Euro 2023 : Les Bleus montent sur le podium provisoire après le cross
Ce samedi 12 août, c’était le jour tant attendu du cross aux championnats d’Europe de concours complet, au Haras national du Pin (61) ! Comme annoncé, le parcours dessiné par Pierre Le Goupil s’est avéré exigeant avec un terrain lourd et collant. Ce test de fond a tenu toute ses promesses et rebattu les cartes en individuel comme par équipes ! Les six couples tricolores ont achevé l’épreuve et, portée par son public, la France est montée sur la troisième marche du podium provisoire en étant la seule nation avec la Suisse à voir ses quatre équipiers rentrer sans aucune faute aux obstacles.
Ce samedi 12 août, c’était le jour tant attendu du cross aux championnats d’Europe de concours complet, au Haras national du Pin (61) ! Comme annoncé, le parcours dessiné par Pierre Le Goupil s’est avéré exigeant avec un terrain lourd et collant. Ce test de fond a tenu toute ses promesses et rebattu les cartes en individuel comme par équipes ! Les six couples tricolores ont achevé l’épreuve et, portée par son public, la France est montée sur la troisième marche du podium provisoire en étant la seule nation avec la Suisse à voir ses quatre équipiers rentrer sans aucune faute aux obstacles.
Le soleil est revenu au Haras national du Pin et le top départ du cross, épreuve phare de ces championnats d’Europe, a été décalé de deux heures afin de permettre au sol, gorgé d’eau, de sécher. Afin d’assurer la sécurité des 56 couples au départ et leur permettre de rentrer dans les meilleures conditions possibles, le parcours a été raccourci et les obstacles 12 à 16 supprimés. Pierre Le Goupil, chef de piste normand et qui officiera aux Jeux de Paris 2024, a donc proposé un tour long de 4730 mètres, avec 24 obstacles à franchir pour un temps optimal de 8min18.
La France troisième, à 0.2 point de l’Allemagne
Le cross est l’une des forces des Bleus, et ils l’ont montré ! Pour leur premier grand championnat, Stéphane Landois et Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs (propriété de la S.C.E.A. Écurie du Cerisier Bleu, liste À cheval pour Paris) ont eu la lourde tâche s’élancer en premiers pour l’équipe de France – l’ordre de départ sur le cross étant le même que pour le dressage. Sur un terrain vallonné et lourd similaire à celui de Chatsworth (GBR) où il s’est imposé par équipes et en individuel cette saison, le couple a réalisé un très bon parcours, assurant le sans-faute sur les obstacles et remplissant à merveille son rôle d’ouvreur. Avec 22 secondes de temps dépassé, tous deux ont effectué une belle opération en n’ajoutant que 8.8 pénalités à leur compteur (40.6 – 4e au provisoire) et apportant de précieuses informations à leurs coéquipiers.
Karim Laghouag et Triton Fontaine (propriété de Philippe Lemoine, Guy Bessat, S.A.R.L. Écurie Karim Laghouag et Camille Laffite, liste À cheval pour Paris) ont fait parler leur expérience ! Le cavalier a effectué une démonstration en négociant parfaitement les tournants les plus délicats afin d’économiser au maximum son partenaire, qui lui avait offert le bronze par équipes aux Jeux de Tokyo en 2021. Tous deux, deuxièmes du CCI 5* de Pau (64) en fin de saison dernière, ont achevé leur tour sans-faute aux obstacles avec 16.4 pénalités pour temps dépassé, de quoi ravir le complétiste installé à Nogent-le-Rotrou (28) qui a levé le point sur l’ultime obstacle.
Du métier, Nicolas Touzaint et Absolut Gold*HDC (propriété du Haras des Coudrettes, liste À cheval pour Paris) en ont également, eux qui ont été de tous les grands championnats depuis 2019 ! Et quelle prestation du duo, de l’équipe olympique médaillé de bronze au Japon, qui ont fait preuve d’une grande motivation tout au long des 4730 mètres. Absolut Gold*HDC, a répondu présent à toutes les sollicitations de son pilote, sacré champion d’Europe en individuel en 2003 et 2007. Avec seulement 28 secondes de retard à l’arrivée, les champions de France en titre ont consolidé la place de la France sur le podium provisoire (43.3, 9e rang provisoire en individuel)
Gaspard Maksud et Zaragoza (propriété de Jane Young et Martin Thurlow, liste À cheval pour Paris), derniers équipiers au départ, connaissent bien cette typologie de terrain puisque le cavalier, originaire de Laval (53), est basé en Grande-Bretagne depuis de nombreuses années. Le choix de Thierry Touzaint, sélectionneur national, de les faire s’élancer en fin d’épreuve, avec un terrain qui s’est dégradé au fil des passages, s’est avéré judicieux. Sixièmes des derniers Mondiaux, le duo a survolé les 24 obstacles, la baie surnommée affectueusement Zoé se montrant très à l’écoute de son pilote. À l’arrivée, seulement 23 secondes de trop, soit 9.2 pénalités qui se sont ajoutées. Avec un score de 42.3, ils sont remontés au 8e rang individuel, tandis que les Bleus sont 3e avant la finale de saut d’obstacles demain, à 0.2 point de la médaille d’argent !
Du côté des individuels
Meilleurs Français après le dressage, Gireg Le Coz et Aisprit de la Loge (propriété de Frédérique et Augustin Grand, liste À cheval pour Paris) ont démontré toutes leurs qualités sur ce parcours. Sans-faute aux obstacles lors du réputé CCI 5* de Badminton (GBR) plus tôt cette saison, le duo en a fait de même dans l’Orne, terminant avec seulement 16 pénalités de temps dépassé. Ils pointent ce soir à la 12e place provisoire avec un score de 44.8 pénalités.
Benjamin Massié et Édition Fonroy (propriété de Jean-Luc Van Hoenacker et de son cavalier, liste À cheval pour Paris), neuf ans seulement, ont engrangé de l’expérience sur ce test. Parti dans un bon rythme, le couple a été pénalisé de 20 pénalités sur l’obstacle 18 pour avoir sauté en dehors des fanions et a ensuite dû prendre l’option longue pour sortir du deuxième gué. Ils ont ensuite déclenché le dispositif de sécurité mim’s sur le n°22A mais ont bien fini leur parcours, cumulant 61 points toutes pénalités confondues cet après-midi.
Rendez-vous demain pour l’ultime test !
Après cette journée exigeante où les rebondissements ont été nombreux, les grooms et cavaliers vont optimiser la récupération des chevaux grâce à de la glace, des massages, des soins spécifiques, de la marche, etc. Après une nuit de repos, la seconde inspection des chevaux débutera demain à 9h et permettra de valider le bon état de forme de tous les concurrents avant l’ultime test.
La Grande-Bretagne, championne olympique par équipes en titre, prend leadership individuel après la chute sans gravité du multi médaillé allemand Michael Jung avec Fischerchipmunk FRH, grâce à la championne du monde 2018 Rosalind Canter sur Lordships Graffalo (31.3), seul couple à avoir signé un parcours maxi aujourd’hui et qui conserve donc son score du dressage. Les Britanniques sont également virtuellement en or collectivement (98.7) devant l’Allemagne (126) et la France (126.02). Dénouement de ce triathlon des sports équestres demain, dimanche 13 août, avec l’hippique dès 11h30 sur la carrière du château, tandis que la cérémonie des médailles est programmée à 15h.
Ils ont dit
Ils ont dit
Thierry Touzaint, sélectionneur national
« On est un peu déçus du dressage, il y a eu des fautes et on n’a pas été très bien notés non plus. On savait que le cross est notre point fort et on a effectué une belle remontée. J’aurais été déçu du contraire, on a tout fait pour ça en emmenant des cavaliers expérimentés. On n’a pas pris de risque en assurant tout au long de l’après-midi. Chacun a monté aux ordres, pour l’équipe avant toute chose. Je suis assez fier d’avoir nos quatre chevaux à l’arrivée et cela a montré qu’ils étaient prêts physiquement. On a fait notre cross comme des guerriers, avec de la sérénité et de l’envie. Demain est un autre jour, nous avons plutôt de bons sauteurs mais les autres équipes aussi. Il faudra assurer autant de sans-faute que possible, il faudra voir comment les chevaux vont récupérer car le rythme cardiaque est monté haut aujourd’hui dans toute cette boue. Je suis assez optimiste. Pour nos individuels, Edition, la jument de Benjamin, n’a pas énormément d’expérience sur les formats longs, c’était son deuxième seulement, elle nous a montré que c’était éprouvant pour elle. Cela donne aussi de l’expérience à son cavalier. Gireg a lui aussi couru à la main de son cheval, il avait le droit de partir vite et il a essayé. Il n’a pas mis sa monture dans le rouge et Aisprit a bien sauté jusqu’au bout. »
Stéphane Landois, cavalier de Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs (40.6 pénalités)
« J’ai pris du plaisir, il y avait du public et des encouragements le long du parcours, c’est agréable. Après le dernier gué, mon cheval était un peu à plat et il n’y a pas eu un très bon saut sur le tronc sous les arbres, mais sur le reste du parcours, les passages techniques, il a été extra. Le message que j’ai passé au reste de l’équipe est que le sol colle beaucoup, les chevaux vont être éprouvés, les difficultés sont celles qu’on avait repéré. Cela marque vraiment où passent les chevaux, les abords tiennent bien mais ce sera dans les galopades qu’il faudra rester vigilants. J’ai pris du temps dépassé ; avec mon cheval, je pars sur une vitesse et je la conserve. Je suis parti sur un rythme un peu inférieur à ce que je peux avoir sur une épreuve de ce format, car je ne savais pas comment il allait réagir et comment serait le terrain. Je pense que j’ai bien fait, cela me permet d’avoir un cheval frais à l’arrivée. J’aurais pu aller plus vite mais pour l’équipe, c’est une bonne chose d’avoir assuré. On verra comment Chaman récupère pour demain, il sautait encore bien à la fin. Pour la sécurité et le bien du sport, c’est très bien d’avoir raccourci le parcours de 5 obstacles. »
Karim Laghouag, cavalier de Triton Fontaine (46.9 pénalités)
« Je suis content de mon parcours. La fatigue est arrivée rapidement car il a montré vouloir récupérer après le deuxième gué, à la quatrième minute, ce qui est rarissime avec la préparation que l’on a eue. J’ai donc accepté de perdre du temps et rajouter des foulées, je lui ai fait des caresses en lui disant ‘à ton rythme’. Triton a cherché les fanions et est allé au bout de son effort. Je ne l’ai jamais vu autant aller dans ses retranchements. Il m’a tout donné jusqu’à la ligne d’arrivée. Le terrain est profond et colle, ce qui est pénible. Il a trébuché à la réception de l’obstacle 20A, que je trouvais être le plus difficile et que je craignais un peu, et s’est organisé pour sauter l’élément B. C’est un cheval extraordinaire, et son envie est ce que j’ai aimé chez lui en l’achetant. La consigne était d’écouter mon cheval et de rentrer même avec peu de temps dépassé, et de faire attention à tous les obstacles. Il a déjà bien récupéré. Il compte 83% de pur-sang, c’est un cheval qui est fait pour galoper. L’objectif était d’être au moins sur le podium ce soir, et dans les points. »
Nicolas Touzaint, cavalier d’Absolut Gold*HDC (43.3 pénalités)
« J’ai eu de la chance d’avoir ce cheval-là aujourd’hui ! On savait que ce serait éprouvant, plus l’après-midi s’est écoulé et plus le terrain était collant. Tout coûte de l’énergie aux chevaux. Je suis parti avec un bon rythme, j’étais encore à l’heure à la quatrième minute, quand le terrain remontait. J’ai alors senti mon cheval repartir moins vite. Je n’ai rien lâché mais je n’ai pas pris de risque, j’avais pour ordre de jouer pour l’équipe, qui est l’objectif premier. Nous nous sommes donnés à fond et j’ai malgré tout pris du plaisir. C’est un cheval extraordinaire avec un excellent mental, je me régale à chaque fois. Il n’est pas sorti des écuries de la même manière qu’hier, il est comme moi, il préfère le samedi au vendredi ! Avec 10 à 20 secondes de retard, cela fait partie des meilleurs chronomètres. Je savais que c’était un test qui pouvait lui convenir. On va pouvoir jouer les médailles demain, c’est rassurant. »
Gaspard Maksud, cavalier de Zaragoza (42.3 pénalités)
« La jument a très bien galopé, elle était en avance les quatre premières minutes. J’ai perdu du temps dans le deuxième gué, puis après cela monte, donc je n’ai pas poussé car les chevaux sont fatigués à la fin. Dans le dernier gué, le petit virage en montée, je l’ai senti peiner, donc je l’ai tenue et j’ai essayé de garder de l’énergie jusqu’au bout. Malgré ça, elle a continué à bien sauter et avoir de bonnes foulées. C’est une très bonne expérience pour les chevaux comme les cavaliers. Il fallait rester à l’écoute des chevaux, ne pas prendre trop de risque et assurer les derniers sauts. Le temps dépassé n’est pas le plus important, il faut terminer sans-faute aux obstacles. Mes trois coéquipiers ont fait le travail avant, j’avais donc une pression moindre. On est en position d’outsiders, c’est maintenant à nous de tout donner lors de l’hippique, on comptera les points demain soir. »
Gireg Le Coz, cavalier d’Aisprit de la Loge (44.8 pénalités)
« J’ai passé ma matinée avec le kiné à cause d’une douleur à la cuisse. Je ne savais pas si j’allais pouvoir monter, donc ce n’était pas simple de rester positif et de me dire que ça allait bien se passer. Mon cheval est incroyable, il a pris soin de moi tout le tour. Je suis parti avec un bon rythme mais le terrain est lourd, c'est dur pour les chevaux. À partir de moment où cela remonte après le gué, je l’ai laissé galoper à son rythme. Il a été exceptionnel car j’avais moins d’équilibre que d’habitude, mais son expérience a compensé et je suis fier de lui. Je pense qu’il n’a jamais été aussi fatigué à l’arrivée, nous avons donné notre maximum. »
Benjamin Massié, cavalier d’Édition Fonroy (96.7 pénalités)
« Concernant notre ‘refus’, je m’en veux car je suis rentré fort dans le gué, elle a frotté le milieu ce qui l’a déséquilibré. Je suis trop resté à l’intérieur, j’ai remis la jambe, d’habitude elle vise le fanion mais là, elle n’a pas sauté au bon endroit et j’ai dû prendre l’option longue pour sortir. Je ne pense pas que cette erreur soit due à sa jeunesse ou son inexpérience. C’est de ma faute, j’étais dans le chronomètre, j’ai voulu jouer le jeu autant que je le pouvais, en la laissant souffler si elle avait besoin. Je suis compétiteur ! Après, je ne voyais pas l’intérêt de prendre l’option courte sur les tentes (n°20), mais le tournant est quand même assez éprouvant. Pour le mim’s, je pense qu’elle a un peu laissé trainer les pattes. Edition va bien, elle un peu émoussée, les deux options longues entraînent de la fatigue supplémentaire et je m’en veux un peu de lui avoir fait ça. »