

Xavier Goupil et David Germain, respectivement vétérinaire et maréchal-ferrant de l’équipe de France, partagent quelques conseils en vue de l’Open Amateur. Mais n’oubliez pas que le plus important est d’échanger avec votre vétérinaire traitant et votre maréchal-ferrant pour adapter votre préparation au mieux selon votre cheval et ses besoins !
Les conseils de Xavier Goupil, vétérinaire fédéral pour le concours complet
Des check-ups réguliers en amont du championnat… et ensuite !
“C’est important de travailler en collaboration avec son vétérinaire traitant, s'entourer pour être conseillé et progresser ensemble vers l'événement. Par exemple, les chevaux de haut niveau ont toujours des check-ups divers, comme ça on les connaît bien et on les suit au fil de la saison. Pour préparer un championnat Amateur, il s’agit de présenter son cheval à son vétérinaire, échanger ensemble et adapter si besoin la ferrure, la dentisterie, l'alimentation, l'ostéopathe, etc. Il s’agit de tout planifier. Après un championnat, c'est bien d’effectuer un nouveau contrôle pour vérifier que tout est normalisé, que son cheval a bien encaissé la dose sportive, sans aller au-delà de son potentiel. Cet aspect de la compétition est très formateur, pour savoir regarder un cheval, le préparer, s’assurer que tout va bien en amont et en aval.”
Pendant le championnat
À l’issue du cross… “Prioriser le refroidissement du cheval”
“Lors de l’Open Amateur, le test de saut d'obstacles est après le cross, il faut donc être vigilant sur la récupération de son cheval. Lors de l'arrivée immédiate d’un cross, il a une fréquence respiratoire plus élevée, une fréquence cardiaque plus élevée et cela d'autant plus que l'effort est important et que la température extérieure est élevée.. Même sur une épreuve Amateur, le cheval peut arriver avec une température de 39 ou 40°C ! Donc la priorité, c'est le refroidissement. Il s’agit de le desseller, le refroidir avec une eau en abondance, le doucher, aller dans des zones ombragées et ventilées. Ainsi, la température redescend, tout comme la fréquence cardiaque et respiratoire. D’abord, on gère donc l'hyperthermie.
Ensuite, quand on rentre au box, on vérifie que son cheval ne se soit pas fait une petite atteinte. On lui met des guêtres de froid, ou des cotons trempés dans de la glace pilée que l'on applique sur les quatre membres du cheval pour bloquer les petites réactions inflammatoires qu'il peut y avoir.
Souvent le cheval remonte en température après le retour au box, donc ne pas se presser de le recouvrir. Il faut éventuellement prendre la température, vérifier qu'elle est de retour à la normale : une heure après un cross, c'est environ 38°C.
Après cela, il s’agit de gérer l'alimentation : un cheval qui vient de produire un effort, il faudra commencer par lui donner du foin. Quand il l’aura consommé, et pas moins de deux heures après le retour au box, on pourra lui donner sa ration de concentré. On peut y ajouter un peu d'électrolytes : attention à bien les donner à un cheval qui a l’estomac plein !
Et puis, ne pas oublier de masser son cheval, de le marcher, de vérifier qu'il ne remonte pas en température une fois rentré au box. Sinon on le ressort, on le redouche, on le remarche. Par ailleurs, c'est bien de les laisser brouter après un cross parce qu'ils expirent un petit peu les sécrétions respiratoires qu'ils ont accumulées. Et ça permet de passer du temps avec eux !”
Est-ce qu'après le dressage et le saut d’obstacles, deux disciplines un petit peu moins physiques que le cross, il y a quand même des choses spécifiques qu'on peut mettre en place pour la récupération ?
“Après le dressage, on n'a pas cette hyperthermie et cette fréquence cardiaque et respiratoire élevée. Par contre, on peut s'attarder plus sur l'aspect musculo-squelettique du cheval, c'est-à-dire lui faire des massages, lui faire des choses qu'on a l'habitude de faire. N'importe qui peut être un bon masseur, c'est juste une sensation à développer. Les meilleurs masseurs, souvent, ce sont les grooms. Et quand on a l'habitude de masser la base de l'encolure de son cheval, le dos de son cheval, on voit très bien si on lui fait du bien. Avec des simples molécules, type arnica gel, on arrive à les détendre et à récupérer après l'effort du dressage de façon intéressante.
Après un tour de saut d’obstacles pur, il ne s’agit pas de rentrer directement chez soi.Il faut quand même laisser le cheval se reposer un minimum, le réalimenter, le remarcher, lui poser des bandes de repos ou des guêtres de froid, etc. Tout cela dépend aussi du niveau de l'épreuve, de l'effort et de l’entraînement de son cheval. Le soir et le lendemain, il ne faut pas oublier de vérifier que son cheval boit correctement, a bon appétit, un bon œil, qu'il est alerte, qu'il n'y a ni boiteries ni petites atteintes…”
Conserver sa routine
“Un cheval, c'est un animal de routine, d'habitude. En championnat, il ne faut rien changer et conserver au maximum ses habitudes du quotidien. Sur l’alimentation par exemple, il s’agit juste d’adapter les rations en fonction de l'effort. Mais les chevaux sont heureux dans leur routine.”
Les conseils de David Germain, maréchal-ferrant de l’équipe de France
“À partir du moment où on connaît la date de son championnat, il faut anticiper ses ferrures pour essayer d'arriver, le jour J, en ayant une ferrure qui n'a pas plus de trois à trois semaines et demie.
Avant de partir, il s’agit de vérifier l'état de la ferrure, si les rivets sont bien serrés, si le pied ne passe pas au-dessus de la corne. Si la ferrure est en bon état, à trois semaines, on concourra sans problème avec un moindre risque que si on était en fin de ferrure.”
Quel est le risque si on concourt en étant en fin de ferrure ?
“On peut risquer plein de choses, comme le déferrage, d’abîmer un tendon, une boiterie…”
Et si on déferre pendant un championnat, qu'est-ce qu'il se passe ?
“Sur un championnat, il y a un maréchal-ferrant de service. Il faut prévoir de prendre avec soi un jeu de fers de rechange, qui correspond au cheval, pour pouvoir le donner au maréchal qui sera sur place et qui remettra exactement le fer qu'il faut. Auquel cas, si ce n'était pas possible, le maréchal qui est de garde sur place a normalement ce qu'il faut. N’oubliez pas non plus de vérifier vos mortaises et évitez de mettre des crampons trop sales ou rouillés.”