Dernière ligne droite pour la première promotion de “Médiateur équin” FFE
La FFE a ouvert en 2020 une formation qualifiante “Médiateur équin” et la première promotion a été évaluée les 13 et 14 décembre au Parc équestre fédéral (41), avant d’être définitivement diplômée en mars 2022. Marianne, puéricultrice, et Anne-Sophie, psychologue libérale, ont évoqué avec passion leur expérience et les enseignements tirés.
La FFE a ouvert en 2020 une formation qualifiante “Médiateur équin” et la première promotion a été évaluée les 13 et 14 décembre au Parc équestre fédéral (41), avant d’être définitivement diplômée en mars 2022. Marianne, puéricultrice, et Anne-Sophie, psychologue libérale, ont évoqué avec passion leur expérience et les enseignements tirés.
Les premières certifications liées à la formation “Médiateur équin” se sont déroulées les 13 et 14 décembre au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41). Les 12 stagiaires de la première promotion de cette nouvelle formation diplômante - mise en place en 2020 par la Fédération française d’équitation (FFE), déjà organisatrice depuis 2019 de plusieurs journées d’échange et sessions de formation à l’initiation à la méditation avec les équidés (MAE) - ont passé la première partie de leurs examens finaux. Après 16 mois de formation visant à professionnaliser, spécialiser et renforcer les compétences de ces professionnels issus de secteurs divers - soit un cursus de 546 heures, dont 140 heures de stage - ils seront définitivement diplômés en mars prochain, à la suite de la soutenance de leur mémoire. “Cette formation a pour objectif la reconnaissance d’un champ d’activités à part entière, aux confins du monde sportif et de celui de la santé. Avec une formation personnalisée en fonction du secteur d’appartenance, cette qualification fédérale se veut structurante pour le secteur - bénéficiant de l’expertise et de l’expérience de la FFE dans la formation et la professionnalisation de l’encadrement des activités équestres - et devrait rapidement être une référence pour les pouvoirs publics”, rappelle Carole Yvon-Galloux, chargée de mission Cheval et diversité à la FFE.
Au programme pour cet ultime jour de formation, la certification de trois blocs de compétences : partenariat avec les équidés - sur la base de cas cliniques, inspirés de situations individuelles réelles, et tirés au sort le jour de l’évaluation -, conduite de projet en MAE et accompagnement individualisé en MAE. Véronique Chérubin Venancio, instructrice et experte fédérale pour l’équitation adaptée, et Richard Haudoire, infirmier libéral spécialisé en thérapie avec le cheval, ont fait partie du jury : “Nous sommes très contents d’avoir pu entendre une grande variété de personnalités et de métiers autour de la MAE. Cela a donné lieu à des échanges très pertinents entre professionnels. Nous sommes satisfaits de ce que nous avons vu, et certifier ces personnes nous enrichit dans notre activité. Des jeux de rôles ont été mis en place avec des intervenants professionnels, qui ont incarné les patients selon des caractéristiques prédéfinies. Ainsi, nous avons pu évaluer avec justesse les capacités et difficultés des candidats. Cette formation permet une ouverture sur tout ce qu’on peut mettre en place autour de la médiation et de l’accompagnement individualisé à chaque situation de handicap, ou d'autres problématiques. Et le contenu des séances est complet.”
“La légitimité de la FFE est indiscutable”, Marianne Biagioli
“La légitimité de la FFE est indiscutable”, Marianne Biagioli
Pouvez-vous nous expliquer la situation tirée au sort pendant l’évaluation et ce que vous avez décidé de mettre en place pour y répondre ?
Une petite fille nommée Lilou, huit ans, vient pour une cinquième séance d’équithérapie. Sa maman a des difficultés pour gérer ses crises de colère ; à la maison, elle est très colérique voire tyrannique, ne joue pas seule dans sa chambre, s’agite beaucoup et devient agressive avec sa petite sœur d’un an. J’avais comme information qu’elle a déjà fait du portage - une activité de motricité avec un petit parcours -, de l’observation au pré, du pansage et une activité de relaxation. J’ai observé qu’elle a des difficultés à se concentrer, besoin d’être rassurée, et un probable trouble de l’attachement car elle s’attache toujours au même poney à chaque séance. J’ai donc choisi de la faire travailler sur tout ce qui était sensoriel, en fabriquant une cabane des sens, et d’aller y jouer : toucher le poney de manière fine et délicate, puis plus appuyée, pour voir l’effet sur le poney et sur elle, d’expérimenter en ouvrant et fermant les yeux, travailler sur l’odeur, marcher à côté du cheval et la sensation que l’on peut avoir. Pour finir, il y a eu un temps de détente sur le poney, où elle a pris le temps de sentir son odeur et ce que cela pouvait lui renvoyer. J’avais comme idée de lui faire parler de ses émotions, et elle a déjà pu évoquer des choses, qui sont des pistes de travail pour la suite.
Quid de la conduite de projet et l’accompagnement individualisé en MAE ?
J’ai parlé d’un petit garçon de huit ans, qui a des troubles autistiques sans diagnostic posé, difficile dans un groupe d’enfants du même âge. C’est une situation que j’ai rencontrée en stage. Il était pris en charge lors de l’atelier d’équithérapie à l’hôpital de Montfavet (84). J’ai rendu un dossier de 15 pages sur la démarche de soin, et j’ai présenté aujourd'hui l'analyse que j’ai effectuée, la grille d’observation mise en place, ce que j’ai noté pendant les séances et vers quelles potentielles pistes de travail s'orienter .
Quel est votre ressenti sur la formation “Médiateur équin” ?
J’ai emmagasiné un nombre de connaissances impressionnant. Il y a eu un juste équilibre entre la théorie et la pratique. Nous avons aussi travaillé sur nous-mêmes, afin de mieux comprendre nos émotions pour pouvoir gérer celles des autres. Avec les chevaux, même si certains de nous avions déjà pratiqué l’éthologie, nous sommes allés plus loin en faisant le lien avec la médiation. Aujourd’hui, mon regard sur les chevaux n’est plus le même et ma relation avec mon cheval a aussi évolué. Nous apprenons à analyser ce que le cheval nous renvoie et à ajuster notre comportement. Au-delà, j’ai aussi fait le lien avec mon métier de puéricultrice ; prendre soin d’un cheval, c’est comme prendre soin d’un enfant, dans la façon de s’adresser à lui, les intentions, la façon de le recadrer. Je me dis que je vais prendre soin d’enfants, avec des chevaux, et que la communication sera facilitée car il y a cette même longueur d’onde.
Pourquoi avoir fait le choix de la formation FFE ?
C’était une évidence. Pour moi, la FFE a une image nationale et sa légitimité est indiscutable. À l’évidence, je recommande cette formation, car il y a 35 intervenants experts. Nous sommes très bien accompagnés par nos référents, que ce soit dans le cadre pédagogique ou administratif. Toutes les interventions ont été intéressantes : introspection et travail sur soi avec Gaëlle Lasnon ou Walter Badet, Guillaume Antoine pour l’équicoaching, Toni Capoulade est très à l'écoute en éthologie, etc.
Dans quel cadre professionnel souhaitez-vous mettre en œuvre ces nouvelles connaissances ?
Je travaille en PMI - protection maternelle et infantile - et je suis au contact d’enfants placés. L’idée du département des Alpes-Maritimes, qui me soutient dans ce projet, est de pouvoir proposer aux enfants confiés à l'ASE - aide sociale à l’enfance - d'être orientés si besoin par les médecins vers une équipe et moi. Je souhaite pouvoir les accompagner. Aujourd'hui, quand les enfants sont dirigés vers des structures qui ne dépendent pas du département, il n’y a pas de suivi. Ils vont faire de l’équitation adaptée, mais nous n’avons pas de retour. Tout ce qui est mis en place doit le rester, il faut juste un meilleur suivi. De mon côté, je souhaite proposer des ateliers spécifiques destinés aux femmes victimes de violences, aux enfants de moins de trois ans, et une troisième demi-journée sur un autre thème selon ce que le département choisira de prioriser.
“L’idée n’est pas de nous formater mais de révéler nos potentiels”, Anne-Sophie Vrignaud
“L’idée n’est pas de nous formater mais de révéler nos potentiels”, Anne-Sophie Vrignaud
Pouvez-vous nous expliquer la situation tirée au sort pendant l’évaluation et ce que vous avez décidé de mettre en place pour y répondre ?
Sophia, dix ans, a été diagnostiquée d’un trouble du spectre autistiqueil y a un an. Ses parents et l’équipe d’accompagnement déjà en place ont sollicité un médiateur équin pour proposer un accompagnement complémentaire. D’emblée, je me suis dit que j’avais affaire à une petite fille avec certainement beaucoup d’insécurité dans son rapport aux autres. Nous étions censées être à la sixième séance, et elle avait réussi la fois précédente à être au contact du cheval par le biais du pansage. Dans la continuité, j’ai débuté par un temps de pansage. Elle avait exprimé l’envie d’aller plus loin en apprenant à curer les sabots. Je l’ai accompagnée dans la sécurité pour aller dans le sens d’un apprentissage positif et valorisant. J’ai ensuite proposé du travail à pied dans un espace clos, pour pouvoir apprendre à marcher à côté du poney en sécurité et pouvoir faire des petits éléments ludiques de slalom, par exemple.
Quels enseignements avez-vous tirés de cette formation ?
Je retiens un enrichissement important, comme sur la connaissance des différents handicaps, notamment moteurs ou en lien avec des maladies neuro-dégénératives, qui m’étaient inconnus. Grâce aux experts rencontrés, je suis plus apte désormais à comprendre ces patients, et à imaginer des propositions d’accompagnement en MAE pertinentes. J’ai aussi développé une meilleure connaissance du cheval, ses besoins, son bien-être, et sur la manière de le faire travailler à des fins de médiation, qu’il soit à la fois en confiance et plein de bonnes dispositions pour travailler en partenariat avec moi et avec les patients. Je suis cavalière depuis ma jeunesse, j’ai un Galop 6 en dressage, mais j’ai pu approfondir mes connaissances en éthologie et me mettre plus en confiance dans l’abord du cheval à pied.
Pourquoi avez-vous décidé de vous former en tant que médiateur équin ?
Cela a été un choix pour diversifier mes propositions d’accompagnement. En tant que psychologue libérale, je suis amenée à accueillir des patients dans le cadre “conventionnel” d’un cabinet. Il me manquait des outils d’intervention, plus axés sur la dimension sensorielle et corporelle. Je suis beaucoup sollicitée pour l’accompagnement de patients aux troubles anxio-dépressifs, qui ont du mal à vivre l’instant présent. Le cheval est dans l’instant présent et amène les patients à pouvoir s’autoriser la nécessité d’être ancré dans son corps, ses ressentis et le présent. Pour certains, il s'agit d’un apprentissage ou d’un réapprentissage. J’utilise la MAE comme prise de conscience mais aussi comme une thérapie expérientielle. Le cheval permet de vivre des expériences, et non pas uniquement d’en parler. Certains patients viennent me voir car ils savent que je fais de la MAE, et me disent qu’ils ne seraient jamais venus consulter un psychologue qui pratique de manière classique. Pour d’autres, je fais la proposition pour quelques séances, car je sens que cela peut être une plus-value pour avancer, favoriser le changement ou lever des blocages.
Comment expliquez-vous le choix de la FFE pour cela ?
Je me suis renseignée sur les autres organismes de formation, qui ne correspondaient pas totalement à mes attentes en termes d’expertise, notamment sur les problématiques des patients. Dans le programme de la formation FFE figurent les noms d’experts renommés, en matière d’autisme ou d’autres problématiques, engagés dans des démarches de recherche. Ce gage de sérieux m’a plu. C’est une formation que je recommande par sa diversité et son sérieux. Elle nous prépare à avoir un regard très ouvert, à la fois sur les problématiques des patients et les modalités possibles de pratique. Dans cette première promotion, nous avons tous des profils variés. L’idée de cette formation n’est pas de nous formater, mais de révéler nos potentiels ; le fait qu’il n’y ait pas de moule préétabli est intéressant. Plusieurs registres nous sont proposés et, à l’intérieur de cela, nous construisons notre identité professionnelle.
Une formation diplômante, deux mentions spécifiques
Une formation diplômante, deux mentions spécifiques
Cette formation qualifiante de Médiateur équin se décline autour de quatre modules communs à tous les professionnels : le cadre réglementaire et professionnel, l’équitation éthologique, le développement personnel et le renforcement des compétences psychosociales, ainsi que la conduite de projets.
Viennent ensuite deux mentions spécifiques. La première, “activité équestre”, est dédiée aux professionnels enseignants d’équitation, et met en avant les connaissances et l’accompagnement individualisé des publics spécifiques, ainsi qu’un approfondissement des activités équestres en MAE. La seconde, “équithérapie et hippothérapie”, à destination des professionnels sanitaires, sociaux et médico-sociaux, met l’accent sur les connaissances et pratiques avec les équidés, ainsi que l’équithérapie et l’hippothérapie.
Une deuxième promotion composée de 12 stagiaires a, d’ores-et-déjà, été lancée par la FFE en mars 2021. Ces derniers, issus du monde équestre, sanitaire, médico-social et social - ce qui reflète le positionnement de référence dont bénéficie la FFE et l'offre de formation qu’elle propose - seront diplômés en juin 2022.