Concilier scolarité et pratique intensive de l’équitation dans un établissement labellisé “Sport Études” ou “Sport Études Excellence”
Il n’est pas toujours simple de concilier un cursus scolaire classique avec des ambitions sportives élevées et des déplacements en concours fréquents.
Il n’est pas toujours simple de concilier un cursus scolaire classique avec des ambitions sportives élevées et des déplacements en concours fréquents.
Pour les jeunes cavaliers souhaitant mener les deux de front, la Fédération Française d’Équitation (FFE) a créé deux labels, “Sport Études” et “Sport Études Excellence”, afin d’orienter les élèves vers des établissements équestres disposant de toutes les infrastructures nécessaires. Jean-Luc Vernon, vice-président de la FFE en charge de la vie fédérale, Virginie Martinot, dirigeante d’un sport-études et Léa Marin, membre de l’équipe de France Jeunes, ont évoqué ce système, son organisation et ses avantages.
Des labels FFE gage de qualité
Des labels FFE gage de qualité
On distingue deux labels pour les établissements équestres, qui bénéficient d’une charte FFE dédiée.
Le Label “Sport Études Excellence”, orienté vers le haut niveau
Ces établissements permettent aux jeunes cavaliers de la 4ème à la terminale d’allier le suivi d’une scolarité classique avec la pratique intensive de l’équitation et de la compétition, dans l’objectif de participer aux championnats des As et aux compétitions internationales. Si on le retrouve beaucoup pour le saut d’obstacles, ce label concerne également les disciplines du complet, dressage et voltige. 16 établissements sont labellisés partout en France et leurs élèves se réunissent tous les hivers au Parc équestre fédéral pour un stage avec le staff fédéral, clôturé par une compétition.
Le Label “Sport Études”
Ces établissements permettent aux jeunes cavaliers de la 6ème à la terminale d’allier le suivi d’une scolarité classique avec la pratique intensive de l’équitation et de la compétition dans l’objectif de participer aux championnats de France Club ou Poney. Ce label est proposé dans toutes les disciplines de l'équitation et 44 clubs en bénéficient actuellement.
Il tient à cœur à la FFE de soutenir le double cursus des cavaliers qui souhaitent mener de front études et compétitions, à travers la labellisation des structures équestres. “C’est intéressant à double titre”, commente Jean-Luc Vernon, vice-président de la FFE en charge de la vie fédérale. “Pour le label Excellence, il s’agit d’accompagner sur le plan sportif les cavaliers vers les compétitions et équipes Jeunes (Minimes, Cadets, Juniors, Enfants, Poneys, Jeunes cavaliers). Pour certains d’entre eux qui souhaitent en faire leur métier, les accompagner dans leur projet professionnel. Dans tous les cas, la recherche de la performance est un objectif, mais la réussite de leur scolarité reste une priorité. Le label “Sports Études” offre quant à lui une formidable opportunité aux enfants de pratiquer leur passion de façon intensive en suivant une scolarité adaptée. Là aussi, la réussite de la scolarité reste une priorité.”
Pour Virginie Martinot, dirigeante de la Team Merzé Compétition (71), établissement labellisé Sport Études Excellence depuis presque 10 ans, “c’est un gage de confiance. Sans ce label, peut-être que le lycée public n’aurait pas joué le jeu. A l’époque, Martin Denisot (DTN en charge des établissements labellisés) était venu rencontrer le proviseur. Le fait que la FFE nous ait labellisé a pérennisé la situation”. Son équipe entoure une quinzaine de lycéens au quotidien : “Je pense que c’est une formidable école de la vie, tout comme notre sport. Le sport-études rassure aussi les parents, car cela donne aux jeunes une bonne hygiène de vie et des objectifs.”
Des établissements accessibles à tous
“L’idée reçue qu’un sport-études est forcément élitiste est fausse”, assène le vice-président de la FFE. “On peut accueillir des cavaliers possédant le Galop 3, 4 ou 5. C’est une activité qui participe au bien-être des jeunes.”
À Cluny, Virginie Martinot accepte “des élèves qui ont l’ambition et les capacités, à terme, d’évoluer au minimum sur 1,25/1,30m en Amateur Élite. Il faut que les jeunes s’investissent pour atteindre leurs objectifs. Je me souviens d’une cavalière, même pas titulaire du Galop 7, qui a intégré la structure alors qu’elle concourait en Club 1. Un an et demi après, elle prenait part au championnat de France Juniors à 1,40m.” Preuve, s’il en fallait, que tous les cavaliers peuvent se lancer dans l’aventure, si cette dernière correspond à leurs ambitions sportives.
Progresser à cheval… et à l’école
Progresser à cheval… et à l’école
Les jeunes vivent en internat et la pratique quotidienne de l’équitation présente l’avantage de faire progresser rapidement les cavaliers, et de leur proposer un travail adapté. L’organisation des établissements labellisés permet également de concourir de manière très régulière en assurant un suivi scolaire. “Les élèves montent à cheval tous les jours. S’ils vont en compétition, il n’y a pas d’absences injustifiées puisque tous les lundis, je donne au lycée la liste des cavaliers en concours. L’avantage est que les écuries sont situées à cinq minutes à pied du lycée, donc il n’y a pas de perte de temps dans les transports. Comme les élèves ne finissent pas tous à la même heure, ils ne sont jamais plus de deux ou trois sur la carrière, donc le travail est très personnalisé”, détaille Virginie Martinot, ancienne membre de l’équipe de France Jeunes qui a évolué jusqu’à 1,50m et s’est désormais tournée vers une carrière de coach.
Le sport-études représente également une alternative pour les jeunes qui ne se sentent pas à leur place dans le milieu scolaire traditionnel. “Ce qui est intéressant, c’est que ce système favorise l'apprentissage. On note que la scolarité s’améliore en sport-études”, précise Jean-Luc Vernon. Ce que confirme Virginie Martinot, dont les élèves présentent 100% de réussite au bac depuis la création du sport-études et 50% de mentions : “Le lycée compte seulement 400 élèves, on est en communication quasiment permanente avec les professeurs. Si à quatre mois du BAC un élève présente un peu trop retard, la priorité restant les études, il n’ira pas en concours pour rattraper le niveau. Cela les motive à travailler.”
Ne pas se fermer de portes pour l’avenir
Ce fonctionnement offre l’avantage aux cavaliers de continuer à fréquenter un lycée classique, et d’un excellent niveau dans le cas de l’établissement de Virginie Martinot, qui compte par ailleurs une quinzaine de médailles obtenues en championnats nationaux par les élèves du sport-études depuis 10 ans. Pour elle, son rôle à travers sa structure équestre est d’“ouvrir des portes aux jeunes, et non d’en fermer. Post-bac, les élèves doivent être en capacité de faire ce qu’ils veulent. Certains arrivent à 15 ans en voulant faire des chevaux leur métier. Chez nous, ils voient tout, avec le côté élevage, jeunes chevaux, etc. Quand ils voient la dureté, ils disent qu’ils préfèrent bien gagner leur vie, faire des études et garder de bons chevaux pour le loisir. Après le BAC, certains choisissent donc leurs études en fonction de l’opportunité de continuer à pratiquer réellement. Le sport-études permet de poursuivre leur passion sans se fermer de portes. Nous sommes là pour qu’ils s’épanouissent et accèdent aux études qu’ils souhaitent.”
Le témoignage de Léa Marin
Le témoignage de Léa Marin
Membre de l’équipe de France Jeunes de saut d’obstacles, l’amazone a été élève en sport études pendant six ans au centre équestre la Jument Verte - Écuries Pierre Alain Mortier de Courlans (39), labellisé “Sport Études Excellence”
“C'était une super expérience, bénéfique pour évoluer en étant tous les jours à cheval. On allait à l’école le matin, puis on montait après les cours, selon l’heure à laquelle on finissait : dressage le lundi, gymnastique le mardi, saut d’obstacles le mercredi, trotting ou mise en selle le jeudi, puis selon le planning de concours on rentrait chez nous le week-end. C’était un internat et on dormait aux écuries. On pouvait voir nos chevaux avant d’aller à l’école, c’était chouette ! On a juste à s’occuper de nous et de nos chevaux. Tout est fait pour que cela se passe au mieux, sans stress par rapport à l’organisation et la gestion de l’aspect scolaire. À l’école, on était très bien encadré et il y avait beaucoup d’entraide. Je n’aurais pas pu accomplir la même chose sans intégrer un sport études. Je recommande ce système, je ne regrette pas mon choix. Mais si on décide d’y aller, il faut être motivé ; le rythme est intense et on est loin de sa famille. Je remercie Pierre-Alain qui nous a toujours accompagnés dans ce cursus.”
Chaque établissement gère ses inscriptions et les dates de clôture. À quelques semaines d’une nouvelle rentrée scolaire, les élèves intéressés peuvent entrer en contact avec les structures qui les intéressent en vue d’une intégration en septembre 2022.
Une activité supplémentaire pour les clubs
Une activité supplémentaire pour les clubs
La FFE propose un projet sportif pour tous, à travers l’organisation du Generali Open de France Poney et Club : à chaque niveau son championnat et son projet sportif. Pour les centres équestres, le sport-études peut représenter une activité annexe. “Cela demande certes un investissement en temps, mais amène des cavaliers qui prendront des cours tous les jours, potentiellement de nouvelles pensions s’ils sont propriétaires, etc”, précise Jean-Luc Vernon.
Des évolutions à venir
Le développement du nombre d’établissements labellisés ces dernières années est limité, pour plusieurs raisons. Certains centres équestres ne disposent pas de toutes les installations nécessaires, comme un internat ou un lycée, ce qui est un frein. “L’un des freins qui va être prochainement levé concerne la scolarité, grâce à une plateforme de e-learning : les élèves pourront être regroupés pour des cours par niveau en visioconférence avec des professeurs”, conclut le vice-président de la FFE.
Pour les établissements équestres intéressés par une labellisation, toutes les informations sont disponibles sur le site FFE.com.