

Mardi 11 février, l’actrice et réalisatrice française Alexandra Lamy est venue au Parc équestre fédéral, siège de la Fédération Française d’Équitation, pour vivre une séance de médiation avec les équidés. Une session à l’initiative de Carole Yvon-Galloux, chargée de mission Cheval & Diversité à la FFE, qu’elle a rencontrée dans le cadre d’un projet professionnel, et en présence de Catherine Mercier, Julien Hardorock et Renaud Demars. Largement convaincue des bienfaits des animaux sur l’être humain, qu’elle a déjà pu observer grâce à son fort engagement auprès de la Maison des Femmes, l’actrice a vécu un moment hors du temps en compagnie d’Ira. Entretien.
Vous venez de vivre une séance de médiation. Qu'avez-vous envie de nous partager de cette expérience avec le cheval ?
Le cheval est un animal impressionnant. Naturellement, c’est une proie, donc il reste vigilant et peut, comme les humains, avoir une réaction et un comportement brusque s’il est surpris. Il demande une approche qui doit être la plus douce possible. Je suis arrivée avec mon côté hyper énergique et puis je me suis rendue compte que plus je me rapprochais, plus mon rythme changeait. Ma façon de marcher est devenue plus calme et d'un coup, j’étais ailleurs. Quand je suis arrivée là, je me suis rendue compte que je n'avais plus tous les mots et que, justement, je ne voulais pas aller les chercher. Il n’y a pas à intellectualiser, ce sont des choses ressenties, émotionnelles, qu’on n'est pas obligé de formuler. Le moment où je suis à cheval et que je l’entoure de mes bras en lui faisant un câlin, c'est magique. C'est juste un laisser aller qui est agréable, exceptionnel. Sans selle, avec les jambes qui tombent complètement, je suis là et je ressens, je respire avec le cheval. Il y a une vraie connexion. C'était comme si on me laissait dans ma bulle. J'ai vécu un truc assez extraordinaire, et je suis très contente de l'avoir vécu.
C’est la jument Ira qui vous as accompagnée dans ce moment, comment s’est passée cette rencontre ?
Il y avait trois chevaux, dont Ira. Je me disais qu’elle était trop grande, que cela me faisait un peu peur. Je voulais m’orienter vers un autre, plus petit. Et puis, quand je suis allée vers elle, elle est venue à ma rencontre. Il s’est passé quelque chose d’inexplicable et j’ai senti qu'elle était avec moi. À la fin, elle avait compris qu'elle pouvait partir. Finalement, le moment où on s'est séparées, c'était très réciproque. C’est extraordinaire et c'est vrai qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce lien.
J’ai vécu un moment à la fois terrien et aérien. Je ne sais pas comment l’expliquer, c'est-à-dire que d'un coup je reviens à la terre et en même temps je suis un peu là-haut, comme ailleurs. C’est un mélange des deux, j’étais ancrée tout en me sentant légère. Ça ne fait pas peur et ça fait envie. J’ai envie de recommencer !
“L’animal crée quelque chose que l'homme ne peut pas créer”
Quel est votre lien avec les chevaux ?
Je viens de la campagne, donc j'adore les animaux ; je voulais être gardienne de chèvres quand j’étais plus jeune ! J’ai appris à monter à cheval, mais j’ai eu un traumatisme à l’adolescence : un cheval, rendu agressif par un professeur mal intentionné, qui a mordu une jeune fille au pansage. Cela m’a marquée et jusqu’à aujourd’hui, cela faisait longtemps que je n’étais pas montée. Une fois, lors d’un tournage pour Un gars, une fille, il y a eu une scène à cheval. J’avais déjà un peu peur des chevaux et tout ne s'était pas passé comme prévu… C’était des plans fixes, au bout d’un moment mon cheval s’est impatienté et est parti au galop ! Je me suis dit : “merde, pour une fois que je remonte, je me reprends un petit stress…”
Cet été, en Lozère, avec ma fille nous avons fait une balade au pas, mais quand Carole m’a proposé cette séance, cette nouvelle rencontre avec le cheval, et que je suis arrivée, j’ai ressenti beaucoup d'émotions. Cela m'a renvoyé à tout ce que j'aimais chez le cheval et à la frustration créée par ce traumatisme. C’était ma passion, mon loisir qui me faisait du bien, et d'un coup, il avait été associé à autre chose. Et d’un côté, je n'avais pas envie de ça ! C’est aussi pour cette raison que cela m'a fait tellement de bien.
Vous avez ainsi de nouveau associé le cheval à des émotions positives…
Quand je suis montée, que Carole m’a invitée à regarder au loin, pour voir le cheval, la nature et ainsi ouvrir le champ des possibles, il s’est passé quelque chose. Je me suis redressée et dit : “bon, allez, 20 ans plus tard, c'est comme si tu redémarres un truc”. Et je trouve ça chouette parce que j’aime les chevaux.
Quelle vision avez-vous de la médiation animale ?
Tout de suite, la présence de l’animal crée quelque chose que l'homme ne peut pas créer. Il y a directement une empathie, qui incite à se poser, ne pas crier… Aujourd'hui, la médiation avec les animaux est devenue courante, tant avec les chevaux que d’autres animaux comme le chien. Ils ont intégré les milieux de la justice, accompagnent les enfants mineurs victimes de violences, les victimes d’attentats, les malades dans les hôpitaux…
Par contre, il ne faut pas tomber dans l’utilisation des animaux. Il faut prendre conscience que cela reste d’abord des chevaux, des chiens… Ils sont formés dans le cas des chiens, choisis en fonction de leur caractère, il faut savoir les écouter quand ils nous disent qu’ils veulent se reposer.
Le 3 et 4 avril, la FFE organise un congrès fédéral intitulé "Le cheval au cœur des Hommes", pour lequel les inscriptions sont ouvertes. En fonction de vos disponibilités, vous envisagez de participer à cet événement. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Je trouve que cela repositionne l'Humain. Nous avons aussi à apprendre d'autres êtres vivants. Nous ne sommes pas les seuls maîtres de la Terre. Nous avons à apprendre des autres et d'autres êtres vivants ont aussi des choses à nous apporter. C’est aussi le cas de la nature, par exemple.
Par ailleurs, le nerf de la guerre, c'est l'argent. On a l'impression que certaines actions coûtent chères, mais il faut réussir à faire entendre que la prévention est moins coûteuse que le soin ! Dans le même temps, ce qui est rassurant, c’est que des personnes extraordinaires, des mécènes, sont prêts à s’investir et à aider.
Pour terminer, un petit mot sur votre découverte du Parc équestre fédéral ?
Je ne le connaissais pas, mais c'est magnifique. Nous étions tous très impressionnés en arrivant. Cela impressionne aussi par la taille !
Qui est Alexandra Lamy ?
Alexandra Lamy est une actrice et réalisatrice française née le 14 octobre 1971. Le grand public la découvre dans la série télévisée Un gars, une fille, avec Jean Dujardin. Elle compte près d’une cinquantaine d’apparitions dans des longs et courts métrages, ainsi qu’une vingtaine à la télévision. Elle joue également au théâtre. Elle est notamment la réalisatrice de Touchées, un téléfilm sorti en 2022, qui suit la reconstruction de trois femmes victimes de violences conjugales, qui se rencontrent pendant une thérapie de groupe basée sur l’escrime.