La vérification des muserolles, une mesure harmonisée
À l’initiative de la commission bien-être animal de la FFE, le contrôle des muserolles sera standardisé lors des deux sessions Poneys et Clubs du Generali Open de France 2023. Un outil de mesure sera mis à la disposition des commissaires au paddock pour s’assurer de l’ajustement avant l’entrée en piste de tous les concurrents.
À l’initiative de la commission bien-être animal de la FFE, le contrôle des muserolles sera standardisé lors des deux sessions Poneys et Clubs du Generali Open de France 2023. Un outil de mesure sera mis à la disposition des commissaires au paddock pour s’assurer de l’ajustement avant l’entrée en piste de tous les concurrents.
Dans le guide fédéral des Galops®, il est indiqué que “la muserolle française (une des muserolles les plus courantes) doit être fermée sans serrer”. L’article 7.5 du règlement général des compétitions précise que “la muserolle est ajustée sans serrer, c’est-à-dire permettant le passage de deux doigts sur le côté entre la muserolle et le poney/cheval. Un serrage excessif est considéré comme un mauvais traitement et peut être éliminatoire.” Systématiquement vérifiées avant d’entrer en piste pour une compétition, une jauge standardisée sera utilisée lors du Generali Open de France 2023 - Poneys du 8 au 15 juillet et Clubs du 22 au 29 juillet. Cet outil permettra d’éviter toute confusion et sera mis à disposition de tous les commissaires de paddock sur la trentaine de terrains des championnats de France d’équitation.
Acquise auprès de la Fédération Suisse des Sports Equestres (FSSE), cette jauge standardisée permettra un contrôle objectif et pédagogique des muserolles avant l’entrée en piste de tous les concurrents lors des deux sessions, au même moment que le contrôle notamment des protections, des éperons et de la cravache. Cet outil assure un espacement d’au moins 1.5 cm entre la muserolle et la tête du cheval. En-deçà, il sera demandé aux compétiteurs de desserrer la muserolle.
Quelques informations concernant la muserolle…
Quelques informations concernant la muserolle…
Quel rôle a la muserolle ?
Si la muserolle apparaît dès l’Antiquité en Grèce, son rôle et sa présence évoluent aux cours de l’histoire. Aujourd’hui, les cavaliers et entraîneurs justifient son usage de plusieurs manières : des raisons techniques (maintenir le mors à la bonne place dans la bouche du cheval, améliorer le contact et faciliter la mise sur la main, rendre les demandes du cavaliers plus précises en améliorant la conduite ou en rendant plus efficaces les demandes, éviter au cheval de fuir la main de son cavalier) matérielles (attacher une martingale fixe, fixer le filet et limiter son arrachement) ou réglementaires.
Notons qu’en 2020, les raisons évoquées par les propriétaires, cavaliers et entraîneurs sollicités au cours d’une enquête pour justifier l’utilisation des muserolles ont été regroupées en trois grandes catégories : Anatomique (29,5%), Conséquentielle (30,6%), Passive (32,9%) et autres (7,0%). Parmi tous les répondants, la raison anatomique la plus souvent citée est d’empêcher la langue du cheval de passer par dessus le mors (20,8%), la raison conséquentielle la plus souvent citée est d’améliorer l’apparence du cheval (20,4%) et l’alignement sur les règles du sport (30,2%) étant la raison passive la plus fréquente.
Attention à ne pas trop la serrer !
On considère qu’une muserolle est trop serrée quand on peut difficilement passer un doigt entre celle-ci et la tête du cheval.
Plusieurs études scientifiques alertent sur les conséquences d’une muserolle trop serrée. La tête du cheval étant innervée par le nerf trijumeau, une compression importante de ce nerf ainsi que des muscles de la face peut avoir des conséquences physiques, physiologiques (fonctionnement de l’organisme) et comportementales.
En effet, une muserolle excessivement serrée peut infliger des blessures internes (langue, joues) et externes pouvant aller jusqu’à une déformation de l’os nasal. Elle peut également empêcher le cheval de mâcher son mors, voire de déglutir.
En 2012, McGreevy et al. montre qu’une hausse de la température au niveau de la tête (joue et contour de l'œil) est également comparable entre une muserolle serrée et une muserolle desserrée. Une hausse de cette température, notamment au niveau de l’angle interne des paupières, serait corrélée à la concentration en cortisol, hormone considérée comme indicateur de stress.
Enfin, des changements comportementaux ont été observés lorsque la muserolle était desserrée (étude réalisée à l’IFCE), notamment au regard de la qualité de la prestation avec des chevaux “moins enfermés au trot”, “plus en place place, décontractés” et avec qui “avancent plus confiants dans l’allongement”. A contrario, plus de comportements de défense, de résistances et de douleurs ou d’inconfort étaient observés lorsque la muserolle était serrée.
Le serrage excessif de la muserolle peut également avoir des conséquences sur le mouvement puisqu’une restriction de la mobilité de la tête et de la mâchoire, par le biais des fascia musculaires - chaînes musculaires qui relient les muscles les uns aux autres dans l’ensemble du corps - entraîne la restriction de la mobilité des membres (antérieurs et postérieurs).
Une webconférence de l’IFCE est disponible sur leur site internet et explique plus en détail les conséquences d’une muserolle mal ajustée.
Le mot de Déborah Bardou, présidente de la commission bien-être animal (BEA)
Le mot de Déborah Bardou, présidente de la commission bien-être animal (BEA)
“La question de savoir s’il est possible d’allier bien-être équin et compétition est régulièrement soulevée. Aux yeux de la commission BEA, plus qu’une possibilité, il s’agit d’une nécessité.
Pour y parvenir, les règlements sportifs sont actualisés à minima chaque année. Le serrage de la muserolle est ainsi encadré par les règlements sportifs de la FFE depuis plusieurs années maintenant : celui-ci doit permettre le passage de deux doigts sous la muserolle.
Pour autant, bien que les conséquences d’un serrage excessif de la muserolle soient désormais bien connues, une étude de 2016 (Doherty et al.) réalisée sur plus de 750 chevaux dans le cadre de compétitions nationales et internationales de plusieurs disciplines et dans plusieurs pays, montre que seulement 7% des muserolles sont ajustées selon les recommandations énoncées dans les règlements.
Afin d’aider les officiels de compétition à faire appliquer le règlement et à sensibiliser le plus grand nombre de cavaliers, nous avons donc souhaité équiper les commissaires au paddock du Generali Open de France d’un nouvel outil de mesure. En effet, l’épaisseur d’un doigt étant sujette à interprétation, l’outil permet une mesure standardisée de l’espace entre le chanfrein et la muserolle qui ne doit pas être inférieur à 1,5 cm (soit environ 2 doigts horizontaux). C’est cette même mesure qui est déjà utilisée par plusieurs autres fédérations nationales comme celles du Danemark, de la Nouvelle-Zélande ou encore de la Suisse. C’est également l’espace minimum recommandé par l’International Society for Equitation Science (ISES).
Cet outil permet, de manière simple, visuelle et objective, d'évaluer ce point de règlement : mieux équipés, les officiels de compétition disposent ainsi d’un argument neutre pour solliciter l’ajustement de la muserolle trop serrée d’un concurrent.
En procédant ainsi, la commission souhaite prévenir d'éventuelles dérives et faire de la pédagogie dès les premiers niveaux de compétition … car c’est parmi eux que se trouvent les athlètes de demain ! Ce test grandeur nature à lors des championnats de France d’équitation 2023 va nous permettre de voir si le dispositif est déployable à plus grande échelle.
La Commission souhaite par ailleurs pérenniser les opérations de sensibilisation lors des prochains championnats en mettant, pour chaque millésime, un nouveau thème à l’honneur.”
Pour rappel, la commission bien-être animal FFE, créée en 2021 sous l’impulsion du président de la FFE Serge Lecomte, est composée de :
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Déborah Bardou, présidente de la commission
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Frédéric Bouix, délégué général de la FFE
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Jean-Luc Vernon, vice-président de la FFE
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Sophie Dubourg, directrice technique nationale
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Anne Couroucé, vétérinaire et présidente de la commission vétérinaire FFE
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Hélène Roche, éthologue indépendante et experte fédérale “Équitation Éthologie Scientifique”
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Claire Neveux, éthologue indépendante
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Karine Judic, ancienne dirigeante et vice-présidente du CRE Pays de la Loire
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Julien Gonin, cavalier international de saut d’obstacles
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Célia Caffarelli, éleveuse, enseignante d'équitation spécialisée en éthologie et ostéopathe humain et équin
Références :
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https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/materiel/la-muserolle-choix-emploi-et-serrage
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Fenner K, Yoon S, White P, Starling M, McGreevy P (2016) The Effect of Noseband Tightening on Horses’ Behavior, Eye Temperature, and Cardiac Responses. PLoS ONE 11(5): e0154179. doi:10.1371/journal.pone.0154179
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Mc GREEVY P., WARREN-SMITH A. and GUISARD Y. (2012). The effect of double bridles and jaw-clamping crank nosebands on temperature of eyes and facial skin of horses. Journal of Veterinary Behavior : Clinical Applications and Research, 7(3), pages 142-148.