Retour sur les premières Journées culturelles de la FFE
La Fédération Française d’Équitation a organisé, les 11 et 12 avril 2024 au Parc équestre fédéral (41), la première édition des Journées culturelles. Ces dernières ont été organisées sous forme d’un colloque retraçant les origines de l’équitation et replaçant le cheval, véritable trait d’union avec la nature, comme un acteur permanent du changement social.
La Fédération Française d’Équitation a organisé, les 11 et 12 avril 2024 au Parc équestre fédéral (41), la première édition des Journées culturelles. Ces dernières ont été organisées sous forme d’un colloque retraçant les origines de l’équitation et replaçant le cheval, véritable trait d’union avec la nature, comme un acteur permanent du changement social.
Les premières Journées culturelles ont été organisées, sous l’impulsion du président de la Fédération Française d’Équitation (FFE) Serge Lecomte, par la commission Culture et Patrimoine de la FFE au Parc équestre fédéral, qui fête ses trente ans cette année. Une centaine de personnes ont fait le déplacement, dont les correspondants régionaux chargés de la culture et du patrimoine.
“Une des missions de la FFE est d'œuvrer pour le développement des activités équestres et de la pratique de l'équitation. Nous nous sommes rendus compte que notre histoire a tendance à disparaître des discours des porteurs du développement de l’équitation. Or, le public ne vient pas dans les clubs que pour pratiquer et monter à cheval, mais aussi pour écouter des histoires, apprendre d'où vient cette attirance pour le cheval. Notre souhait est donc d’apporter au milieu équestre, enseignants et cavaliers, un supplément d’informations nécessaire afin de mieux pratiquer et partager notre passion. Nous vous invitons à profiter de cette occasion pour saisir la substance de ces deux jours pour porter tout cela en région et en faire profiter le plus grand nombre”, a déclaré en préambule Serge Lecomte, remerciant également les membres de la commission Culture et Patrimoine, présidée par Pascal Marry et composée d’Inès Ferté, Guillaume Henry, François Emery, Bernard Sauvage de Saint Marc, Philippe Molès, Alain Francqueville et Thierry Pierson, pour leur implication dans l’organisation de l’événement. “Nous remercions également tous les intervenants, c’est avec plaisir que nous vous avons écouté, et à tous ceux qui ont contribué à ces journées.”
Le mot de Pascal Marry, président de la commission Culture et Patrimoine :
“Nous sommes très contents d’être là. À la suite de la rédaction du livre du centenaire de la FFE, Serge Lecomte a souhaité poursuivre cette aventure à travers la création d’une commission fédérale chargée de la culture et du patrimoine. Notre première idée partagée est que l'histoire est la voie royale vers la culture, nos racines, aux connaissances et aux traditions. La mise en place de ces journées culturelles, avec des intervenants reconnus, est un événement important pour tous nous réunir. Nous remercions le président pour son implication personnelle et sa confiance.”
Le cheval, un acteur permanent du changement social
Le cheval, un acteur permanent du changement social
“Il n'y a pas de bonne équitation sans médiation avec les équidés, et inversement. La médiation n’est pas un champ réservé, c’est universel à toutes nos démarches d’hommes et de femmes de cheval, de rencontre avec les animaux et d’enseignement de l’équitation”, a affirmé Serge Lecomte, président de la FFE.
La relation homme/cheval et le bien-être animal ont été au cœur des échanges le vendredi matin, encadrés par Vérène Chevalier, maîtresse de conférence. Cette dernière est revenue sur la naissance de la cause animale et la singularité de la relation au cheval. En complément, Fabien Carrié, maître de conférences en science politique, a abordé la place du cheval et de l’équitation dans les premiers développements de la cause animale, tandis que Bernadette Lizet, anthropologue, s'est exprimée sur la confrontation culturelle de l’équitation en Bretagne au vingtième siècle.
Hélène Roche, éthologue et médiatrice scientifique en éthologie équine, autrice, a évoqué le cheval de Przewalski, un lien vivant entre passé et avenir. Une présentation qui est revenue sur sa découverte, sa capture menant à sa disparition puis sa réintroduction et sa sauvegarde, qui interroge le concept d’animal "sauvage". À travers l’exemple de l’association Takh, elle a démontré l’intérêt du cheval de Przewalski pour la sensibilisation à la protection de la nature - espèce porte-drapeau grâce à la côte sympathie du cheval - son importance dans la sensibilisation à l'évolution des sciences, l’amélioration apportée dans notre compréhension des chevaux mais également le fait que le cheval de Przewalski nous permet de repenser notre place parmi les vivants grâce au concept d’agentivité (c’est-à-dire de faire face aux humains sans intention).
La médiation dans le monde d’aujourd’hui, les enjeux, trouver la bonne distance était la thématique abordée par Jérôme Michalon, chargé de recherches au CNRS. Il est revenu sur la définition de la médiation animale, à savoir la mise en relation d'un animal vivant et d'un humain en souffrance et/ou en situation de handicap, en vue d'un bénéfice pour ce dernier, majoritairement effectuée avec des chiens et des chevaux, ainsi que son historique : la montée en thérapie depuis les années 1960, le passage d’un registre technique au registre relationnel, une identité professionnelle désormais en dehors de l’équitation, faire du cheval "plus qu'une monture". La médiation équine est dans le sillage des "nouvelles cultures équestres" comme le sont d’autres pratiques (éthologie, chuchoteurs) qui promeuvent des rapports plus doux et naturels avec le cheval. Il a conclu en abordant la médiation comme une manière de valoriser une relation de soin aux animaux, en la rendant utile aux humains, sans pour autant transformer les chevaux en animaux de compagnie.
L’occasion pour Carole Yvon-Galloux, chargée de missions Cheval et Diversité, de rappeler l’engagement de la fédération depuis 2017 sur cinq piliers de la médiation avec les équidés.
Enfin, la dernière présentation a été celle du Professeur Jean-Luc Cadoré, qui a questionné la place du cheval dans notre société actuelle, étayée par ses expériences et observations en tant que vétérinaire. Il a évoqué l’évolution du regard des gens sur le cheval en tant que soigné, tout en insistant sur la nécessité de s'occuper du bien-être et de la bien-traitance. Il a montré les changements d'appréhension - cheval collaborateur, producteur, compagnon - et les évolutions des dernières années avec l’essor de l’éthologie, de l’anthropologie et de la sociologie. “Entre vénération et passion, raison et passion, il faut que la place de chacun soit respectée”, a-t-il conclu. “Un cheval doit rester un cheval”.
Tous ces échanges se sont déroulés en présence de Philippe Emmanuel, député de la 10e circonscription des Yvelines et récemment nommé président du groupe d’études Cheval à l’Assemblée nationale, qui a ainsi effectué sa première visite officielle au Parc équestre fédéral : “Cette relation entre la FFE, le monde du cheval et la représentation nationale est importante. Comme démontré lors de cette matinée, hommes et chevaux partagent une histoire et un destin liés. Députés et sénateurs doivent le comprendre pour faire évoluer la législation et que ce monde puisse continuer à se développer. Le travail que nous avons fait ensemble commence à porter ses fruits, comme le retour d’un taux de TVA réduit à 5.5% qui a redonné, après la crise sanitaire et une période d’inflation compliquée, un peu d’air à notre monde équestre. J’ai l’impression que la FFE est dynamique, innovante et ose introspecter l’ensemble des sujets. C’est une qualité que l’on trouve chez peu de fédération.”
Les origines de l’équitation
Les origines de l’équitation
La matinée du jeudi a été dédiée à la découverte des usages du cheval. La présentation de Bruno David, paléontologue et biologiste, avait pour titre “À cheval entre "Nature" et "Culture", une histoire singulière”, tandis que Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement, a développé la domestication du cheval par rapport à celle des autres animaux.
Cette thématique de la domestication et de ses origines a fait l’objet de débats lors de l’après-midi, menés par Guillaume Henry, écrivain et conférencier. Sont intervenus :
- Valérie Feruglio, préhistorienne indépendante : Le cheval vécu et imaginé aux temps préhistoriques.
- Alan Outram, professeur de sciences archéologiques à l’université d’Exeter (UK) : Les preuves archéologiques et zooarchéologiques de la domestication et de l'équitation précoces des chevaux dans les steppes d'Asie centrale et d'Europe de l'Est.
- Ludovic Orlando, directeur de recherches au CNRS : La conquête du cheval, un voyage génétique à travers le temps.
Pascal Marry et Guillaume Henry ont abordé les marqueurs des évolutions des façons de monter à cheval, repères sur les débuts de l’éperonnerie, embouchures, éperons, étriers. À noter que du matériel - brides, mors, éperons, etc. - de collection était exposé lors de ces deux jours, tout comme des maquettes et reproductions de chars. Une librairie éphémère a été mise en place, ainsi qu’un chemin de douze photos de reproductions du cheval dans l’art.
La journée s’est poursuivie par des échanges autour des différents usages du cheval à travers le temps et l’espace, encadrés par Bernadette Lizet. Se sont exprimés :
- Corinne Delhay, maîtresse de conférences émérite en linguistique française : Que peuvent nous apprendre l'origine des termes du vocabulaire de l’équitation sur la place du cheval dans la culture indo-européenne ?
- Guillaume Henry : Le cheval et la guerre.
- Franck David, entraîneur de dressage : L’évolution des attelages et des harnais dans l’antiquité. Études expérimentales.
- Sébastien Lepetz, directeur de recherches au CNRS : Archéozoologie du cheval. Des formes et des usages en Gaule protohistorique et romaine.
- Carole Ferret, ethnologue : Élevage et usages des chevaux en Asie intérieure.
Convivialité et médailles d’honneur
Convivialité et médailles d’honneur
À l’occasion de la soirée du jeudi 11 avril, le président de la FFE Serge Lecomte, accompagné du délégué général Frédéric Bouix, a remis la médaille d’honneur de la FFE à quatre personnalités particulièrement impliquées à différents titres dans le développement de l’équitation et de la fédération :
- Pascal Marry,
- Alain Francqueville,
- Guillaume Henry,
- Danielle Lambert.
La soirée s’est poursuivie en toute convivialité autour d’un dîner animé par un conteur solognot.
Les intervenants de cette playlist :
- Serge Lecomte
- Pascal Marry
- Bruno David
- Valérie Chansignaud
- Ludovic Orlando
- Guillaume Henry
- Franck David
- Sébastien Lepetz
- Carole Ferret
- Vérène Chevalier
- Bernadette Lizet
- Hélène Roche
- Fabien Carrié
- Jean-Luc Cadoré
- Jérôme Michalon
- Corinne Delhay
- Sébastien Ennouni