La parole à Christoph Hess, intervenant auprès de l’équipe de France de complet en dressage
En complet, la FFE et le staff fédéral ont la volonté de mettre l’accent sur le test de dressage pour se perfectionner en vue des Jeux de Paris 2024. Du 13 au 16 février, les complétistes ont ainsi fait la connaissance de l’Allemand Christoph Hess, juge de dressage et de concours complet et entraîneur de renommée mondiale, à l’occasion du stage fédéral Groupe 1 organisé au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41). L’occasion d’échanger avec ce nouvel intervenant sur sa première au sein du staff fédéral et sa philosophie.
En complet, la FFE et le staff fédéral ont la volonté de mettre l’accent sur le test de dressage pour se perfectionner en vue des Jeux de Paris 2024. Du 13 au 16 février, les complétistes ont ainsi fait la connaissance de l’Allemand Christoph Hess, juge de dressage et de concours complet et entraîneur de renommée mondiale, à l’occasion du stage fédéral Groupe 1 organisé au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41). L’occasion d’échanger avec ce nouvel intervenant sur sa première au sein du staff fédéral et sa philosophie.
“J’accorde une grande importance aux bases”
“J’accorde une grande importance aux bases”
Quel était l’objectif de ce premier stage ?
C’était ma première rencontre avec l’équipe de France de complet. J’ai jugé des compétitions internationales de dressage et de concours complet, donc je connaissais déjà quelques-uns des cavaliers. Pendant quatre jours j’ai pu faire la connaissance de tous les cavaliers de la longue liste. Cela me permet d’avoir une idée du niveau de chacun et de la qualité des chevaux.
J’ai eu un bon feeling avec les cavaliers, j’espère qu’ils ont accroché à ma philosophie et que je n’ai pas apporté de confusion. Il y a d’excellents entraîneurs fédéraux et Michel Asseray, directeur technique national adjoint pour le complet, autour de l’équipe. Je n’arrive pas comme un dieu, je n’en connais pas plus que les autres, mais je peux leur apporter un autre angle de travail grâce à mon regard extérieur.
Comment s’est dessinée votre présence auprès des cavaliers ?
Chaque cavalier a bénéficié d’au moins deux entraînements, certains trois. La première session a été consacrée aux bases, auxquelles j’accorde une grande importance. Je vérifie qu’elles sont acquises, que la position des cavaliers et leur utilisation des aides sont correctes, que les chevaux sont entraînés correctement selon une échelle de progression, puis j’identifie les difficultés. Le lendemain, j’ai évalué les couples sur une reprise de niveau 5*, qu’ils ont préparée avec l'aide de Jean-Pierre Blanco et Philippe Limousin. J’apporte ici mon regard de juge, tout en gardant en tête que je suis là pour les entraîner. Tout est filmé, nous leur donnons les notes, et je les oriente pour améliorer les mouvements à obtenir. Ensuite, nous avons eu le temps de retravailler certains points.
Quand les cavaliers rentrent chez eux, je souhaite qu’ils soient motivés et sachent dans quelle direction aller. Le stage s’est déroulé mi-février, il leur reste donc encore un peu de temps pour adapter des choses avant d’attaquer la saison.
Pouvez-vous nous donner un exemple d’exercice que vous avez fait travailler aux couples présents ?
Des exercices comme des transitions trot - galop et galop - trot sur une ligne courbe. Quand on est capable de les réaliser de manière légère, avec un cheval qui est toujours devant les jambes, qui garde son rythme et son équilibre, alors on a atteint un haut niveau d’exigence. Cela peut paraître simple mais le faire parfaitement ne l’est pas tant que ça ! C’est mon exercice préféré pour tous les chevaux, peu importe la discipline et leur niveau.
À quels détails prêtez-vous tout particulièrement attention ?
Je regarde toujours le cavalier en premier, il est la clé ! Le cavalier doit être équilibré, utiliser ses aides de manière fine et efficace. Ensuite, pour le cheval, je m’assure qu’il soit entraîné selon une échelle précise : rythme, relaxation et contact. Il doit se porter vers l’avant et être équilibré. Je ne fais aucun compromis là-dessus
Quels conseils avez-vous donné aux cavaliers ?
Déjà, ne pas entrer en conflit avec son cheval. Ensuite, être constant dans son entraînement et répéter pour obtenir de bons résultats ; entre la première et la deuxième session, certains cavaliers ont peut-être pu ressentir de la frustration car je les ai fait répéter les exercices. Cela peut paraître ennuyeux mais c’est nécessaire.
“Il faut avoir les Jeux dans sa tête et dans son cœur”
“Il faut avoir les Jeux dans sa tête et dans son cœur”
Quel regard portez-vous sur les couples présents et les chances de l’équipe de France en grands championnats ?
La très grande majorité des couples s’entraînent déjà dans la bonne direction ; il y a évidemment des petits détails qui peuvent être améliorés, mais cela fait partie de la vie. Je ne dirai pas qu’il faut tous les jours recommencer de zéro, mais à chaque fois développer un petit peu plus les choses. J’ai trouvé la qualité des chevaux excellente. Ils disposent de vrais moyens et certains ont des chances d’obtenir 75% sur le rectangle, ce qui est un bon résultat. Il faut être réaliste, 75% c’est entre assez bien - 7 - et bien - 8. À l’étranger, il y a de formidables couples qui sont brillants sur le dressage, des cavaliers avec une excellente équitation, qui arrivent à être autour des 80% si tout est correct. C’est atteignable, mais pas souvent ! Dans le monde du complet, il faut être bon en dressage, sans cela, il n’y a pas de chances de médailles. Je pense que la FFE a donc pris la bonne décision en mettant l’accent sur ce test.
Que souhaitez-vous apporter à l’équipe de France ?
J’espère apporter l’idée qu’on ne peut pas performer aux Jeux de Paris si les bases ne sont pas solidement acquises. C’est ce que je dis à chaque nation avec laquelle j’ai travaillé. Quand la perfection est presque atteinte concernant ces bases, alors on est prêt à aller aux JO, où il faut parfois avoir un peu de chance en plus pour pouvoir gagner une médaille, voire une médaille d’or ! Les Jeux sont dans dix-huit mois, c’est un objectif pour lequel il faut avancer à petits pas et s’entraîner très sérieusement au quotidien pour pouvoir prétendre à une sélection. Il faut avoir les Jeux dans sa tête et dans son cœur.
Le Parc équestre fédéral a été l’hôte de ce stage. Qu’avez-vous pensé des infrastructures ?
Je trouve le site magnifique. J’étais déjà venu il y a quelques années mais je ne connaissais pas le grand manège. Je le surnomme “Notre Dame de Lamotte” ! C’est vraiment splendide, grand, fonctionnel pour travailler et l'acoustique est excellente. Le Parc équestre fédéral est bien organisé avec tout à disposition et le siège de la fédération. En Allemagne, nous avons un équivalent à Warendorf, mais c’est bien plus petit qu’ici ! On voit des cavaliers de club présents en même temps, je trouve que le concept est bon. Ce qui se fait ici est inspirant. Je suis content d’être présent, tout comme à Saumur, où j’ai déjà jugé des compétitions et où je reviens désormais avec un autre rôle, comme membre du staff fédéral.
Désormais, quelle va être la suite auprès de l’équipe de France ?
Les prochaines dates de stages sont déjà calées et je suis content de revenir à plusieurs reprises en compagnie de Christine Senay, qui m’aide pour la traduction. Je reverrai donc les cavaliers deux jours à Saumur en avril, à Vittel pour le Master Pro en juin. En vue des championnats d’Europe au Haras du Pin (61), je serai aux côtés de l’équipe de France en juillet, très certainement à Saumur, et à nouveau début août.