PARA-DRESSAGE : RENCONTRE AVEC ALEXIA PITTIER
Alexia Pittier et Frauenheld lors de la Master Class IV à Lamotte-Beuvron. ©FFE/EB
Nouvelle venue dans l’équipe de France de para-dressage, Alexia Pittier, en selle sur Frauenheld, a très vite trouvé sa place. Après de prometteurs résultats ces derniers mois dont une 3e place dans la Freestyle du CPEDI 3* de Kronenberg (HOL) début juin, la cavalière, monitrice d’équitation dans des écuries installées aux Marches, en Savoie, a franchi une étape supplémentaire le week-end dernier à l’occasion du CPEDI 3* de Somma Lombardo, dans le Piémont italien. Première de la Team Test (69,250 %) et de l’Individual Test (72,683 %) puis 2e de la Freestyle (72,017 %), juste derrière Vladimir Vinchon et Tarantino Fleuri (72,375 %), Alexia a pu savourer ses premières Marseillaises. La cavalière de 26 ans s’inscrit dans une véritable démarche de haut niveau. Touchée par la maladie de Charcot-Marie-Tooth (environ 30 000 personnes atteintes en France), maladie génétique évolutive caractérisée par une dégénérescence des muscles des jambes et des bras, elle a d’abord pratiqué le saut d’obstacles avant de s’orienter vers le para-dressage à la suite de l’évolution de sa maladie. Une discipline où elle entend désormais réaliser de belles performances.
Alexia, deux Marseillaises, deux 2e places avec la Freestyle et la Team Test, vous attendiez-vous à de tels résultats dans ce CPEDI 3* de Somma Lombardo ?
C’était vraiment un super weekend. Je ne peux pas dire que je m’y attendais mais ça fait très plaisir de voir que le travail paie. D’autant plus que ce concours n’était que notre troisième sortie internationale. Nous avons bénéficié d’une super préparation. La Master Class au Parc Fédéral nous a permis de nous mettre en situation. La présence de juges internationaux nous oblige à nous placer tout de suite dans une recherche de la performance. Mais nous devons encore beaucoup travailler pour progresser et stabiliser notre niveau. Que ce soit moi ou le cheval, nous devons prendre de l’expérience.
Comment êtes-vous entrée dans l’univers du para-dressage ?
Je fais de l’équitation depuis très longtemps. J’ai été monitrice de concours complet. Je sortais en dressage la jument de ma patronne qui faisait du complet. Nous nous sommes projetées dans ce projet de haut niveau en para-dressage en nous disant pourquoi pas. J’ai commencé par un stage et j’ai tout de suite accroché. C’est super pour nous de pouvoir approcher le haut niveau malgré notre handicap. La jument s’est malheureusement blessée.
Comment s’est faite la rencontre avec Frauenheld ?
En début d’année, j’ai essayé beaucoup de chevaux. Le haut niveau est un vrai projet et il me fallait un cheval pour l’atteindre. Une amie en Allemagne m’a parlé de Frauenheld. Ce fut le coup de cœur immédiat. J’ai trouvé ma perle rare. En plus des qualités indispensables pour le dressage avec trois bonnes allures, il a un mental de champion. Nous devons désormais acquérir de l’expérience et apprendre à nous connaître. Il n’a que 8 ans, il doit donc aussi prendre de la force.
Qu’a changé ce projet haut niveau dans votre quotidien ?
Le haut niveau a amené beaucoup plus de rigueur. On y pense presque jour et nuit. C’est un facteur permanent dans notre quotidien avec une attention particulière sur les conditions de vie, l’hygiène de vie. C’est un suivi constant. Comme pour tout sportif. C’est aussi une organisation adaptée. J’ai arrêté de donner des cours au centre équestre. Je ne donne plus que des cours à des propriétaires. C’est plus souple pour organiser l’emploi du temps, notamment lors des compétitions ou des stages. Et puis j’ai une équipe autour de moi pour s’occuper des chevaux quand je suis partie. Ce sont forcément des sacrifices mais nous devons nous adapter. On n’a rien sans rien. Intégrer l’équipe de France, c’est impressionnant. C’est même dur à expliquer. Au début, on ne se rend pas bien compte mais une fois que ça commence, on se dit, ça y est, on y est ! C’est encore plus intense car on vit ces moments avec les autres. C’est parfois dur ensuite de rentrer à la maison.
À court terme, les Championnats d’Europe, cet été à Rotterdam (20-23 aôut) sont-ils un objectif ?
Les Championnats d’Europe sont évidemment dans un coin de la tête. Mais pour l’instant nous prenons concours après concours et le prochain sera en Allemagne à Uberherrn (du 11 au 14 juillet). Nous avons pour le moment fait deux des quatre minimas mais nous verrons bien (les couples doivent obtenir quatre fois la note de 68 % sur l’Individual test ou la Team test sur un concours de référence pour prétendre à une sélection).
D’autant plus qu’il y a une sacrée concurrence en Grade IV avec Vladimir Vinchon (Tarantino Fleuri) et Camille Jaguelin (Wimke) qui vous ont accompagnée sur les podiums le week-end dernier en Italie…
Ça se passe très bien entre nous. Nous ne nous battons pas entre nous mais contre les autres nations. Nous avons tous des choses à nous apporter. Il y a vraiment un très bon esprit au sein de l’équipe avec Fanny (Delaval), Philippe (Célérier), Carlos (Lopes) et Véronique (Margrin) qui sont autour de nous pour nous faire progresser et nous mettre dans les meilleures conditions.
Ce week-end, la place de la Concorde à Paris était habillée aux couleurs des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Frauenheld n’a que 8 ans, y pensez-vous déjà ?
Les Jeux paralympiques sont dans la ligne de mire, surtout à Paris, « à la maison ». Cela demandera une grande préparation, mais ça fait forcément rêver.