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Quatrième du championnat de France Benjamins Elite de horse-ball pour sa première apparition au Grand Tournoi en 2006, Tom Dupau n’a depuis manqué aucune édition, participant tantôt comme joueur, tantôt comme officiel, parfois avec la casquette de coach… Il évoque son lien avec le Grand Tournoi et son parcours, qui l’a mené du Parc équestre fédéral au titre de champion du monde.
Tom Dupau, originaire du Nord de la France et né dans une famille où le cheval a une place importante - ses parents sont dirigeants de club à Val-Joly - a débuté le horse-ball à l’âge de quatre ans dans un club du Cateau-Cambrésis où il a joué jusqu’à ses dix ans. Il a découvert cette discipline grâce à son père, qui la pratiquait également, mais a été le seul des trois frères à avoir choisi de pratiquer le horse-ball.
Après être parti du côté de Vendegies puis Meurchin, Tom fait aujourd’hui partie de l’équipe HLB/Lille, formation qui a remporté la Coupe de France au Grand Tournoi 2023 - le championnat de France des sports équestres collectifs au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41) - et est actuellement en tête du championnat de France Pro Élite Mixte.
Double champion du monde
Tom Dupau a fait ses premières armes à haut niveau grâce à Fredo, un cheval réformé des courses qu’il a acheté à six ans et qui est resté sous sa selle pendant onze ans. Ensemble, ils sont notamment champions du monde en 2016 et 2022. “Mes premiers championnats du monde étaient une expérience incroyable”, débute Tom. “Je les ai vécus avec un certain décalage car j’étais entouré d’anciens et avoir la chance de participer à une compétition officielle avec eux a été humainement et sportivement très enrichissant. En 2022, j’étais capitaine donc j’ai vécu la chose différemment. Je n’étais qu’avec des cavaliers plus jeunes ou qui étaient sélectionnés pour la première fois en équipe de France. J’ai essayé de transmettre tout ce que je savais. Lors de cette édition, tout le monde était hyper à l’écoute et on a réussi à aller jusqu’au bout malgré les galères. Sur huit joueurs, six devaient jouer la finale et seuls 5 jouaient. C’était une vraie bagarre !”
Blessé et n’ayant malheureusement pas pu disputer la finale mondiale l’an passé, Fredo profite désormais d’une retraite bien méritée : “Il m’a beaucoup donné et aujourd’hui, il fait du dressage. C’est un cheval assez exceptionnel, pas particulièrement performant dans un domaine spécifique mais bon dans tous les domaines”, sourit-il.
Une longue histoire avec le Grand Tournoi
Pouvez-vous nous parler de votre première venue au Grand Tournoi ?
C’était en 2006, fin de catégorie Benjamin. Ma première venue était extraordinaire ! Mon père ne m’avait jamais vraiment poussé vers les championnats de France, mais les autres parents de l’équipe voulaient que nous y allions. Une semaine avant, on nous a dit que, finalement, cela ne serait pas possible... Un soir, je rentre des cours, mon père m’attend à la maison, la ponette dans le van, prêt à partir, et me dit que c’est bon, je vais aux championnats de France ! Depuis, je n’ai pas loupé une seule édition. Je suis venu avec l’équipe de France U21 quand il y avait encore un tournoi international. J’ai aussi participé au Grand Tournoi en tant qu’arbitre, touriste et aussi parfois pour travailler sur un stand. J’arbitre beaucoup moins maintenant mais l’avantage en étant officiel et joueur, c’est que nous pouvons transmettre nos connaissances aux jeunes. La transmission est quelque chose que j’affectionne.
Quelle est la place que cette compétition occupe dans votre progression et votre carrière ?
Le Grand Tournoi a une place particulière. En tant que joueur, cela nous donne énormément d’expérience. C’est stressant mais cela permet de se développer humainement, même pour ceux qui ne comptent pas poursuivre à haut niveau. Ce sont quatre jours extraordinaires à pratiquer sa passion avec les copains. Au final, toute la saison, on n’attend que ça. Avoir cet événement en France est quelque chose de réellement incroyable car réunir plusieurs disciplines permet de voir du monde, de découvrir d’autres sports, de former les futurs cavaliers…
Quel a été votre entraînement pour le Grand Tournoi 2023 ?
Il y a des séances de cardio et un peu de plat orienté horse-ball avec des exercices de reculer ou de transitions par exemple en semaine. Le week-end, nous nous retrouvons pour des entraînements tous ensemble. Certains de mes coéquipiers restent à la fin des entraînements pour s’entraîner au shoot. Nous essayons de ne pas créer de pression supplémentaire par rapport au Grand Tournoi. Cela ne sert à rien de changer quelque chose qui fonctionne ! Nous avons fait le choix de garder la même équipe pour le championnat et la Coupe de France et ainsi tenter le doublé. Je n’ai qu’un seul cheval pour les deux circuits, donc il faut une bonne gestion de la fatigue et de la récupération, d’autant plus qu’à partir de février, les échéances s'enchaînent toutes les trois semaines. Après un match, il y a quelques jours de repos puis un retour au travail très léger pendant une semaine. Quand on a la chance d’avoir deux chevaux, on en profite, mais c’est déjà un sport qui coûte relativement cher donc ce n’est pas donné à tout le monde.
Un mot sur Amiros, le cheval qui vous accompagne ?
Amiros a été mis en route par Benoît, un cavalier qui jouait précédemment avec moi. Je l’ai récupéré en septembre dernier et nous avons directement accroché, alors que souvent en horse-ball, les couples mettent au moins un an pour s’accorder. J’ai l’impression que nous avons les mêmes envies sur le terrain. C’est un vrai guerrier, il va au contact - je suis même parfois obligé de le retenir - tout en restant très calme malgré ses neuf ans. Nous ne nous connaissons pas encore parfaitement bien mais cela va aller de mieux en mieux. Je le loue au moins jusqu’à la fin de l’année à Marc-Antoine Boullet, qui voulait au départ le vendre.
Quel bilan tirez-vous de votre Grand Tournoi 2023 ?
La demi-finale a été très compliquée, nous gagnons avec un but d’avance seulement. En finale, nous avons réussi à prendre de l’avance et à la mi-temps, nous menions de quatre buts, ce qui nous a permis de temporiser la seconde partie du match et assurer la victoire. Sur le coup, on ne réalise pas trop, mais c’est vraiment ouf. Tout le club est présent, les jeunes regardent… C’est incroyable.
Quel est votre meilleur souvenir lié au Grand Tournoi ?
Mon premier Grand Tournoi, lorsque mon père m’attendait pour partir alors qu’on n’était pas censé y aller. Ce souvenir est sûrement équivalent à celui de mon premier stage en équipe de France en 2009. C’était la première fois que mon nom ressortait sur la liste des 12 cavaliers présélectionnés en vue d’une échéance internationale. Le Grand Tournoi, ce sont vraiment des moments que l’on souhaite à tout le monde de pouvoir vivre. Débrouillez-vous pour y participer car cela vaut le coup, pour les enfants comme les parents. Faites tout pour venir, peu importe la catégorie. Il faut vivre cette aventure humaine qui est juste extraordinaire !
Une saison encore longue… Et souhaitons-le pleine de succès !
Désormais, Tom ambitionne de pouvoir réaliser avec son équipe HLB/Lille le doublé Coupe de France et championnat de France Pro Élite. Individuellement, le Nordiste espère participer aux championnats d’Europe en Italie en août prochain. “Si j’y participe, ce sera avec l’objectif d’aller chercher le titre et de prendre notre revanche face à l’Espagne, qui nous a battu en finale en 2017 et 2019 !”
Ses arguments pour inciter de jeunes cavalières et cavaliers à pratiquer le horse-ball…
“C’est super fun, une discipline où l’on va retrouver tout ce qu’on fait dans d’autres sports collectifs mais en plus, on est avec les chevaux. Cela amène cette joie d’avoir des copains, la création d’un binôme - le cheval - avec lequel on va tisser un lien, dont on va s’occuper, ce qui responsabilise. Quand on fait du horse-ball, on peut ensuite pratiquer n’importe quel sport équestre. C’est compétitif, très vivant, tout le monde est copain, il y a vraiment une cohésion avec le reste de l’équipe. Cela m’a ouvert des portes et permis de connaître énormément de monde. Si j’avais fait du foot, du basket ou même du saut d’obstacles, je n’aurais certainement pas eu la chance de pouvoir goûter à une sélection en équipe de France.”