinaires.
Les actions fédérales en faveur du bien-être animal
Présidente de la commission bien-être animal de la FFE et ethologue de profession, Déborah Bardou a présenté les actions de la fédération pour promouvoir le bien-être animal et faire en sorte que les pratiques évoluent : “chaque acteur de la filière équestre a un rôle à jouer sur ce sujet et la fédération a une part de responsabilité importante dans la prise en compte du bien-être animal”.
S'appuyer sur la recherche scientifique, comme la thèse "Happy Athlete", et s'entourer de professionnels, permet d'apporter des réponses constructives aux interrogations du grand public : “nous constatons une évolution très rapide des connaissances relatives au cheval et à son bien-être. La recherche scientifique augmente de façon exponentielle ces dernières années : 22 recherches spécialisées dans le bien-être équin ont été lancées en 2004, 72 en 2014 contre 208 en 2024”.
Communiquer sur le bien-être animal
“L’un des premiers leviers du bien-être animal, c’est de faire de la vulgarisation scientifique, sensibiliser et informer le grand public”, a-t-elle détaillé. À travers différents supports de communication tels que les publications sur les réseaux sociaux, informations sur le site Internet, médiatisation dans la presse, la fédération s’y emploie au quotidien : “nous avons diffusé fin janvier un communiqué de presse sur les besoins spécifiques du cheval en hiver. Nous nous positionnons comme un interlocuteur privilégié dans l’optique de lutter contre la désinformation que l’on peut constater dans certains médias généralistes, qui aborde la thématique du cheval de façon maladroite.”
Création de la mention Bien-être animal
Créée en 2019, cette mention qui a évolué en septembre 2023, vise à identifier les établissements labellisés qui ont fait le choix de s’inscrire dans une démarche de progrès concernant le bien-être animal. La FFE souhaite ainsi accompagner les poney-clubs et centres équestres et valoriser leur prise en compte du bien-être animal, au-delà des exigences légales en la matière. “Cette mention permet aux structures qui ne sauraient pas, par où commencer, de pouvoir identifier leurs points forts et au contraire ce qu’elles ont besoin d’améliorer. L’idée est de faire augmenter progressivement les exigences en termes de bien-être équin afin d'accompagner les clubs dans l'évolution de leurs pratiques”, a précisé la présidente de la commission.
La capacité détenteur d'équidé
La capacité détenteur d’équidé est un diplôme fédéral s’adressant à tous les licenciés de la FFE, et plus particulièrement, aux détenteurs ou futurs détenteurs souhaitant acquérir les connaissances indispensables pour s’occuper d’un équidé au quotidien. Ce diplôme fédéral permet de maximiser son bien-être et d’être en règle avec la réglementation en vigueur. Depuis janvier 2023, tout détenteur d’équidé doit attester de l’obtention d’une certification d’engagement et de connaissance par un organisme habilité. La validation de la formation permet d’obtenir ce certificat. Pour l’obtenir il faut réaliser un module théorique en ligne sur le site Campus FFE et un module pratique au sein d’un établissement agréé par la FFE (ou obtenir une équivalence avec un Galop 4).
Encadrer la pratique sportive
“Une des actions de la commission est notamment d’aider à l’encadrement de la pratique sportive en créant des outils à destination des officiels de compétition qui leur permettent d’agir en toute légitimité”, a affirmé Déborah Bardou. Plusieurs actions ont été organisées autour du bien-être animal lors du Generali Open de France 2024 telles que la vérification de l’ajustement des muserolles. “Grâce à l’outil créé par la FEI, le contrôle du serrage de la muserolle va pouvoir être standardisé dans les compétitions internationales. L’idée c’est qu’à terme, les fédérations nationales se l’approprient et le généralisent sur leur territoire.”