

Du 22 au 25 février, une trentaine de couples Poneys, Juniors et Jeunes cavaliers de concours complet a été convoquée pour le traditionnel stage de fin d’hiver au Parc équestre fédéral, à Lamotte-Beuvron. Une occasion d’aborder avec Michel Asseray, directeur technique national adjoint en charge de la discipline, et Yannick Hardy, entraîneur privé, l’importance du circuit Jeunes et des stages fédéraux dans la progression des couples et la formation des champions de demain.
Des Poneys aux Jeunes cavaliers
Trois catégories d’âge et un accompagnement de la fédération tout au long des années Jeunes
Pour progresser tout au long de leurs années Jeunes, les cavaliers évoluant en compétition peuvent compter sur trois catégories :
À chaque catégorie son championnat d’Europe, véritable objectif sportif, ses stages et ses épreuves nationales de la Tournée des As (TDA). “Ce sont des circuits identifiés pour les jeunes, où nous pouvons les accompagner pour les faire progresser. C’est un levier de performance car ce sont des terrains de haut niveau, des chefs de pistes réputés et où le staff fédéral est présent. Cela permet de poursuivre le lien avec les entraîneurs privés, il y a ainsi un suivi des couples tout au long de l’année”, explique Michel Asseray, directeur technique national adjoint en charge du complet.
Des regroupements fédéraux sont également programmés, notamment en sortie d’hiver, ce qui permet d’effectuer une revue des troupes. “C’est notre souhait de proposer des stages qui rassemblent les cavaliers Poneys, Juniors et Jeunes cavaliers de douze à vingt et un ans. Cela crée de l’échange entre eux et c’est très utile pour les entraîneurs également qui voient les jeunes progresser. On informe également les entraîneurs privés qui sont invités aux stages, car ce sont les devoirs à la maison qui sont importants. C’est essentiel pour leur transmettre les attendus en vue des championnats d’Europe”, poursuit Michel Asseray. “Je suis très heureux car il y a un vrai groupe France solide avec toutes les tranches d’âges qui vivent ensemble. Nous leur avons proposé des exercices de cohésion pour apprendre à se connaître. Il y a également des séances d’anglais, de préparation physique et mentale pour préparer au mieux nos futurs champions.”
Le Pôle France Relève à Saumur (49), une opportunité supplémentaire pour accéder au haut niveau
Ce dispositif regroupe les meilleurs jeunes de concours complet âgés de vingt-cinq ans et moins à Saumur et leur permet de se perfectionner et d’appréhender l’organisation d’une écurie de haut niveau en vue de leur passage dans la catégorie Senior. Le Pôle Relève est mis en œuvre par Philippe Müll, qui en est l’entraîneur, tandis que le staff fédéral du Pôle France FFE de complet Seniors intervient ponctuellement. La mise en œuvre d’un double projet scolaire est obligatoire pour pouvoir l’intégrer.
“J’identifie avec le staff fédéral les athlètes qui ont le potentiel d’intégrer le Pôle France Relève”, débute Michel Asseray. “Suit un échange avec les parents et les athlètes car cette entrée est conditionnée par un double projet scolaire et sportif. Selon une grille de performance, ils entrent généralement à dix-huit ans et passent alors leurs trois années Jeunes cavaliers à Saumur avec nous.”
Le Pôle France Relève a vu passer de nombreux champions, preuve que l’apport de cet accompagnement est incontestable, à l’instar d’Astier Nicolas, Maxime Livio, Sidney Dufresne, Alexis Goury, etc.
Le témoignage de Yannick Hardy, coach de Laurick Hardy et dirigeant du Club hippique le Centaure (26)
Laurick Hardy et Duncan’s Star comptent deux participations aux championnats d’Europe Poneys de concours complet, avec une médaille d’argent par équipes l’an passé au Mans. Le cavalier drômois, qui aura seize ans en fin d’année, vit sa dernière année à poney et effectue en parallèle sa transition à cheval aux rênes de Gold’n Try.
Quelle est l’importance des stages fédéraux pour les cavaliers ?
Ce stage est habituel à cette période de l’année. C’est une chance pour nous, entraîneurs, et nos élèves, que les trois catégories soient réunies. Cela permet de voir l’évolution de ceux qui sont passés à cheval et de ce qui est attendu dans le travail avec les autres entraîneurs. Cela donne aussi aux enfants l’envie de faire comme les Juniors, les Jeunes cavaliers puis les Seniors.
Être convoqués aux stages fédéraux est une reconnaissance et une véritable opportunité pour les cavaliers. Je pense qu’ils le perçoivent comme une récompense. Le tout premier stage peut chambouler les entraîneurs et les élèves en raison des attentes. Parfois, en tant qu’entraîneur, on met l’accent sur un élément plus qu’un autre, et les entraîneurs fédéraux viennent appuyer là où il faut. Très souvent, le staff a le même discours que l’entraîneur privé, ce qui est réconfortant pour tout le monde. Et si ce n’est pas le cas, cela est aussi bénéfique car on va se remettre en question.
Ces stages permettent d’ajuster l’entraînement à la maison. Par exemple, après la séance du jour, je me dis qu’on peut remplacer une séance de plat dans la semaine par une séance ludique sur les barres car le travail serait intéressant.
Au Parc équestre fédéral, nous sommes dans un super cadre, c’est le cas aussi quand il y a un regroupement à Saumur. Nous sommes bien reçus, sur des terrains de qualité. C’est une chance d’être là pour les cavaliers. Le fait que Michel Asseray, DTN de la discipline, vienne est un plus. Il a toujours un discours très positif, son côté dynamique et entraînant est communicatif.
Comment s’effectue la transition poney/cheval ?
Nous avons anticipé cette transition pour Laurick car il en a envie et qu’il a les capacités, donc nous l’avons encouragé. L’objectif est de terminer sa dernière année à poney, car cette opportunité ne se représentera pas, avant de se consacrer à 100% au cheval. Il monte son poney et son cheval à la maison, même si Duncan’s Star passe avant tout. Pour le dressage, cela ne va pas trop le changer, même si un cheval a plus de force. Là où c’est plus délicat, c’est l’amplitude et donc notamment le saut d’obstacles. Son poney a une amplitude de poney et son cheval, à l’opposé, possède une grande action. Il faut retravailler sur la visualisation. Nous prenons notre temps là-dessus afin que les choses se fassent en sécurité. Il se met tranquillement avec sur de petites épreuves de saut d’obstacles sans objectif particulier. Ils franchissent les étapes au fur et à mesure et nous essayons de reproduire ce qu’il a fait à poney. En effet, nous avons récupéré Duncan’s Star, qui a aujourd’hui quinze ans, quand il avait cinq ans afin que tous deux puissent former un super couple. Gold’n Try est un cheval que nous avons fait naître. Si l’année prochaine ils ne sont pas en Juniors, ce n’est pas grave, il faut faire les choses correctement.
En quoi le programme proposé - travail à cheval sur les trois tests, préparation physique et mentale, connaissances du cheval - permet de former les professionnels de demain ?
C’est intéressant car ils voient d’autres choses. En tant qu’enseignant, on leur touche un mot sur la préparation mentale et ils nous regardent avec de grands yeux. L’équitation est un sport, le cheval est un athlète et le cavalier doit avoir la tête sur les épaules, donc le mental est très important. Le fait qu’ils y touchent pendant le stage est une bonne chose, car tous n'auraient pas eu la démarche d’aller vers la préparation mentale. Concernant les autres activités proposées, mon fils est plutôt sportif donc il est volontaire et content d’en faire. C’est une bonne chose qu’ils soient sensibilisés au bien-être animal car c’est essentiel aujourd’hui. On a toujours eu cela en tête, en tant que professionnel on se remet en question et on évolue. Avant, je n’osais pas lâcher mon cheval de concours avec les autres pour éviter les blessures et aujourd'hui je vois les choses différemment, je n’hésite pas à les lâcher entre eux en respectant leurs affinités. C’est important d’alerter les plus jeunes. C’est un bon début et j’espère que cela ira encore plus loin.
Quelle vision avez-vous du circuit Jeunes ?
Je trouve qu’en complet, le circuit de la Tournée des As est très bien fait, avec le staff fédéral qui se déplace pour suivre les couples. Après chaque test, les cavaliers ont un débriefing. Les terrains sont toujours bons, les tours sont bien montés et adaptés, les combinaisons intéressantes. Laurick a participé à quelques épreuves chevaux et a pu côtoyer les meilleurs, les regarder monter. Le circuit Poney est bien pensé, le rythme d’une TDA par mois est très bien, même si cela nous fait faire des kilomètres, mais c’est le jeu ! Il faut que cela perdure.