PARA-DRESSAGE, RENCONTRE AVEC AMANDINE MAZZONI
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Amandine Mazzoni n’a pas encore 20 ans, elle les fêtera en mai prochain et elle pourra se targuer d’avoir déjà 17 ans d’équitation derrière elle. Des premiers cours à shetland, aux championnats de France de saut d’obstacles à poney, cette pétillante jeune femme concourt désormais à haut niveau en para-dressage. En 2014, une maladie neurodégénérative rare lui est diagnostiquée, l’Ataxie de Friedrich, qui provoque chez la sportive une hyperlaxité des membres inférieurs et de vraies pertes d’équilibre, l’obligeant d’ailleurs à se déplacer en fauteuil roulant. Si le saut d’obstacles devient trop dangereux, il n’est pour autant pas imaginable de mettre un terme à sa passion, elle montera coûte que coûte et rêve désormais aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020 et Paris 2024 !
Du baby poney aux concours para-équestre de dressage international (CPEDI 3*)
Chez Amandine Mazzoni, le cheval est une histoire de famille et de femmes, sa maman, ses sœurs, ses cousines sont de véritables passionnées et la mettent à poney dès trois ans. Premiers concours de saut d’obstacles à huit ans, plusieurs championnats de France dont une 5e place, puis la réorientation vers le dressage avec les premiers symptômes de la maladie.Elle rencontre l’équipe du para-dressage et Fanny Delaval, conseillère technique nationale en charge de la discipline, à Jardy en 2015 qui la mettra en relation avec Annick Dauban de la Ferme de Corbet aux Bréviaires. Celle-ci lui présentera à son tour Lucie Herse, qui deviendra sa coach et lui permettra de fouler ses premiers rectangles internationaux en selle sur sa jument Pomme du Bois Noir. En novembre 2016, le couple participe aux Championnats de France à Saint-Lô et accède au CPEDI de Deauville et de Waregem en Belgique quelques mois après. Une rencontre avec le comédien Alex Lutz fera accélérer les choses avec l’achat du magnifique Don Diego pour qu’Amandine puisse progresser et réussir à s’imposer sur ces épreuves. L’aventure est courte puisque le cheval disparaît accidentellement, plongeant la cavalière dans un profond désarroi jusqu’à l’arrivée il y a tout juste un an de Verden de Hanovre, propriété d’Alex Lutz à nouveau et de l’association Handi Cap à cheval.
Un entraînement à la hauteur de ses ambitions
Compétitrice dans l’âme, Amandine, étudiante en 2e année de sociologie, monte tous les jours après les cours à l’approche d’une compétition. C’est le cas actuellement puisqu’elle prépare le CPEDI 3* de Deauville (7 au 9 avril). Lucie Herse, sa coach depuis plusieurs années maintenant est toujours présente. C’est elle qui détend Verden aux trois allures avant que la cavalière ne monte dessus, que cela soit à la maison ou en compétition. À côté, elle pratique le sport en salle quatre fois par semaine dont deux accompagnée de sa kinésithérapeute afin de garder sa musculature et notamment celle de ses jambes bien moins sollicitées qu’auparavant dans ses déplacements. Un emploi du temps chargé que la cavalière assume avec joie puisqu’elle a un objectif : faire partie des tous meilleurs et participer aux plus grandes échéances internationales à commencer par les Championnats d’Europe de Rotterdam en août prochain. Un défi de taille pour la sportive dont la perte de mobilité a engendré une reclassification du Grade III au Grade II puis au Grade I - les épreuves sont divisées en cinq catégories selon le handicap du cavalier : du Grade I - handicaps les plus lourds - au Grade V - handicaps les plus légers.
De l’importance d’être dans le Groupe 1 et d’y rester
La nouvelle politique fédérale avec l’intégration des cavaliers de haut niveau dans des Groupes 1 ou 2 en fonction de leurs résultats va de pair avec les objectifs d’Amandine puisqu’elle la force à aller toujours plus loin. « Faire partie du Groupe 1 pousse à une certaine concurrence entre les cavaliers de para-dressage, c’est une bonne chose puisqu’elle nous donne envie de nous dépasser sur l’ensemble des compétitions. Tout ce qui été mis en place récemment par la Fédération Française d’Equitation et notamment les Masterclasses qui nous permettent d’intensifier notre entraînement et de dérouler nos reprises comme en compétition, servent réellement notre discipline, jusqu’ici moins structurée. Cela nous offre la possibilité d’être encadré, conseillé et jugé par Philippe Célérier, sélectionneur national, Carlos Lopes, juge international de para-dressage et formateur, ainsi que Fanny Delaval, CTN et chef d’équipe des Bleus. J’ai intégré le Groupe 1 à l’issue de la première Masterclass et j’en suis sortie puisque je n’ai pas pu participer à la deuxième. Je ferai mon maximum à Deauville pour revenir dans le Groupe 1 et y rester. Cela nous oblige à avoir une vraie stabilité dans nos résultats puisque nous devons obtenir plus de 68 % sur la Team Test et/ou l’imposé. »
Compte à rebours pour Rotterdam
Pour avoir une chance d’être sélectionnée parmi les quatre qui représenteront la France à Rotterdam, Amandine participera à un maximum de compétitions. Après Deauville, elle sera à Waregem (BEL) fin avril, puis à Lamotte-Beuvron pour une Masterclass en mai, à Kronenberg (NED) et à la Ferme de Corbet en juin et à Uberherrn (GER) en juillet. Viendront ensuite l’annonce des sélections pour le rendez-vous européen et une Masterclass pour ceux qui seront du voyage. Des étoiles plein les yeux, Amandine espère bien être des leurs. « Quand j’ai rencontré Fanny Delaval pour la première fois et que je lui ai parlé de mes rêves paralympiques, elle m’a répondu que tout était possible et elle me le répète régulièrement. « N’oublie pas Amandine, tout est possible ! ».»