

Les courses de galop à poney sont l’une des 36 disciplines sous l’égide de la Fédération Française d’Équitation, créant une passerelle entre les sports équestres et les courses hippiques. Philippe Le Ninivin, expert fédéral rencontré à l’occasion des stages clubs au Parc équestre fédéral, présente cette discipline, ses apports pédagogiques et la manière dont elle peut être amenée au sein des poney-clubs et centres équestres. Une volonté aujourd’hui : “la développer au niveau des clubs de manière à ce que ce ne soit pas seulement une discipline de spécialistes.”
Aujourd’hui, comment se structure la discipline ? Il y en a pour tous les goûts avec des courses de plat, de haies, de steeple…
Les courses de poney ont toujours existé, notamment dans l'ouest de la France. Elles sont passées sous l'égide de la FFE en 2017. C'était, et ça l'est toujours, majoritairement des enfants de professionnels - entraîneurs et jockeys - qui évoluent dans ces courses. L’association Poney au galop est responsable de la mise en œuvre et sa présidente Cécile Madamet est très active. Elle est désormais accompagnée par plusieurs délégués régionaux. De plus, certains Comités régionaux d’équitation ont créé des commissions, avec un budget dédié à la promotion de la discipline et la mise en place de stage pour les enseignants. Nous cherchons à la développer au niveau des clubs de manière à ce que ce ne soit pas seulement une discipline de spécialistes. Pour cela, des indices 2 ont été introduits pour que les nouveaux arrivants puissent avoir des chances de succès sans se confronter directement aux meilleurs de la discipline. Des championnats de France sont organisés pour tous dès le mois d’août.
C’est une discipline en développement…
Les courses de galop à poney concernent quatre-cents-cinquante cavaliers différents, qui participent à trois-cents-trente courses. C’est un nombre en augmentation, nous essayons d’introduire la discipline dans de nouvelles régions, comme dans le Cher sur l’hippodrome de Lignières ou dans le Centre-Est à Moulins (03), Vitteaux (21) ou Paray-le-Monial (71). Les stages clubs, organisés au Parc équestre fédéral, sont un atout pour faire découvrir la discipline sur des créneaux d’une heure à une heure et demie, en faisant galoper les cavaliers au botte à botte et en essayant de les encourager à participer à nos épreuves. Après, le facteur limitant est qu’ils sont souvent déjà bien pris dans le programme des concours. Mais petit à petit, nous arrivons à recruter davantage de cavaliers. Par ailleurs, nous effectuerons une démonstration de cross-country lors du CCI Saulieu (21) fin août.
À quelle typologie de cavaliers cette discipline s’adresse-t-elle ?
Tout le monde peut la pratiquer. Des épreuves Clubs et Poneys E ont été introduites il y a quelques années, permettant à des équidés hors taille et des cavaliers de plus de dix-huit ans de participer. Nous avons vu plusieurs adultes participer à ces courses après des stages de préparation. Pour les cavaliers qui débutent et qui sont sur des poneys A et B, ils peuvent monter au départ avec leur selle classique. Comme les professionnels, ils portent une casaque, ainsi qu’un gilet de cross et un casque homologué. Dans les épreuves de championnat, les courses sont souvent sponsorisées par de grands propriétaires donc ils ont la chance de porter des casaques reconnus comme celle de l'Aga Khan, Godolphin, des frères Wertheimer, etc. Des épreuves Amateur ont également été créées en lien avec le club des Gentlemen Riders.
Si on n’envisage pas de devenir jockey professionnel, est-ce que l’on peut quand même participer à des courses de galop à poney ?
Bien sûr, les cavaliers de club ont leur circuit et même si la plupart d’entre eux ne courront pas au niveau professionnel, ils peuvent se faire très plaisir dans les courses à poney puis à cheval.
Pour ceux qui souhaiteraient devenir professionnel, ces courses sont un tremplin pour devenir apprenti dès l’âge de seize ans, sans passer par les circuits traditionnels. Cela permet à la discipline de conserver une bonne crédibilité et d’obtenir des aides conséquentes de France Galop, qui permettent à notre activité de continuer à se développer. L'année dernière, dans le top vingt des apprentis qui était paru dans Paris Turf, il y avait plus d'une dizaine de cavaliers issus des courses de poney. L'étrier d'or, c'est-à-dire les meilleurs apprentis de France, en plat est l'apanage depuis deux ans de jeunes qui viennent de ces courses, de même qu’en obstacle pour 2024.
“Nous sommes parfois surpris du potentiel de certains poneys de club”
Pédagogiquement, qu’apporte cette pratique ?
Pour les cavaliers de club, je pense que cela permet d'avoir une bonne maîtrise de son poney ou cheval à l'extérieur dans un premier temps. Ensuite, et ce sont les retours du jour des cavaliers en stage, ils ressentent beaucoup d'adrénaline. Il y a de la vitesse dans un cadre sécurisé et nous leur inculquons les bons réflexes pour réagir et gérer un cheval à un rythme de galop de course. Cela peut être une idée pour fidéliser les garçons, un public que l’on tend à perdre dans les clubs au moment de leur adolescence. Pour ceux qui sont férus de vitesse, de moto, cela peut permettre de retrouver ces sensations à poney ou cheval.
La cavalerie de club peut-elle être performante ?
Oui, et nous sommes même parfois surpris du potentiel de certains poneys de club ! Concernant leur préparation, nous avons remarqué que les poneys A et B, qui courent sur de courtes distances de 400 à 600 mètres, n’ont pas besoin d’un entraînement spécifique intense. Après, il s’agit de vérifier le cardio de son poney, réaliser plusieurs tours de carrière, observer sa récupération et mettre en place un entraînement rationnel.
Est-ce simple à mettre en place dans un poney-club ?
C'est assez simple pour ceux qui disposent d’une carrière un peu grande, en la balisant pour que les cavaliers restent en circuit extérieur ; nous réalisons très souvent des initiations sans avoir de piste de galop. Les cavaliers peuvent se mettre en position jockey, les étriers courts, en conservant leur selle habituelle.
Quels exercices les enseignants peuvent-ils mettre en place lors de leurs séances ?
Le cheval mécanique peut déjà être une bonne initiation. Certains clubs en ont fabriqué eux-mêmes mais il est aussi possible de se faire prêter des simulateurs mobiles avec des petites selles. Ensuite, demander aux cavaliers de raccourcir leurs étriers et leur faire faire des mouvements et exercices pour qu'ils soient à l'aise. Il est même possible de sauter ! Ceux qui ont la chance de disposer d’un extérieur peuvent aussi aller galoper. Les cavaliers doivent alors bien respecter les consignes de sécurité. L’association Poney au galop et moi-même restons disponibles pour donner des pistes de travail à ceux qui le souhaitent.
Quelles consignes de sécurité faut-il respecter ?
Déjà, il ne faut pas tirer sur les rênes. Il faut arriver à jouer avec ses doigts de manière à ce que le cheval se décontracte. En effet, quand il est lancé à pleine vitesse sur une piste, si on tire sur les rênes, le cheval va au contraire prendre appui sur le mors et accélérer. Par conséquent, le cavalier doit lui aussi être décontracté. J’insiste aussi sur le fait d'être très concentré, le galop de course demandant au cavalier d’être toujours vigilant, comme la conduite sur autoroute par exemple.
La présentation de Philippe Le Ninivin en quelques mots
Instructeur d'équitation, il exerce actuellement en tant qu'enseignant indépendant. Un temps responsable de club, il a toujours été passionné par les courses, montant en parallèle de son métier en course d'obstacles dans sa jeunesse puis entraînant des chevaux de course en région lyonnaise. Il est délégué régional pour la discipline en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté, ainsi qu’expert fédéral.