Le championnat de France comptait trois étapes, tenues sous le manège du Pôle hippique de Saint-Lô. L’absence des cavaliers sélectionnés pour les Jeux paralympiques, qui ont laissé à leurs montures une période de repos bien méritée, a permis à des couples en devenir de se mettre en avant.

Nouveauté cette année, c’est un championnat tous Grades confondus qui s’est tenu : “Mixer les Grades fait plus de sens sportivement avec plus de cavaliers qui se disputent le titre. En Amateur Élite, ils étaient six au départ et il y a donc eu un vrai match”, exprime Fanny Delaval, conseillère technique nationale en charge de la discipline, qui dresse un bilan positif de cette échéance nationale. “L’organisation était, comme d’habitude, excellente. C’est un beau concours convivial et nous avons passé un bon moment. Les retours des cavaliers sont positifs. Nous en avons profité pour effectuer de la détection en vue des masterclass de l’hiver. Nous avons vu des chevaux globalement intéressants et le staff a réalisé des entretiens avec les cavaliers et leurs entraîneurs privés.”

Du côté de l’Amateur Élite, Auxence Kerzerho, vainqueur les deux premiers jours sur les reprises imposées et deuxième de la Libre, s’est octroyé pour la deuxième année consécutive le titre de champion de France aux rênes d’Eros Baraire. “Je suis très heureux de cette victoire avec Eros, qui m’est confié par l’entreprise Fleur de Lavande. Nous avons bien évolué pendant les mois écoulés et je suis satisfait du chemin parcouru. Nous allons poursuivre le travail pour nous améliorer et continuer à apprendre. Pour la suite, nous verrons selon les stages fédéraux cet hiver pour construire un programme de concours internationaux au printemps prochain”, a confié le cavalier breton de vingt-deux ans.

Dans la seconde catégorie au programme, Marion Chaussonnerie a dominé de bout en bout, associée à Look O Look du Feuillard. Le duo remporte ainsi son premier titre national, seulement quelques mois après ses débuts communs en compétition.

Podium Amateur Élite

1. Auxence KERZERHO & EROS BARAIRE - 207.260
2. Mehdi NOUARA & FAIR PLAY Z - 204.086
3. Hortense JOSSERAND & ENJOY LIFE JCD - 197.741

Podium Amateur

1. Marion CHAUSSONNERIE & LOOK O LOOK DU FEUILLARD - 195.568
2. Vincent BRUNET & SWEET DE VIOLAINE - 191.047

• Les résultats complets

Si la date de l’édition 2024 a été avancée au calendrier, le championnat de France 2025 devrait retrouver sa date initiale, mi-novembre. Le format de Grades groupés sera conservé mais devrait être amené à évoluer, pour avoir dans les différents indices les couples en Grades I, II et III (rectangle de 20x40m, reprises au pas et trot) d’un côté et de l’autre les Grades IV et V (rectangle de 20x60m, reprises aux trois allures). 

Le 5 septembre dernier, Céline Gerny, trois Jeux paralympiques à son actif, a officialisé sa retraite sportive. Un mois tout pile après cette annonce, elle a été mise à l’honneur pour l’ensemble de sa carrière à l’occasion du championnat de France, se rendant spécialement à Saint-Lô pour l’occasion, tout comme ses coéquipiers Alexia Pittier et Vladimir Vinchon. L’émotion était palpable, des portraits au fusain de ses deux chevaux de cœur Ilico du Clotobie et Rhapsodie*IFCE réalisés par Astrid Ringot lui ont été offerts, ainsi qu’une plaque dédiée. Beaucoup d’émotions donc, ainsi qu’au moment de la lecture par Fanny Delaval de son discours : “Tu as décidé de mettre un terme à ta carrière sportive de haut niveau après 20 ans de présence en équipe de France sur les plus belles compétitions. [...] Tu auras été et tu resteras une athlète et une cavalière exceptionnelle. Toujours positive, souriante et de bonne humeur quoi qu’il arrive. Motivée, travailleuse acharnée, et malgré plusieurs embûches qui ont mis en difficulté ton parcours, tu as toujours appliqué notre devise commune à toutes les deux : NEVER GIVE UP. [...] Pour conclure, je souhaitais au nom de tous associer à cet hommage Eloise, ta solaire petite fille, et Geoffray, ton adorable compagnon, car ils ont merveilleusement bien réussi à s’intégrer dans notre collectif lors des déplacements en compétitions internationales. Alors oui, vous allez nous manquer, car du fond du cœur nous vous aimons.”

Retour sur la carrière de Céline Gerny

Originaire des Ardennes, Céline Gerny a découvert l’équitation à l’âge de 6 ans. En 2001, elle se fracture la colonne vertébrale en chutant de cheval. Paraplégique, elle décide de ne pas abandonner ses rêves et se remet en selle cinq mois après son accident. Le contact des chevaux l’aide à surmonter son handicap. En 2004, elle intègre l’équipe de France de dressage handisport, réussissant à mener de front sa passion et son métier d’institutrice.

Depuis, elle a remporté 4 médailles de bronze en championnats d’Europe en 5 participations - à Hagen (GER) en 2005 avec Jeudi d'Avril*Mili et  Kristiansand (NOR) en 2009 sur Ilico du Clotobie - et plusieurs titres de championne de France. Elle a participé à 3 éditions des Jeux paralympiques - Hong-Kong (HKG) en 2008 avec Jeudi d'Avril*Mili, Rio de Janeiro (BRA) en 2016 sur Flint et Tokyo (JAP) en 2021 avec Rhapsodie*IFCE - et 2 championnats du monde. Céline Gerny a pu compter sur le soutien de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) depuis 2018.

• Sa biographie complète

Les mots de Céline Gerny auprès de l’Association Handi Équi' Compet

“Je vis bien cette décision même si depuis l’âge de 11 ans, je fais de la compétition. J’ai eu la chance d’être accompagnée par une préparatrice mentale Anne Le Coniat au sein de l’IFCE. Depuis cinq ans, on a parlé de cette décision et travaillé sur la perspective de ce changement de vie. J’ai une maison et j’ai mes chevaux en retraite, Rhapsodie*IFCE et Ilico du Clotobie, avec moi. J’ai passé mon diplôme d'entraîneur et je vais accompagner des cavaliers sur l’optimisation de leurs performances en compétition. Des valides pour le moment, mais je vais me rapprocher de mon CRE Grand Est car je voudrais œuvrer pour ma discipline. J’ai envie de partager mon expérience et de créer une vraie dynamique de détection et d’accompagnement des cavaliers en para-dressage.

Je suis très fière de ma carrière. Le haut niveau, ce sont des hauts et des bas, comme une sorte de vague. La force de l’athlète, ce n’est pas de monter en haut de la vague. C’est d’avoir la force et l’exigence sur soi pour remonter quand tu es en bas. Dans ma carrière, je l’ai fait plusieurs fois et c’est de ça dont je suis fière : être au fond du trou mais trouver la force et l’énergie pour défendre mon projet et me resituer au meilleur niveau.

S’il n’y avait qu’un seul moment à retenir, ce serait ma médaille de bronze en 2009 aux championnats d’Europe à Kristiansand, en Norvège. C’était avec mon cheval, Ilico du Clotobie. [..] C’est un compagnon de vie exceptionnel pour moi. Le haut niveau m’a aidé à surmonter mon handicap et à lutter contre cette idée que handicap égal incapacité.

Concernant la suite, j’ai toujours mon poste de titulaire de professeur des écoles que je vais reprendre. Mais pour le moment, je travaille sur la rédaction d’un livre qui racontera mon parcours mais pas que… Une fois encore l’IFCE va m’accompagner dans ce rêve. Je vais pouvoir revivre tous ces moments, d’abord avec moi-même, et ensuite les partager. Ce livre va me permettre de voir toute la beauté de mon parcours. Et puis je vais pouvoir profiter de ma famille. Ma carrière leur a imposé beaucoup de contraintes. Ils m’ont suivi quatre ans à Saumur. Mon projet sportif a occupé toute ma vie. On a mangé Paris 2024, on a dormi Paris 2024, on a réfléchi Paris 2024... Maintenant, je veux vivre un peu plus pour ma famille.”

• L’interview complète