Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre, au pied du podium en saut d’obstacles
La finale individuelle de saut d’obstacles a clôturé en apothéose onze jours d’épreuves olympiques équestres dans les jardins du château de Versailles. Ce mardi 6 août, une petite faute a privé Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre de la possibilité de jouer une médaille au barrage. Déjà en bronze par équipes, le couple termine quatrième pour ses premiers Jeux olympiques. En sports équestres, la France achève donc cette trente-troisième olympiade de l’ère moderne avec deux médailles par équipes, l’argent en concours complet et le bronze en saut d’obstacles.
La finale individuelle de saut d’obstacles a clôturé en apothéose onze jours d’épreuves olympiques équestres dans les jardins du château de Versailles. Ce mardi 6 août, une petite faute a privé Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre de la possibilité de jouer une médaille au barrage. Déjà en bronze par équipes, le couple termine quatrième pour ses premiers Jeux olympiques. En sports équestres, la France achève donc cette trente-troisième olympiade de l’ère moderne avec deux médailles par équipes, l’argent en concours complet et le bronze en saut d’obstacles.
La France attendait depuis trente-six ans un successeur à Pierre Durand, inoubliable champion olympique avec Jappeloup en 1988 à Séoul (KOR) - c’est d’ailleurs le Girondin qui a ouvert cette finale de trois coups de bâton, comme au théâtre - mais il faudra encore attendre au moins quatre années de plus et les Jeux de Los Angeles pour voir d’autres Tricolores tenter leur chance. Un parcours haut et technique, trente concurrents avec des scores remis à zéro, les trois champions olympiques en activité au départ - le Brésilien Rodrigo Pessoa, sacré en 2004 à Athènes (GRE), le Suisse Steve Guerdat, en or à Londres (GBR) en 2012, et le Britannique Ben Maher, qui tentait le doublé après sa victoire à Tokyo (JAP) en 2021 -, deux chances tricolores avec Simon Delestre et Julien Epaillard, le plus rapide hier donc dernier à partir devant son public… Tous les ingrédients étaient réunis pour vivre une finale olympique de haute volée, avec en toile de fond la demeure du Roi Soleil.
Les co-chefs de piste, le Mosellan Grégory Bodo et l’Espagnol Santiago Varela ont, comme attendu, dessiné un parcours de finale olympique technique, composé de quinze obstacles pour dix-neuf efforts à 1.65m. Au menu, deux doubles en n°5 et 12, le triple en n°10, la rivière en n°6, le tout à franchir dans un temps imparti de 84’’ et sans pénalité, pour espérer décrocher le Graal tant convoité ! “Il faut un cheval qui soit parfaitement en équilibre du début à la fin, avec beaucoup de puissance. Il devra être à l’écoute des demandes de son cavalier pour pouvoir à tout moment rétrécir ou allonger ses foulées. Le cavalier devra avoir de la dextérité et faire les bons choix. C'est le parcours le plus dur et le plus haut que j’ai créé, le niveau est au-dessus de la finale de Tokyo. Les premières difficultés arrivent dès la ligne 4-5. L'idéal serait d’avoir entre trois et cinq sans-faute”, a partagé lors de la reconnaissance Grégory Bodo. Le format est celui d’un Grand Prix, avec un barrage pour les couples sans pénalité.
Pas de Français qualifiés pour le barrage…
Pas de Français qualifiés pour le barrage…
Très attendus, les médaillés de bronze en individuel des derniers championnats d’Europe, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre (propriété de la Sarl Exceptionnal Horses S.L., Sylvain Pitois et Perrine Cateline, groom : Caroline Belouet) avaient leur destin entre leurs mains. Poussés par le public, le numéro cinq mondial, associée à cette jument formée par Margaux Rocuet depuis la fin d’année 2022, a malheureusement fait tomber le vertical en sortie de double n°12… Avec quatre points, les deux complices se sont déjoués de toutes les plus grosses difficultés du tour et terminent au pied du podium grâce à un chronomètre rapide de 79’’18. Une belle histoire néanmoins pour Sylvain Pitois et Perrine Cateline, naisseurs et copropriétaires de la jument, et de quoi mettre un coup de projecteur sur ces passionnés d’élevage, installés à Châtillon-en-Vendelais près de Rennes (35), respectivement kinésithérapeuthe et institutrice à la ville.
Simon Delestre et I Amelusina R 51 (propriété de SA M.S.H, Pascale Bliscaux et Philippe Berthol, groom : Margaux Guilluy), partis en n°7, n’ont pas à rougir de leurs prestations lors de ces Jeux. Le Lorrain, qui vivait ses quatrièmes JO, a péché dès le vertical n°1 aux couleurs de Paris 2024. L’ancien numéro un mondial et son alezan de onze ans ont ensuite ajouté quatre points à leur compteur, sur l’oxer en sortie de double n°5, pour terminer le tour sur une belle note. Avec huit points, ils ont achevé la compétition olympique individuelle au dix-septième rang.
En sports équestres, la France achève donc cette trente-troisième olympiade de l’ère moderne avec deux médailles par équipes, l’argent en concours complet et le bronze en saut d’obstacles.
L’or olympique pour l’Allemand Christian Kukuk
L’or olympique pour l’Allemand Christian Kukuk
Trois couples se sont départagés les médailles au barrage. Premier à s’élancer sur un parcours raccourci, l’Allemand Christian Kukuk a signé l’unique double sans-faute en 38’’34 avec Checker 47. Vainqueurs de plusieurs Grands Prix à 1.60m, le couple entre dans l’histoire en ajoutant la plus prestigieuse ligne à son palmarès : le titre de champion olympique ! Le Suisse Steve Guerdat et sa Dynamix de Belheme, née chez Frédéric Aimez en Seine-Maritime et déjà championne d’Europe, se parent d’argent. Comme à Tokyo, le Néerlandais Maikel van der Vleuten et Beauville Z repartent avec une belle médaille de bronze.
Ils ont dit
Ils ont dit
Julien Epaillard
“Je suis évidemment déçu. La médaille en chocolat, ce n'est jamais très agréable. J'avais vraiment un début de parcours difficile pour moi, avec cette ligne 4-5 un peu longue, avec le double. J'ai décidé de faire six foulées, la jument a répondu présent. Après, la rivière, c'est pareil, il y avait cinq foulées très longues après la Tour Eiffel et j’en ai à nouveau rajoutée une. Dubaï a vraiment été incroyable, elle a tout donné. C'était vraiment les deux difficultés pour moi. J'avais le sentiment d'avoir passé le plus dur. J'ai pris un peu de temps avant la triple barre pour qu'elle récupère pour la dernière ligne. Je suis rentré, je pense, idéalement, peut-être trop bien et je l'ai laissé un peu sauter d'elle-même la sortie. Normalement, en sortie de combinaison, deux foulées puis un vertical, c'est vraiment pas un problème avec le respect qu'elle a. Il y a eu un petit moment de relâchement de ma part. Après, elle a fini le parcours de manière magnifique. Elle était d'une disponibilité incroyable. Je disais hier qu'elle fait partie des 10 meilleures du monde en ce moment et cela s'est encore confirmé aujourd'hui. Le parcours était vraiment bien, difficile évidemment, en finale individuel des Jeux olympiques, il fallait s'y attendre. Les chefs de piste ont vraiment fait un très bon travail pendant tous ces JO. Les parcours étaient très subtils, je pense que les chevaux n'ont pas souffert. En tout cas, Dubaï n'a pas mis trop de temps à récupérer. L'organisation était formidable et avec le public, c'était une semaine exceptionnelle. Je pense qu'avec le recul, on se rappellera du positif et de cette médaille de bronze. On va partir en vacances et fêter la médaille avant tout. J'ai plein de choses qui me font vibrer dans la vie, mon élevage avec ma femme qui est très important mais aussi d’autres projets. Ma vie tourne autour des chevaux. Dubaï, elle, a toujours son petit rituel pour bien récupérer, Caroline s’occupe très bien d’elle. Dès que les températures vont baisser un peu, elle rentrera à la maison, on a l'avantage de ne pas être très loin. Et puis demain, elle va rejoindre ses amis au paddock.”
Simon Delestre
“Le bilan de ces Jeux est positif, avec une médaille par équipes. Aujourd'hui, la seule chose qui est un peu rageante, c'est la faute sur le premier obstacle. J'ai eu un très bon saut au dernier saut au paddock sur un vertical à peu près similaire et mon cheval a sauté de façon formidable. Quand je suis rentré en piste, je ne m'attendais pas à avoir une touchette sur le 1. Après, pour la faute en sortie de double, on a vu beaucoup de chevaux être surpris. La raison est compliquée à expliquer, probablement parce qu'il y avait un soubassement qu'ils ont un peu plus regardé, où vraiment on sautait dans le coin. Après, pour le reste du parcours et les autres difficultés, mon cheval a été remarquable, c’est ce qu’il faut retenir. Il n'a jamais baissé les bras. Il sort de cette expérience grandi. Il a seulement onze ans, c'est son premier championnat, donc c'est de bon augure pour la suite de sa carrière. Concernant le tour, je pense que c'est le plus gros parcours que j'ai vu de ma carrière. J'en ai déjà fait quelques-uns, mais aujourd'hui, c'était vraiment difficile. Avec trois sans-faute, les chefs de piste ont réalisé le meilleur boulot qu'on puisse espérer avec un barrage pour les médailles.”
Serge Lecomte, président de la FFE
“Nos cavaliers tricolores ont donné le meilleur d’eux-mêmes tant pour aller décrocher deux médailles par équipes que pour se qualifier dans les finales avec Pauline en dressage, Simon et Julien en saut d’obstacles. La quatrième place de Julien nous laisse forcément un regret mais il a prouvé une nouvelle fois qu’il faisait partie des meilleurs cavaliers mondiaux.
Tous les cavaliers et propriétaires des chevaux, leur entourage, et le staff emmené par Sophie Dubourg, la directrice technique nationale, ont montré leur cohésion durant ces Jeux, et ils ont largement honoré la confiance que nous avions placée en eux. Le dispositif exceptionnel déployé par la fédération pour préparer et accompagner cette échéance a porté ses fruits. Les performances de nos athlètes sont un signal positif pour tous les cavaliers, pour les acteurs de l’équitation française et plus largement pour toute notre filière. Avec l’équipe fédérale notre engagement est intact pour poursuivre cette dynamique.”
Sophie Dubourg, directrice technique nationale
“Notre sentiment à chaud est la déception pour la quatrième place de Julien, qui reste néanmoins un très beau résultat même si ce n’est jamais agréable. On a vécu une finale olympique incroyable avec des rebondissements. Nos deux cavaliers ont montré qu'ils étaient prêts techniquement et mentalement. Julien avait vraiment les prétentions d'une médaille individuelle et il a prouvé qu'il n'en était pas loin. Le cheval de Simon est moins expérimenté et s’aguerrit à ce niveau-là. Concernant le bilan, nous avons cette très belle médaille de bronze pour l'équipe de saut d’obstacles. Une très belle équipe de France de dressage a pris une sixième place collective avec Pauline Basquin finaliste dans la Freestyle. Et en concours complet, on a vécu des jeux tellement intenses, c'était déjà il y a une semaine avec l’argent par équipes. On avait de belles ambitions sportives, on les a tenues. Il faut souligner la ferveur du public français, qui a en plus été fair-play pour toutes les nations. Avec en plus les bénévoles, les officiels, on s'est vraiment sentis entourés, accompagnés, soutenus. Cela aide à transformer tous les essais. On souhaite vraiment remercier tous ceux qui sont investis dans l'organisation sportive, qui est juste parfaite. Tous les retours sont excellents et on n'a jamais eu une édition autant dans le confort et dans le bien-être des athlètes chevaux et cavaliers. C'était vraiment chouette, on est heureux”
Henk Nooren, sélectionneur national
"En général, je crois que ces Jeux olympiques ont été fantastiques, comme jamais auparavant. Le lieu est extraordinaire, l’organisation a été parfaite avec les équipes de Sylvie Robert notamment, les images magnifiques pour mettre en valeur l’équitation, et le sport aussi a été incroyable grâce aux deux chefs de piste qui ont montré jour après jour des parcours à la hauteur de l’événement. Cette réussite est remarquable.
Quel dommage aujourd’hui pour Julien et Dubai qui sont passés à rien d’une médaille individuelle qu’ils auraient tout à fait mérité, comme le top 10 de l’épreuve tant les résultats sont serrés. Julien a tout à fait raison dans son analyse et le connaissant, je crois qu’il va repenser longtemps à cette faute.
Simon et I Amelusina ont encore très bien fait aujourd’hui malgré deux fautes sur ce parcours très technique. C’est un cheval jeune qui débute à ce niveau. Je pense que c’est vraiment très prometteur, c’est un vrai cheval de championnat pour l’équipe de France.
Cette médaille de bronze par équipe à Paris, on aurait signé tout de suite pour l’avoir. Quand on regarde les derniers mois et années, on se rend compte qu’on est la seule nation qui n’achète pas de chevaux pour les JO, et malgré celà, on est sur le podium. Je remercie tous les propriétaires pour leur contribution et leur confiance.”