Les écuries Jiva Hill accueillent les championnats d’Europe de dressage jusqu’à dimanche et la compétition a débuté ce mercredi par la première partie du Grand Prix. Au total, 62 concurrents représentant 18 nations sont au départ, et 14 équipes se disputent le titre collectif qui sera décerné demain en fin d’épreuve.

La France 10e après les deux premiers passages  

Les 2 premiers équipiers tricolores se sont élancés aujourd’hui. Tout d’abord, Anne-Sophie Serre et Jibraltar de Masa (propriété de Serre Dressage et de Mathilde Juglaret) ont eu la lourde tâche de lancer l’équipe de France, et sont passés en tout début d’épreuve (n°6 à 10h47). L’étalon de 11 ans s’est montré plus tendu que lors de ses dernières sorties en compétition, obtenant 67.401% de la part des 7 juges. Une expérience néanmoins précieuse pour le couple, réserviste aux Jeux de Paris 2024 et qui prend part ici à son premier grand championnat, en vue des championnats du monde l’an prochain.

Les enseignements sont similaires pour Bertrand Liegard et Ginger (propriété d’Annabel Moreau et de l’écurie Chauchard), qui honorent également leur première sélection avec la veste bleue. Les vice-champions de France ont présenté un test plein de promesse pour l’avenir, crédité de 66.227% malgré une grosse faute dans les changements de pied aux temps.

Du côté des autres nations…

Les Bleus pointent ce soir au 10e rang, mais rien n’est joué à mi-épreuve. Les favoris ont répondu présents avec l’Allemagne en tête et qui tentera de remporter sa 26e médaille d’or européenne par équipes, devant le Royaume-Uni, tenant du titre européen, et le Danemark, champion du monde en titre. Leurs représentants prennent les trois premières places en individuel, avec 75.699% pour la Germanique Katharina Hemmer, 74.829% pour la Britannique Becky Moody et 71.227% pour la Danoise Nadja Aaboe Sloth.

Pour beaucoup d’équipes, dont la France, ces Européens, non qualificatifs pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, sont l’occasion de former des couples en leur permettant d’engranger une expérience précieuse en championnat.

La suite de la compétition

La seconde partie du Grand Prix se tiendra demain, avec les passages d’Alexandre Ayache et Ruling Olivia (propriété de son cavalier), champions de France en titre, à 11h49, puis de Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE (propriété de l’Institut français du cheval et de l’équitation - Groupe 2 FFE) à 15h30.

Les médailles par équipes seront décernées à la suite, tandis que les 30 meilleurs couples seront qualifiés pour le Grand Prix Spécial du vendredi.

• Les listes de départ et résultats

Anne-Sophie Serre 

Nous venons régulièrement concourir ici, mais l’atmosphère, évidemment, est différente. Avec les tribunes qui entourent la carrière, on est un peu dans un stade. Cela peut être impressionnant, en particulier pour les chevaux qui n'ont pas encore toute l’expérience comme le mien, cela s'est vu aujourd'hui. Il était tendu et nous avons commis des fautes inhabituelles, comme dans le zigzag au galop ou la faute de rythme dans le dernier allongement au trot. Ce n’était pas la décontraction que nous pouvions avoir lors des derniers concours. Il y avait des bonnes choses aussi, de l'expression dans les trots allongés, les changements de pieds aux deux temps étaient biens, mais il faut réussir à gagner en décontraction car c'est un cheval qui est très sensible. C’est lors de ces échéances que chevaux et cavaliers se rôdent et prennent du métier. 
Ouvrir pour l’équipe n'est pas non plus un rôle facile, parce que c'est nous qui donnons un peu le ton. Forcément, j'avais envie de faire de mon mieux, donc c'est quand même une pression qui est autre que lorsque les autres coéquipiers ont déjà un peu assuré avec des résultats. On sait aussi qu’en début d’épreuve, les juges mettent un peu moins de points, cela va crescendo. Nous avons peu concouru cette année, notre note est un peu en-dessous des derniers résultats. J'espérais assurer un 70% pour l'équipe mais il y avait trop de tensions et des petites fautes inhabituelles pour pouvoir les atteindre. Ces championnats sont une préparation pour les Mondiaux l’an prochain.

Bertrand Liegard

Je suis content d'être là, cependant le résultat n'est pas à la hauteur de ce que je voulais présenter. C'est un peu dommage, il y a une grosse faute dans les changements de pied aux temps qui nous coûte cher. Pendant la reprise, la jument s'est retenue, elle était vraiment un peu dans sa bulle, mais elle a très bien fini avec une bonne dernière ligne passage-piaffer. Nos débuts il y a quatre ans n’ont pas été des plus simples, mais les chevaux nous font souvent mentir ! Elle a débuté en Grand Prix l’an passé et a peu concouru cette année, deux seulement avant de venir ici. J’ai déjà vécu quelques Coupes des nations, mais un championnat d’Europe, ce n’est pas pareil, on a une autre pression. Jean souhaitait nous tester là-dessus, voir comment je réagissais. Il y a les Mondiaux l’an prochain, nous verrons mais si on prépare bien la saison, pourquoi pas. Elle est à 66% avec une faute, elle pourrait vite être à 69-70%.

Jean Morel, sélectionneur national

Je suis content de mes deux cavaliers, cela confirme ce que je pensais d’eux. Le résultat n'est pas forcément là, mais je n’ai pas à avoir honte de leurs performances. Anne-Sophie Serre est partie en n°1, ce qui n'est pas le rôle le plus facile. Son cheval n’a pas été évident, nous avons un peu joué de malchance, mais cela tombe la bonne année. Ce qui est vraiment important, c'est qu'elle a vraiment très bien monté. La jument n’a pas beaucoup d’expérience. Pour l’amener à ce niveau-là, on lui a demandé de beaucoup travailler et, physiquement, ce n'est pas évident. Elle a manqué un peu d’énergie, je pense, à un moment. Sa dernière ligne est très belle et avec Bertrand, nous avons un très bon cavalier, soutenu par des propriétaires. C’est un gain d’expérience tant pour lui que pour nous. Nous aurions peut-être dû ajuster la détente, mais cette gestion s’apprend en concours. 
Nous nous servons des championnats d'Europe pour préparer la future équipe de France. Une équipe ne se crée pas ponctuellement, c'est du long terme. C’est important de pouvoir tester les couples en championnat. Notre plan est d'essayer d'être qualifiés pour les Jeux de 2028 à Aix-la-Chapelle l’an prochain et de se servir de ces championnats d'Europe pour essayer de faire du mieux possible : pas forcément une grosse performance, mais identifier les bons cavaliers, les bons chevaux.