

Clap de fin pour les finales de la Coupe du monde FEI de saut d’obstacles à Bâle (SUI) ! En quête d’une nouvelle victoire en finale du circuit indoor depuis celle acquise par Bruno Broucqsault en 2004, les Français ont plus que brillé ce dimanche 6 avril : Julien Epaillard et Donatello d’Auge, en tête depuis la Chasse jeudi, se sont imposés, tandis que Kevin Staut et Visconti du Telman ont manqué de peu la deuxième place, occupée par le Britannique Ben Maher avec Point Break, et sont montés sur la troisième marche du podium !
Une journée qui se termine en apothéose pour les Bleus après la victoire de Quentin Jabet en voltige et qui fera date dans l’histoire des sports équestres français.
Julien Epaillard et Kevin Staut, sur le podium provisoire après la première manche
Le chef de piste suisse Gérard Lachat et son équipe ont proposé en première manche un parcours sérieux, à la hauteur de l’enjeu, composé de 13 obstacles pour 16 efforts à 1.60m, à franchir dans un temps imparti de 72’’. 24 couples se sont élancés avec un total de points correspondant à leurs performances des deux premiers jours, auquel se sont ajoutées les potentielles pénalités obtenues lors de cette première manche. La Sud-africaine Bronwyn Meredith Dos Santos a signé le premier parcours sans pénalité de l’épreuve avec Bibisi, imitée par 9 autres couples.
Quatrième ex-aequo au provisoire après la Chasse et l’épreuve à barrage vendredi, Kevin Staut et Visconti du Telman (propriété de Françoise Sanguinetti, groupe 1 FFE, groom : Engla Ring) sont entrés en piste en n°20, les concurrents s’élançant dans l’ordre inverse du classement provisoire, avec 3 points. L’expérimenté duo, qui court sa troisième finale ici en Suisse, a fait preuve d’une grande aisance, restant dans la course au podium et abordant la seconde manche au deuxième rang provisoire, à égalité de points avec l'Étasunienne Lillie Keenan et le Britannique Ben Maher.
En tête du classement provisoire, Julien Epaillard a été le dernier au départ sur Donatello d’Auge (propriété de Hello Holdings 31 Slu et son cavalier, groupe 1 FFE, groom : Caroline Belouet). Au terme d’un parcours sans-faute, les vainqueurs de l’étape Coupe du monde en janvier sur cette même piste ont conservé leur score vierge de pénalité avant l’ultime tour ! Une configuration inédite dans l’histoire du sport français, où tous les espoirs sont permis.
Un rendez-vous avec l’Histoire
Selon les statistiques d’Equiratings, les 6 derniers gagnants de la finale Coupe du monde étaient tous en tête dès le premier jour, une tendance en faveur de Julien Epaillard, donc. Et depuis 2011, tous les gagnants sont issus du top 6 de la Chasse, ce qui colle à nos deux Tricolores… Qui sont, tous deux, en quête d’une nouvelle victoire française dans cette finale du circuit indoor de la FEI. En effet, depuis sa création en 1978, seul Bruno Broucqsault s’est imposé, en 2004 à Milan (ITA), aux rênes de Dilème de Cèphe.
Une journée d’anthologie pour les sports équestres français
En seconde manche, 20 couples sont revenus en piste pour 12 obstacles et 15 efforts, pour un temps imparti de 64’’. La tension était à son comble dans le clan français lorsque Julien Epaillard s’est élancé pour ses derniers sauts du week-end, en selle sur son hongre de douze ans, qu’il a fait naître et formé jusqu’au plus haut niveau. Le couple avait droit à une faute d’avance, joker qu’il a utilisé, s’imposant sous une ovation chaleureuse du public présent. Deuxième de la finale l’an passé à Riyad (KSA) avec Dubaï du Cèdre, Julien Epaillard soulève donc la coupe cette année à Bâle !
Un peu plus tôt, Kevin Staut, déjà troisième en 2013 avec Silvana*HDC (propriété du haras des Coudrettes), a commis une faute sur l’oxer n°9 avec sa jument de seize ans, ce qui a porté son total championnat à 7 points. Lillie Keenan ayant fauté à trois reprises, cela a assuré une place sur le podium pour le Normand. Restait à déterminer la place… Ben Maher a lui aussi fait tomber une barre, mais avec un chronomètre plus rapide de deux secondes, s’est placé au deuxième rang, laissant le bronze au Tricolore.
Ils ont dit
Julien Epaillard, vainqueur de la finale Coupe du monde
“Pour l'instant, je ne réalise pas tout à fait ! Cela fait vraiment partie des objectifs dans une carrière de cavalier de gagner la finale de la Coupe du monde. L'avoir à mon actif, c'est une grande fierté. Il y a eu beaucoup de pression, il ne faudrait pas cela tous les week-ends sinon je ne sais pas si mon cœur tiendrait ! J'avais vraiment à cœur de réaliser une bonne finale et finir par la gagner, c'était même au-delà de mes espérances. C'est formidable ! La semaine s'est bien déroulée. Mon cheval était en forme et a réalisé un championnat exemplaire. Même à la fin, avec un peu de fatigue, il a continué à tout donner. Dans la dernière ligne, j’ai perdu en concentration. J'aurais pu l'aider un peu plus dans le double, j’ai eu un peu de chance en seconde manche. Le seul titre français jusque-là était celui de Bruno Broucqsault en 2004, maintenant nous sommes deux, et jamais deux sans trois ! En plus, avec Kevin cela fait deux Français sur le podium, c’est un beau travail d'équipe. On sait que dans les grands rendez-vous, Kevin est présent, c'était une super semaine.”
Kevin Staut, troisième de la finale Coupe du monde
“Ce podium tant attendu est là, c'est toujours des circonstances particulières dans notre sport, c'est-à-dire que c'est une question de cycle. Essayer de retrouver ou de se maintenir à haut niveau, c'est difficile. J’arrive à me maintenir parmi les 20 meilleurs mondiaux, mais cela fait plusieurs années qu’en championnat c’est plus compliqué, malgré le fait que j'essaye vraiment. Visconti a 16 ans et plusieurs finales Coupe du monde à son actif, un championnat d'Europe, et je pense qu'elle continue d'évoluer. Nous avons besoin, pour maintenir l'intensité et la régularité sur une semaine, d'avoir des chevaux que l'on connaît bien. Bien sûr, il y a la maîtrise technique, mais il y a aussi le facteur confiance, avoir confiance dans son cheval et surtout avoir la réciprocité. Je pense qu'aujourd'hui, Visconti est au sommet de sa carrière. Il y a aussi une satisfaction pour toute mon équipe de réussir à maintenir des chevaux à ce niveau. Je les associe tous à ce podium, à commencer par Françoise Sanguinetti, la naisseuse et propriétaire de Visconti, qui est ici depuis le début de la semaine et est même arrivé avant moi, ainsi que toutes les personnes avec lesquelles je travaille, qui me permettent de pratiquer mon sport année après année en essayant de faire le mieux possible.”
Edouard Coupérie, sélectionneur national
“Le scénario a été incroyable. Julien et Donatello ont été fantastiques lors de cette deuxième manche qui était vraiment très difficile. Il y a eu du suspense jusqu’au dernier obstacle car ils n'avaient le droit qu’à une faute. Donatello s'est vraiment donné et Julien est un cavalier incroyable. Et puis un grand bravo également à Kevin Staut avec Visconti, qui sont troisièmes et passe tout près de la deuxième place, à deux secondes au chronomètre. C’est un scénario français formidablement bon. Pour mon premier championnat, je suis ravi et c'est encourageant pour la suite de la saison.”
Sophie Dubourg, directrice technique nationale
“Nous sommes ravis de cette longue et belle journée avec trois podiums dont deux victoires. Julien bien sûr était leader mais je crois qu'après les Jeux olympiques, où il a terminé au pied du podium en individuel, cela lui tenait à cœur de réaliser cette performance avec son son cheval qui est comme un membre de sa famille, qui est d’ailleurs présente. Je suis aussi ravie pour Edouard Coupérie, c’est son premier grand championnat et on a senti une superbe cohésion, tous les cavaliers qui travaillaient ensemble. Le staff fédéral était à leur disposition, tout le monde a mutualisé tout ce qu'il pouvait, il y avait vraiment une belle énergie française.”
Frédéric Bouix, président de la FFE
“Félicitations à tous nos athlètes dans les trois disciplines. Nous avons vécu une belle édition de la finale Coupe du monde à Bâle, aussi bien en saut d’obstacles qu’en dressage et en voltige. Bravo à Julien Epaillard et Quentin Jabet pour leurs victoires, à Kevin Staut pour sa troisième place et Corentin Pottier pour sa belle quatrième place. Ces résultats confirment la bonne dynamique des Jeux de Paris 2024, même si le format sportif est différent, et montrent que les couples français font partie des meilleurs mondiaux. Tout cela est encourageant en ce début d’olympiade et donne confiance à tous les athlètes et l’ensemble de l’encadrement fédéral. Nous remercions tous les propriétaires et les organisateurs français qui, grâce à leur investissement, contribuent à la préparation des couples.”