Coup d'œil sur le pony-games, une discipline ludique porteuse de multiples enseignements
Le pony-games, venu tout droit d’Angleterre, est l’un des sports collectifs équestres. Lors du Grand Tournoi, mi-mai, près de 250 équipes étaient engagées pour décrocher l’un des 19 titres de champion de France mis en jeu. Ludique, complète, porteuse de valeurs fortes et présentant de nombreux avantages pour les clubs, la discipline dispose de nombreux atouts pour séduire.
Le pony-games, venu tout droit d’Angleterre, est l’un des sports collectifs équestres. Lors du Grand Tournoi, mi-mai, près de 250 équipes étaient engagées pour décrocher l’un des 19 titres de champion de France mis en jeu. Ludique, complète, porteuse de valeurs fortes et présentant de nombreux avantages pour les clubs, la discipline dispose de nombreux atouts pour séduire.
Le pony-games au Grand Tournoi
Le pony-games au Grand Tournoi
Un peu d’histoire
Les mounted-games naissent en 1957 au Royaume-Uni à l’initiative du Prince Philip d'Édimbourg, époux de la reine Elisabeth II d'Angleterre, qui souhaite que des compétitions équestres soient accessibles aux enfants. La “Prince Philip Cup” (Coupe du Prince Philip) offre ainsi aux plus jeunes un challenge, par équipes de cinq cavaliers, autour de différents jeux. Les mounted-games sont importés en France au début des années 90 par Jacques Cavé, sous l’appellation “pony-games”. Ce dernier devient en 1993 l’entraîneur national de la discipline, dont les premiers championnats de France se tiennent la même année à Châteaubriant (44), intégrés aux championnats nationaux Poneys. On dénombre alors quatre équipes engagées à l’époque, contre 247 en 2023 au Grand Tournoi !
Au Grand Tournoi
Le Grand Tournoi, organisé par la Fédération Française d’Équitation au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41), est le grand-rendez-vous des sports équestres collectifs, où se disputent les titres de champions de France de pony-games et de horse-ball.
Depuis 2011, de nombreuses équipes se retrouvent donc tous les ans au mois de mai en Sologne, pour s’affronter dans une atmosphère conviviale. Sur les 247 équipes au départ, 157 sont composées de deux cavaliers, faisant ainsi partie de la catégorie Paire la plus courue. Un engouement qui s’explique aisément par la facilité pour “les clubs qui débutent dans la discipline de trouver deux cavaliers du même âge, plutôt que quatre ou cinq”, argumente Nathalie Lancereau, présidente de la commission fédérale pony-games. À l’unisson avec Eric Marion, référent au comité fédéral, elle exprime le souhait de la commission d’ouvrir les tranches d’âge pour permettre à la pratique en famille de se développer, et ainsi mettre en place des épreuves où parents et enfants peuvent jouer en paire.
“Nous sommes ravis qu’autant de Paires aient répondu présentes”, abonde Stéphane Tardif, conseiller technique national pour le pony-games. “C’est un levier de développement de la discipline qui semble fonctionner et nous sommes contents de voir autant de partants pour l’édition 2023 du Grand Tournoi. Nous sommes à +40% d’équipes et de paires engagées.”
Du fun et du collectif !
Du fun et du collectif !
Le pony-games est un sport collectif mixte, organisé par tranches d’âge, qui se joue en ligne et en relais, jusqu’en équipes de cinq cavaliers et leurs montures, mais seulement quatre duos participent à un jeu. Une manche est composée de huit jeux, sur la trentaine recensée en France. Certains exigent avant tout de la vitesse, d’autres de l’adresse, il y en a pour tous les goûts ! Une vraie stratégie se met donc en place pour choisir quels couples prennent part à quels jeux en compétition.
Jonathan Marion, sélectionneur national avec Nicolas Noesser, présente trois jeux emblématiques de la discipline et simple à réaliser :
Les deux tasses
“On a besoin de quatre piquets espacés de 7 à 9 mètres et de deux tasses. Le but pour le premier cavalier est de déplacer la tasse posée sur le piquet 1 au piquet 2 et celle posée sur le piquet 3 au piquet 4, puis il passe le relais à son coéquipier qui est fond du terrain. Ce dernier fait la même chose dans l’autre sens - mettre la tasse du piquet 4 sur le piquet 3 et celle du piquet 2 sur le piquet 1. En Paire cela s’arrête là, et en équipe le joueur 3 fait comme le joueur 1 et le joueur 4 comme le joueur 2. Suivant le niveau, cela peut se faire au petit trot, tandis qu’au plus haut niveau, les cavaliers sont au galop à pas loin de 40 km/h.
Cela demande d’avoir un poney contrôlable en ligne droite, les deux rênes dans la même main, qui ne zigzague pas et reste proche des piquets. Plus on est droit dans une vitesse contrôlée, plus on peut se concentrer sur le déplacement des tasses sera simple pour le cavalier.”
Les cinq drapeaux
“C’est un jeu qui sert de tie-break en fin de session s’il y a des égalités. Tous les couples sont derrière la ligne de départ, il y a un cône vide situé trois mètres derrière la ligne de fond, et un cône avec quatre drapeaux au milieu du terrain. Le premier part avec un drapeau, va au fond du terrain pour déposer son drapeau dans le cône du fond, au retour il rattrape le drapeau de son choix qu’il passe au suivant, et tout le monde fait la même chose.
Cela se fait aussi avec de la vitesse quand on est expérimenté. À plus petit niveau, cela demande d’avoir un poney qui accepte de partir et laisser ses copains dans son dos, de réaliser un bon virage au bout, maîtrisé dans l’allure et le tracé, et d’avoir un bon contrôle au retour sans que le poney ne soit trop pressé de rentrer, pour pouvoir bien attraper le drapeau.”
Se challenger avec le jeu des bouteilles
“Une poubelle est posée au milieu du terrain et une autre au fond, aux mêmes endroits que pour les cinq drapeaux. Le premier cavalier s’élance avec une bouteille en main, comparable à une bouteille de 75 cl et lesté avec du sable au fond, la dépose au milieu, en prend une au fond et rentre tout droit la donner à son coéquipier n°2. Lui pose sa bouteille au fond, sur la poubelle libre, récupère celle sur la poubelle du milieu avant de passer le relais. Le cavalier 3 fait comme le premier et le dernier comme le cavalier 2.
Cela demande d’être précis dans le tracé, pour poser une bouteille qui reste debout sur sa poubelle, et d’avoir des poneys qui n’ont pas peur du bruit. On ne retrouve ce jeu qu’à partir de l’indice 1.”
Tous les jeux, leurs règles et matériels nécessaires sont détaillés dans des fiches techniques, disponibles sur le site internet de la FFE.
Une discipline complète et porteuse de valeurs fortes
Une discipline complète et porteuse de valeurs fortes
Comme le rappelle Nathalie Lancereau, “le pony-games est un des rares sports d’équipe en équitation, praticable à tout âge - du Moustique au Major - et en famille.” Du cavalier débutant à celui qui possède son Galop 7, le pony-games peut concerner tous les niveaux car les jeux sont adaptables à l’infini. “On peut travailler la technique en intégrant par exemple des cessions à la jambe au jeu des tasses ! Il y a plein de déclinaisons possibles, les jeux sont une base, on peut ajouter des cercles, des diagonales, des changements de pied”, propose Nathalie Lancereau. “Je dirai qu’on travaille sur la vitesse en dernier, car pour aller vite il faut savoir faire, comme en saut d’obstacles !”, complète Éric Marion, avant de poursuivre : “Il faut être cavalier pour pratiquer, ce ne sont pas que des jeux pour jouer. Tous ceux qui montent à haut niveau ont des poneys très bien dressés, un très bon niveau d’équitation, et pour la plupart ne font pas que du pony-games, mais également du saut d’obstacles ou d’autres disciplines où ils performent. La discipline développe des habiletés chez les cavaliers dès le départ : mobilité, assurance, autonomie, esprit de compétition, etc.”
De par leur diversité, le pony-games prépare, de manière ludique, l’apprentissage de toutes les techniques équestres. “Il faut apprendre à monter dans le respect de l’animal et avec cette discipline, nous disposons d’un support ludique pour apporter de la technique aux cavaliers”, exprime Cyril Barreau, expert fédéral et ancien sélectionneur national. La présidente de la commission ajoute qu’“au niveau pédagogique, c’est hyper riche car cela permet de faire travailler les cavaliers comme le dressage des chevaux. Avoir une cavalerie bien dressée est un avantage pour les dirigeants, qui peuvent ensuite les faire monter par tous leurs licenciés, mais c’est également un avantage s’ils développent une activité de sport scolaire ou d’équitation adaptée.” Le pony-games “forme de très bons poneys de club, car un poney de pony-games est contrôlable les deux rênes dans une main, sait bien s’incurver pour effectuer un tournant de 5m maximum, réalise des transitions à un point précis”, énumère Jonathan Marion.
Plus qu’un savoir-faire technique, le pony-games véhicule des valeurs fortes de savoir-être et de savoir-vivre : “Les pony-games sont un sport d’équipe qui permet de fédérer au sein des clubs. Cela inculque des valeurs de respect des autres, de l’animal, de l'arbitrage. On retrouve des valeurs communes, par exemple, au rugby : respect des adversaires, développement du mental, investissement dans l’entraînement, la convivialité, etc.”, développe Cyril Barreau.
De nombreux avantages pour les clubs
De nombreux avantages pour les clubs
Pour un club, il n’est pas compliqué de proposer le pony-games et ses jeux ludiques lors des cours et même proposer un projet sportif intégrant des compétitions : “Les jeux des deux tasses et le slalom, n’importe quel cavalier avec n’importe quel cheval peut y arriver. Et il n’y a pas besoin d’avoir une cavalerie experte, un poney basique peut très bien jouer dans des petites séries. On ne cherche pas un performer, c’est du pas, du trot et du galop. Il faut juste un poney ou un cheval de club !”, affirme la présidente de la commission fédérale.
Une manière donc de diversifier les pratiques au seins des clubs mais également sa clientèle, la discipline et ses règles présentant de nombreux atouts pour accueillir un public de cavaliers masculins, ou adeptes de sports collectifs : “On arrive à les garder plus longtemps car un sport d’équipe ne les lasse pas”, confirme Nathalie Lancereau.
Financièrement, les dirigeants s’y retrouvent également. Faire un stage dédié à la découverte des pony-games au sein de sa structure permet de l’ouvrir à plus de monde qu’à l’accoutumée car les cavaliers évoluent en ligne. “On peut facilement en mettre deux ou trois dans un manège”, pointe Éric Marion. “Puis, partir en compétition de pony-games peut aussi amener plus de recettes que d’autres disciplines car un poney peut faire trois tours, et non deux.”
Alors, plus qu’à faire deux équipes, poser quatre piquets sur la ligne du milieu et réaliser des mini-défis pour proposer un cours ludique à ses licenciés. Attention, ils deviendront vite accros !