Première journée paralympique le 8 octobre 2022
À moins de deux ans des Jeux paralympiques de Paris 2024, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, l’État, le Comité paralympique et sportif français (CPSF) ainsi que la Ville de Paris organisent le samedi 8 octobre à Paris, place de la Bastille, la première Journée paralympique. L’occasion d’évoquer avec Fanny Delaval, Conseillère technique nationale en charge du para-dressage, cette discipline et sa place au sein du mouvement paralympique.
À moins de deux ans des Jeux paralympiques de Paris 2024, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, l’État, le Comité paralympique et sportif français (CPSF) ainsi que la Ville de Paris organisent le samedi 8 octobre à Paris, place de la Bastille, la première Journée paralympique. L’occasion d’évoquer avec Fanny Delaval, Conseillère technique nationale en charge du para-dressage, cette discipline et sa place au sein du mouvement paralympique.
Le para-dressage en quelques mots
Le para-dressage en quelques mots
Le para-dressage est exactement la même chose que la discipline du dressage, avec deux reprises imposées et une libre à exécuter, à la différence qu’elle est pratiquée par des cavaliers en situation de handicap moteur ou visuel.
Cinq catégories, appelées grades, existent. Pour les Grades I, II et III, les cavaliers ont des handicaps assez importants, et de ce fait, ont besoin d’être aidés pour entraîner et préparer leur cheval, mais aussi pendant les compétitions pour s’assurer que leurs chevaux sont détendus et prêts avant qu’ils ne les montent. Ils s’appuient donc sur un “school rider”, une aide à la fois technique et sécuritaire.
La Fédération œuvre pour que l’équitation soit accessible à tous et que chacun puisse développer son propre projet sportif. Le para équitation est l’un des piliers de la médiation équine, domaine dans lequel la FFE s’investit depuis de nombreuses années à travers, notamment, la création d’un service dédié Cheval et Diversité.
- Grade 1
Cavaliers dont le handicap concerne les 4 membres et le tronc de manière significative. Ils utilisent généralement un fauteuil roulant dans la vie courante. - Grade 2
Cavaliers dont le handicap affecte sévèrement la station assise ou plus légèrement le tronc et les 4 membres. Ils utilisent généralement un fauteuil roulant dans la vie courante. - Grade 3
Les cavaliers ont un équilibre assis correct mais soit un handicap concernant le membre supérieur et inférieur ainsi que le tronc soit un handicap important des deux membres inférieurs. - Grade 4
Le handicap concerne les membres supérieurs ou, de manière moins significative, les 4 membres. Ils possèdent une bonne capacité à diriger leur cheval. Les cavaliers aveugles et les cavaliers de petite taille concourent également dans cette catégorie. - Grade 5
Le handicap concerne un déficit d’amplitude articulaire ou de force musculaire sur un ou deux membres. Les cavaliers malvoyants concourent également dans cette catégorie.
Le para-dressage est inscrit au programme des Jeux paralympiques, véritable moment sportif et humain fédérateur entre athlètes et nations, depuis ceux d’Atlanta en 1996.
Échange avec Fanny Delaval : “Le paralympisme doit avoir la même place que l’olympisme.”
Échange avec Fanny Delaval : “Le paralympisme doit avoir la même place que l’olympisme.”
Quelle est l’implication de la Fédération Française d’Équitation pour la discipline ?
Il y a une vraie politique volontariste et nous sommes assez en avance sur le développement du para-équestre au sein de la fédération. Quand nous présentons notre programme de travail et d’évolution aux autres acteurs du mouvement paralympique, nous sommes très souvent félicités et valorisés par rapport à ce que nous faisons. En comparaison avec d’autres fédérations qui sont parfois un peu frileuses concernant les disciplines paralympiques, la FFE n’a pas hésité à s’intégrer dans cette dynamique et à proposer le même statut pour les athlètes de haut niveau, les mêmes aides et le même accompagnement afin que chacun puisse s’épanouir dans la pratique de l’équitation.
Quel est l’esprit au sein de l’équipe de France de para-dressage ?
C’est important pour nous de travailler sur le collectif. Certes, cela reste une compétition individuelle, mais lors des grandes échéances - championnats d’Europe, du monde et Jeux paralympiques - nous avons aussi des épreuves par équipes. Il est nécessaire d’avoir une vraie cohésion entre tous les acteurs - cavaliers, leurs entraîneurs, staff fédéral, etc. Nous avons vraiment à cœur que nos athlètes soient rassurés et en confiance.
Quelle est la place du para-dressage au sein du mouvement paralympique ?
Le para-dressage a comme particularité, comme l’ensemble des sports équestres, d’associer un athlète humain et un autre athlète vivant qu’est le cheval. C’est vraiment quelque chose de singulier et la performance est parfois plus complexe à cerner que celle d’un athlète humain seul, même s’il utilise du matériel ou est soumis à des conditions extérieures comme la météo. Nous essayons de montrer que cette synérgie avec le cheval permet le dépassement de soi mais aussi de faire passer des valeurs spécifiques au sein du milieu paralympique. Très souvent, nous sommes questionnés et observés. Le para-équestre et le para-dressage disposent d’une jolie place et de l’estime au sein du mouvement paralympique.
Comment souhaitez-vous voir évoluer la discipline ?
Le para-dressage est une des disciplines qui peut être pratiquée par les cavaliers en situation de handicap. Toutes les disciplines sont accessibles ou nous faisons en sorte qu’elles le deviennent. Ce qui est plus compliqué, c’est de mettre en place une offre de compétition pour chacune, car nous sommes encore sur des niches et le nombre de pratiquants n’est pas encore suffisant pour organiser des compétitions nationales à grande envergure. Nous avons aussi une volonté d’inclusion, en faisant en sorte que les cavaliers en situation de handicap puissent intégrer avec équité les compétitions valides dans toutes les disciplines. La suite, dans quelques années, serait par exemple de développer des classements “bis” pour que leurs performances soient valorisées.
En tant que CTN, quel lien avez-vous avec les autres disciplines paralympiques ?
Il y a un temps de rapprochement important lors de la préparation des Jeux paralympiques. En amont de cet événement, il y a un regroupement où tous les responsables des différentes disciplines se voient. Nous échangeons, faisons davantage connaissance, et confrontons nos idées, nos points de vue et nos stratégies de développement. Il y a une synergie et je pense que le Comité paralympique et sportif français (CPSF) est un organe très important qui permet de réunir l’ensemble des fédérations délégataires, nous permet d’avoir davantage de relations et d’échanges pour progresser tous ensemble.
Avez-vous une anecdote à partager à propos des derniers Jeux paralympiques à Tokyo ?
Ils se sont tenus en pleine crise sanitaire et il y a eu un cas positif de Covid dans notre vol avec la délégation française. Nous sommes restés bloqués plus de 8 heures à l'aéroport, ce qui a permis de faire la connaissance de tout le monde. Mais Céline Gerny, membre de l’équipe de France de para-dressage, était “cas contact” et n’avait donc plus accès aux transports pour se rendre sur le site de compétition, à quarante minutes de route du village des athlètes. Jean Minier, chef de mission pour la délégation paralympique, m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution que de conduire moi-même Céline dans une voiture. C’est un pays où on roule à gauche, le volant est à droite et l’ensemble des systèmes de la voiture est écrit en japonais... Nous sommes parties toutes les deux à l’aventure et c’est une image qu’on n’oubliera jamais, entre se repérer, comprendre la conduite, Céline qui s’est retrouvée à faire la signalisation… Je suis arrivée épuisée, Céline était morte de rire et s’est amusée à raconter à tout le monde la conduite infernale. Heureusement, cela s’est arrêté le soir même car elle a été de nouveau autorisée à prendre les transports !
D’une manière générale, en para-dressage, et notamment aux Jeux paralympiques, il y a une très bonne entente entre l’ensemble des nations et des cavaliers. Quand les médailles ont été distribuées, tout le monde les a célébrées. Il n’y a plus de pays, c’est l’amitié des cavaliers, entraîneurs et chefs d’équipe entre eux. C’est une belle dynamique et un exemple à montrer.
Quelle est l’ambition de l’équipe de France de para-dressage pour Paris 2024 ?
L’objectif est vraiment, comme disent les athlètes, de “monter sur la boîte” et de décrocher au moins une médaille. Nous ambitionnons d'atteindre le podium, donc nous travaillons avec rigueur depuis plusieurs années pour y parvenir. Nous franchissons des caps petit à petit, mais nous n’y sommes pas encore puisque nous n’avons pas obtenu de médaille aux championnats du monde de Herning cet été.
À l’occasion de la journée paralympique, avez-vous un message particulier à faire passer ?
Le paralympisme doit avoir la même place que l’olympisme. Le fait qu’il n’y ait plus qu’une équipe de France est quelque chose de fondamental. Comme dans l’esprit de l’organisation, il ne faut jamais oublier que les Jeux olympiques et paralympiques sont associés et couplés, même s’ils sont légèrement décalés pour des raisons logistiques.
Je pense que cette journée va permettre au grand public de découvrir l’excellence de la pratique paralympique, et comment ces athlètes sont étonnants, épatants et terriblement attachants. Le 8 octobre, même si nous ne pouvons pas de manière concrète faire des démonstrations de para-dressage car c’est un événement au cœur de Paris, nous aurons l’occasion de véhiculer des images et faire connaître la discipline au plus grand nombre. Il faut que lors des Jeux de Paris 2024, les stades paralympiques soient entièrement remplis tous les jours comme en 2012 à Londres. Ce serait le plus beau des cadeaux pour le para-dressage et le mouvement paralympique dans son ensemble.