Focus sur le suivi des cavaliers et des chevaux en vue de Paris 2024
À l’occasion d’Equita Lyon, où de nombreux couples de la liste “À cheval pour Paris” étaient engagés en saut d’obstacles et en dressage, le suivi longitudinal des cavaliers et chevaux par les différents membres du staff fédéral s’est accentué. Éric Favory, François-Xavier Ferrey, Richard Ouvrard, Alexis Moreau et David Germain nous ont présenté leur rôle en vue des Jeux olympiques de Paris, qui s’ouvriront dans moins de 260 jours. Un seul objectif : performer à domicile !
À l’occasion d’Equita Lyon, où de nombreux couples de la liste “À cheval pour Paris” étaient engagés en saut d’obstacles et en dressage, le suivi longitudinal des cavaliers et chevaux par les différents membres du staff fédéral s’est accentué. Éric Favory, François-Xavier Ferrey, Richard Ouvrard, Alexis Moreau et David Germain nous ont présenté leur rôle en vue des Jeux olympiques de Paris, qui s’ouvriront dans moins de 260 jours. Un seul objectif : performer à domicile !
Equita Lyon a permis à l’ensemble du staff technique d’observer en situation de compétition les cavaliers et leur entourage. Un seul objectif : optimiser la performance des athlètes tant cavaliers que chevaux, pour que tous arrivent dans le meilleur état de forme à Versailles, pour les épreuves équestres des Jeux olympiques. La liste de couples ciblés sera réduite au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’événement pour investir un maximum de moyens sur les cavaliers sélectionnables, et surtout, médaillables.
Le mot de Sophie Dubourg, directrice technique nationale
“Le but est de prendre en considération la singularité de chaque athlète, tant les chevaux que les cavaliers, pour améliorer tout ce qui peut l’être ainsi que les points forts de chacun. On est sur des couples très performants, qui excellent à haut niveau et ont eu une belle saison sportive. En vue des Jeux, il faut prévenir d’éventuelles petites blessures mais aussi apprendre à mieux nous connaître. On est aussi là pour aider les cavaliers à mettre en place, dans leur écosystème, un temps pour eux. Une évaluation, un accompagnement mental, cela ne signifie pas que l’on ne va pas bien mais que l’on recherche tous les leviers de la performance pour essayer de reproduire ce qui nous rend compétitif. Tout cela va aller crescendo au fur et à mesure qu’on s’approche de la date de la sélection et du stage final de préparation, avant de s’aventurer dans les jardins du château de Versailles en juillet 2024.”
Un suivi pour les cavaliers…
Un suivi pour les cavaliers…
Tout d’abord, les cavaliers ont eu une séance avec le binôme Éric Favory, médecin fédéral, et François-Xavier Ferrey, masseur-kinésithérapeute du sport et des équipes de France olympique. Présents pour la préparation de chaque grand championnat, tous deux le sont néanmoins encore plus à l’approche des Jeux. Éric Favory effectue une évaluation à 360° de chaque cavalier afin d’occulter aucune petite alerte de santé qui pourrait compromettre la performance : “Notre rôle est d’aider les cavaliers à optimiser leur état de forme sur l’année en vue de l’échéance majeure. Dans cet objectif-là, nous réalisons un suivi perannuel individualisé lors de regroupements définis pour effectuer des bilans. Cela permet de déclencher le cas échéant des soins extérieurs, des actions de prévention ou de préparation physique/mentale, lancer des investigations médicales complémentaires. Il est également important que chacun d’entre eux dispose de ressources de proximité, avec lequel nous sommes en contact. Si à la fin, on sera les seuls présents avec eux à Paris, il ne s’agit pas d’occulter mais au contraire d’associer tout ce maillage qui entoure chaque cavalier et de le valoriser.”
Dans le même temps, François-Xavier Ferrey évalue les besoins des cavaliers pour jalonner l’année de rendez-vous : “Mon rôle est aussi d’être disponible pour réaliser des actes de prévention, de récupération ou de soins sur les événements si cela s’avère nécessaire. L’hiver est une période charnière et va permettre de mettre en place un travail de sensibilisation et de préparation au travers de leur réseau propre car, dès début 2024, cela va être intense, avec une pression dûe à la sélection et l’approche des Jeux.”
Pour les deux praticiens, tous deux au sein du staff fédéral depuis de nombreuses années, devenir des visages familiers pour les cavaliers est essentiel afin d’être le moins perturbant possible. “Plus on banalise le contact auprès des cavaliers, au plus près d’eux on peut être et ainsi maximiser notre efficacité”, résument-ils.
Les cavaliers de saut d’obstacles ont également échangé longuement avec Richard Ouvrard, coach notamment d'entraîneurs et de sportifs de haut niveau : “Mon approche regroupe de la préparation mentale et du coaching, je m'intéresse à toutes les interactions et tous les niveaux d'influence. J’accompagne les cavaliers pour créer les meilleures conditions de performance en partant d’une exploration sur leur fonctionnement propre au niveau moteur, relationnel, émotionnel, mental. J’explore aussi leur contexte de vie personnelle et professionnelle, les paramètres qui influencent ou freinent la performance, pour favoriser l’épanouissement selon leur profil. On ne peut pas cerner tous les paramètres, mais il est important qu’ils se connaissent le mieux possible, pour pouvoir s’exprimer dans leur singularité. L’idée est aussi de travailler avec le staff et de les accompagner individuellement et collectivement, ainsi qu’avec les grooms qui ont un rôle important dans la performance du cheval et du cavalier.”
Enfin, Alexis Moreau, podologue et posturologue, intervient pour corriger auprès des cavaliers des petits problèmes d’aplombs, comme sur les chevaux : “Je m’occupe de la santé biomécanique de nos cavaliers. J’analyse leur contrôle de l’équilibre pour avoir des valeurs objectives concernant la façon dont ils pilotent leur propre corps. Cela est intéressant de savoir s’ils seraient susceptibles d’avoir des difficultés prévisibles à cheval en raison d’une dysfonction. Je regarde la posture du cavalier en fonction d’un profil moteur préétabli, s’il est à l’aise avec sa motricité dans l’action, avec une vigilance accrue quand une faute est commise : est-ce en lien avec sa propre posture à lui ? L’hypothèse est qu’un cavalier peut transmettre une résistance ou une difficulté à son cheval, induite par une difficulté sur son corps, qu’il en ait conscience ou pas. Un corps parfait n’existe pas mais notre intérêt est d’essayer de faire en sorte que celui des cavaliers soit le plus fonctionnel possible afin de performer.”
… et leurs chevaux !
… et leurs chevaux !
Indissociables de la performance de leurs pilotes, les chevaux sont eux aussi accompagnés par un staff qui leur est dédié. Une place prépondérante est accordée au suivi par les vétérinaires fédéraux, en liens étroits avec les vétérinaires traitants, de chaque cheval. En saut d’obstacles, Nicolas Belin, ostéopathe équin, intervient également en collaboration avec Jérôme Thévenot, vétérinaire fédéral, et les grooms. En complément, David Germain, maréchal-ferrant des équipes de France olympiques, est présent lors de chaque compétition majeure ainsi que sur le chemin de la sélection, avec des rendez-vous fixés jusqu’aux Jeux. À Lyon, il a pu voir toute l’équipe de dressage ainsi que certains chevaux de saut d’obstacles, et effectué un point avec le vétérinaire. Investi en amont lors de la préparation, il l’est également lors des championnats : “À partir du moment où le cheval quitte son box et jusqu’à son retour, je le suis avec mes outils. Les grooms ont aussi avec eux une paire de fers de rechange si besoin. Je dois être apte à intervenir en moins de deux minutes. Par exemple, à Milan, Dorai d’Aiguilly*GL events, la jument d’Olivier Perreau, a déferré à la détente sur le dernier saut avant d’entrer en piste. En zone neutre, je peux ainsi lui remettre son fer rapidement avant son tour.”
Un suivi en étroite collaboration avec le maréchal-ferrant traitant
“La ferrure peut aider les articulations qui sont mises à contribution avec les compétitions, il y a évidemment un suivi mis en place avec les maréchaux et vétérinaires traitants pour la faire évoluer si nécessaire. Mais il y a une règle : tant que le cheval est performant, il n’y a rien à changer !” La réussite à haut niveau résulte de la bonne entente entre le cavalier, son maréchal et son vétérinaire, une véritable équipe !
Une sensibilisation aux temps de ferrure
David Germain en profite également pour “expliquer qu’il faut bien respecter les temps de ferrure et ne pas concourir en fin de ferrage. Cela peut exposer à de petites lésions qui vont créer des pathologies et retarder la préparation olympique. Ce sont des petits détails qui feront qu’on arrivera à Paris avec l’équipe que l’on veut et à son meilleur état de forme. C’est quelque chose de très ancré en complet notamment, car c’est très important pour les boulets.”
La gestion des chevaux déferrés
“Il y a de plus en plus de chevaux déferrés. On pourrait en avoir plusieurs dans l’équipe de saut d’obstacles à Paris. Le jour J, il faut arriver à un moment du parage où le cheval est le plus à l’aise et le moins sensible possible. C'est une gestion à faire avec les cavaliers qui connaissent très bien les chevaux. En 2023, 70% des Coupes des nations se sont déroulées sur herbe. Les chevaux pieds nus, comme c’est le cas dans les écuries de Simon Delestre, Kevin Staut et Julien Epaillard, sont alors équipés de fers en plastique. C’est une protection plus légère qu’un fer en aluminium, la bonne transition entre le pied nu et ferré. Cela donne alors la possibilité de mettre des crampons et courir sur herbe, ce qu’on fait Simon et Julien à Milan.”
Objectiver l’invisible avec des données
Objectiver l’invisible avec des données
Le travail entamé avec la data en saut d’obstacles et en dressage s’est poursuivi lors d’Equita Lyon. Cette mission d’accompagnement à la performance en tant qu’analyste incombe à Alexis Moreau : “À l’INSEP, où j’ai obtenu mon diplôme, était évoqué l'objectivation de l’invisible, c’est-à-dire mettre devant nos yeux ce qui ne se dit pas ou ne se voit pas. C’est ce que je garde toujours en tête. La data est surtout une valeur objective pour soutenir l’expérience émotionnelle riche du cavalier et qui est leur habitude.”
En saut d’obstacles, Alexis Moreau est en lien avec Sophie Dubourg et Henk Nooren. Il réalise l'analyse des fautes mais également des sans-faute, ce qui permet ensuite à Henk Nooren de travailler avec les cavaliers pour essayer d’impacter ces fautes qui pourraient être systémiques. Le sélectionneur national collecte toutes les informations et évalue grâce à son expérience les éléments sur lesquels il est possible d’agir ou non, avant d’effectuer une restitution aux cavaliers. “Je remercie d’ailleurs Kevin Staut pour sa contribution car, sans lui, je pense que l’outil ne serait pas allé aussi loin. Il recherche le détail pour performer et cela booste pour se dépasser et aller trouver l’information qui ne se voit pas.”
En dressage, le suivi de la notation des figures donne des éléments sur lesquels réfléchir : la perception qu’ont les juges des figures, la cohérence selon les différents points de vue, l’émergence de signaux de la performance ou de la non-performance.
La sollicitation pour ces outils d’analyse, co-construits avec les cavaliers et le staff, est en train de se construire : “Equita était la première expérience de terrain, qui permet de fluidifier le fonctionnement du staff avec les cavaliers mais également notre fonctionnement interne. Cela nous a servi de laboratoire afin d’être opérationnel pour Paris.”
Un dossier complet présentant l'ensemble du dispositif “À cheval pour Paris” sera publié prochainement par la FFE.