Retour sur le Congrès fédéral poney au Parc équestre fédéral
Près de cent cinquante dirigeants, enseignants et élèves enseignants ont été réunis les 23 et 24 novembre pour un congrès organisé par la Fédération Française d’Équitation (FFE) sur le thème du poney. L'occasion d'échanger autour de l'équitation à poney, de la pédagogie, des atouts du poney-club et des pratiques proposées. Retour sur les plénières, tables rondes et ateliers proposés, très appréciés par tous les participants.
Près de cent cinquante dirigeants, enseignants et élèves enseignants ont été réunis les 23 et 24 novembre pour un congrès organisé par la Fédération Française d’Équitation (FFE) sur le thème du poney. L'occasion d'échanger autour de l'équitation à poney, de la pédagogie, des atouts du poney-club et des pratiques proposées. Retour sur les plénières, tables rondes et ateliers proposés, très appréciés par tous les participants.
En préambule, le contexte actuel a été posé, permettant en partie d’expliquer l’évolution à la baisse, comparé à 2013, du nombre de licenciés âgés de moins de dix-huit ans : vieillissement de la population avec un nombre de naissances en baisse de 2,6% entre 2021 et 2022, baisse du nombre moyen de personnes dans les ménages (2,2 aujourd’hui contre 2,4 en 1999), un tiers des ménages seulement comptent trois personnes ou plus, tandis que le profil des parents évolue (les femmes ont des enfants plus tard, plus de familles homoparentales). Nous sommes également dans une période d’inflation avec une hausse du coût de la vie. Malgré cela, les parents cherchent à sécuriser les achats destinés à leurs enfants. Les thématiques positives pour les parents sont tout d’abord la scolarité (18%) puis l’épanouissement de l’enfant (16%), d’où l’importance d’impliquer les parents et de leur expliquer les activités équestres et leurs bienfaits pour donner du sens à l’activité de leur enfant. Le sport est une école de la vie, tout comme le poney, dont le lieu de vie permet aux plus jeunes de déconnecter des écrans et se reconnecter aux autres et à la nature.
L’outil Wooclap a rendu ce congrès fédéral interactif, permettant aux participants de partager leurs idées et faire ressortir des tendances grâce à des nuages de mots.
Le mot de Serge Lecomte, président de la FFE
“Le Congrès poney me rappelle beaucoup de souvenirs car la rénovation de l’équitation dans les années 80 est passée par le poney. Aux nouvelles générations de s’emparer du sujet et de continuer à faire progresser la pédagogie, qui est le cœur du sujet. Enseigner, éduquer, c’est donner sa bonne humeur, son temps, ses connaissances, sa passion mais aussi s’enrichir pour intéresser le public autour de nous et ainsi pouvoir le captiver.”
De nombreuses plénières et tables rondes
De nombreuses plénières et tables rondes
"Accompagner le développement émotionnel de l'enfant" avec Eva Cirefice, enseignante spécialisée en préparation mentale du cavalier, Audrey Poupardin, vice-présidente de la FFE en charge du poney et dirigeante du poney-club de Monteclin (91), Nathalie de Boisgrollier, consultante en parentalité positive, formatrice et autrice, et Laurence Cordier, formatrice en communication bienveillante et intelligence émotionnelle.
Nathalie de Boisgrollier a débuté par une présentation des émotions. Elle a mis en lumière que l’enfant a besoin de confiance et de sécurité pour développer ses compétences émotionnelles, d’où l’importance du cadre. À ce sujet, Audrey Poupardin a expliqué qu'il n’y a pas que lors d’une séance que l’on met en place un cadre sécurisé mais dès que les enfants arrivent dans la structure et tout au long de la préparation des poneys. Cela leur donne de l’autonomie et enlève des sources d’anxiété aux plus jeunes et leurs parents.
Le premier frein à la pratique de l’équitation est la peur. Eva Cirefice a appuyé sur le rôle de l’enseignant : montrer qu’on est à l’écoute, que les enfants peuvent faire part de leurs peurs et angoisses sans qu’ils ne soient jugés. Au moniteur de creuser quelle est la peur et d’adapter les séances en fonction de ce que partagent les enfants. Le cheval est un allié à la gestion des émotions. Le remettre au centre de la pratique peut aider en cas de peur du cavalier, tout comme redescendre pour travailler à pied afin de retrouver une connexion avec lui. Laurence Cordier a insisté sur le fait que ressentir toutes les émotions est acceptable mais pas tous les comportements ; l’enseignant à un rôle de modèle, les enfants apprenant par la modélisation.
Enfin, ont été abordés des outils pour faire face au blocage d’un enfant, finalement transposables à tous les âges : questionner l’enfant, lui permettre de laisser son émotion s’exprimer et l’aider à mettre des mots dessus, lui proposer un exercice qu’il va réussir pour le concentrer sur autre chose ou un contact avec son poney, utiliser la musique ou encore des jeux et exercices de respiration.
“Valoriser les connaissances sur le bien-être animal et les poneys dans son projet pédagogique” avec Caroline Godin, cavalière professionnelle, responsable des formations et d'écurie au Haras de la Cense, et Céline Scrittori, présidente du Comité Poney et dirigeante du poney-club de Sardieu (38).
Caroline Godin a ouvert sa présentation sur les définitions de la bientraitance, avec les cinq libertés (l’absence de faim et de soif, l’absence d’inconfort, l’absence de blessure ou de maladie, la liberté d’exprimer les comportements propres à l’espèce ainsi que l’absence de peur et d’anxiété) et du bien-être avec l’explication du budget-temps, des indicateurs de mal-être et le respect des besoins fondamentaux à travers les 3F (forage, freedom, friends).
Les échanges ont ensuite porté sur le rôle de l’enseignant d’information et d’éducation, qui a une place centrale de référent pour les cavaliers, garant du bien-être des équidés. La connaissance engendrant la compréhension et évitant ainsi les critiques, il est essentiel pour répondre aux interrogations du grand public, de plus en plus concerné par ce sujet, de disposer d’une bonne connaissance de la nature du cheval et d’utiliser un vocabulaire précis et adapté. En conclusion se former est essentiel car la connaissance est la clé pour vulgariser et l’enseignant est un interlocuteur privilégié pour expliquer notre pratique.
“La force de vente : fidéliser et recruter, vendre ses produits et services en adoptant la bonne posture professionnelle” avec Joaquim Gonzalez et Jean-Luc Vernon, vice-président de la FFE en charge de la vie fédérale.
Les six clés du succès ont été présentées :
- tous ambassadeurs (exemplarité, communication, contact, accueil),
- tous accueillants (sourire, communication, formation, motivation, bon parcours d’accueil pour donner la bonne réponse à la bonne personne),
- tous vendeurs (conseiller et présenter nos offres),
- tous au service,
- tous communicants,
- tous partageurs de l’expérience (réseaux sociaux).
Un livret est en cours de rédaction à ce sujet, envisagé comme un guide de l’accueil et de la vente à destination des enseignants.
“Du modèle du club Piou-Piou au poney-club de Trop-Top : capitaliser sur un modèle de poney-club adapté à la compréhension de l’enfant” avec Hélène Dablin, consultante Senior experte en marketing Enfants/Famille et Zoé Glévar, directrice communication de la FFE.
Zoé Glévar, responsable du service communication de la FFE, est revenue sur l’histoire de Trop Top et la création en début d’année du nouvel univers permettant l’accompagnement de la progression des enfants, tandis qu’Hélène Dablin a donné des pistes et des conseils pour que les clubs puissent faire du label Poney Club de France un attrait. Cette dernière est notamment revenue sur le fort pouvoir de prescription et de décision des enfants pour les produits qui les concernent,les activités extra-scolaires ou encore les équipements du foyer et sur le fait que l’adhérence des parents autour du projet éducatif est un gage de qualité ; il est donc essentiel de communiquer à ce sujet au sein des clubs. Les piliers d’une marque enfant ont été détaillés et rattachés au monde de l’équitation : une dénomination spécifique, une offre dédiée, une mascotte, des promotions et une communication unique et dédiée.
Pour illustrer cette mise en œuvre dans d’autres sports, le club Piou-Piou, mis en place par l’École du ski français, et le programme Galaxie Tennis, de la Fédération française de tennis, ont été présentés aux congressistes. L’occasion idéale pour souligner les nombreux liens possibles entre nos sports qui placent l'enfant et l'innovation pédagogique au centre des réflexions.
Réflexion commune autour du "poney-club de demain" animée par Audrey Poupardin et Jean-Luc Vernon.
Les participants ont pu exprimer comment ils imaginent le poney-club de demain, quels seront les atouts du poney dans l’apprentissage de l’enfant, quelles nouvelles compétences seront attendues pour le métier d’enseignant, quelle sera l’évolution du mode de pratique ou encore la part de la pratique à pied : pour eux, le poney-club de demain sera notamment éco-responsable, placera le bien-être des chevaux au centre avec une pratique orientée avant tout sur la relation avec le cheval, tandis que la majorité pense que 30% de la pratique se fera à pied.
Présentation des outils fédéraux et de la réédition des guides : “De l’enseignant au cavalier” et “108 fiches pédagogiques” avec Inès Ferté, ancienne présidente de la commission pédagogique du Poney-Club de France et dirigeante du poney-club d'Avançon (08), Zoé Glévar et Audrey Poupardin.
À noter qu’à l’issue de ces deux journées, tous les congressistes sont repartis avec la réédition des guides “De l’enseignant au cavalier” et “108 fiches pédagogiques”. Une occasion de rappeler l’importance des activités ludiques dans la pédagogie.
Trois ateliers appréciés par les participants
Trois ateliers appréciés par les participants
Jeudi après-midi, les participants ont été répartis en trois groupes pour participer à trois ateliers.
Équitation bienveillante et encourageante : pédagogie positive et utilisation de l’encouragement comme levier d’apprentissage
Cet atelier était animé par Charlotte Rabouan, dirigeante des Écuries d’Air Pur (49), formatrice en discipline positive et consultante marketing. Les participants ont réfléchi à ce qui pouvait freiner l’encouragement et comment y remédier. Les enseignants ont été encouragés à se rendre compte de la puissance de l’encouragement dans leur pédagogie.
L’enfant au poney-club : focus sur les bébés cavaliers
Céline Scrittori, présidente du Comité Poney et dirigeante du poney-club de Sardieu (38), a accompagné les participants à la découverte du fonctionnement des enfants de moins de trois ans et de la façon dont l’enseignant peut mener une séance auprès de ce type de public. La nécessité d’adapter son discours, de savoir accueillir et verbaliser les émotions des plus jeunes ou encore la création d’un lien de confiance avec les parents ont fait partie des sujets abordés. Des outils pour réaliser sa séance ont été présentés, tout comme les atouts de la musique. Céline Scrittori a conclu sur l’importance du bien-être de l’enseignant, prendre soin de soi et travailler sur ses émotions afin de créer un lien de qualité avec les bébés cavaliers.
L’enseignant, acteur principal de sa séance
Hélène Bourgoin, enseignante et experte fédérale en pédagogie a donné des pistes pour permettre à l’enseignant de rester disponible et de proposer une séance utile à ses cavaliers malgré une situation difficile. Les participants ont tout d’abord partagé ce qu’ils considéraient être les principales raisons créatrices de tensions pendant leur séance (gestion des parents, manque de respect des cavaliers envers le poney, etc.) puis ont échangé autour des différentes manières de les gérer (communication non violente, cultiver et entretenir une attitude positive, comprendre la puissance de son attitude, etc.) Elle a conclu sur l’importance pour l’enseignant de faire preuve d’exemplarité pour incarner le message qu’il veut faire passer.
Le prochain congrès fédéral se tiendra les 18 et 19 janvier 2023 à Avignon, dans le cadre de Cheval Passion, sur la thématique du spectacle équestre.