

Au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron (41), pôle France FFE d’attelage, l’élite des meneurs tricolores s’est succédée à l’occasion de plusieurs stages (Solos, Teams, Paires et Jeunes), entre le 3 et 12 décembre. Félix-Marie Brasseur, entraîneur national Seniors, et Benjamin Aillaud, entraîneur national Jeunes, ont évoqué ce rassemblement et se sont projetés vers 2022.
La période hivernale a débuté, et avec elle les traditionnels rassemblements des équipes de France au sein du Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron (41). Les meilleurs meneurs tricolores se sont donc retrouvés pour entamer leur travail préparatoire en vue de la saison 2022. Le Pôle France FFE de la discipline s’est animé à l’occasion trois sessions de stage : du 3 au 5 décembre pour les meneurs Solos, du 8 au 9 pour la catégorie Team, et du 10 au 12 décembre pour les catégories Paires, encadrés par Félix-Marie Brasseur, entraîneur national pour l’attelage, tandis que les Jeunes se sont rassemblés du 10 au 12 décembre également et ont bénéficié des conseils de leur entraîneur national Benjamin Aillaud.
Les programmes de stages étaient articulés autour de séances en attelage (travail sur le plat, travail de trajectoire au sein d'obstacles de marathon et enchaînements techniques en maniabilité), séance de renforcement musculaire, suivi vétérinaire et réunion de planification d'entraînement pour les mois à venir. Ces regroupements hivernaux sont aussi l'occasion de renforcer le travail de cohésion d'équipe dans un contexte hors compétition.
Les meneurs présents
Trois questions à Félix-Marie Brasseur, entraîneur national Seniors
Quel est l’objectif de ces rassemblements et quelles sont les thématiques abordées ?
Nous essayons de regrouper tous les attelages qui seront présents l’année prochaine lors des grosses compétitions, et d’intégrer un ou deux jeunes qui pourraient prendre part aux championnats en 2023. Nous avons fait le choix cette saison de rassembler catégorie par catégorie sur ces premiers stages, pour que tout le monde soit bien concentré. Les meneurs solos ont tous pu progresser pendant le stage. En attelage à quatre chevaux, avec Sébastien Mourier, nous avons travaillé avec chaque cheval individuellement, pour ensuite les faire évoluer correctement à quatre. Pour les attelages en Paire, le prochain championnat FEI sera en 2023, ce qui nous permet de prendre plus de temps pour faire évoluer des chevaux à potentiel pour le futur. Ces stages avec des contributions techniques complémentaires, sur un site tel que celui du Pôle France Attelage, représentent un pan clé du dispositif attelage mise en œuvre par la FFE au profit des meneurs de l'équipe de France. Cela constitue un atout et une chance énorme pour les meneurs atteignant ce niveau et vise à renforcer les performances françaises lors de nos championnats FEI.
Concernant le travail, c’est simple à dire mais plus difficile à mettre en pratique. Nous voulons comme dans toute discipline équestre voir des chevaux avec les postérieurs qui s’engagent en dessous de la masse, qui le propulsent vers l’avant, avec le dos qui remonte, et ne pas se contenter d'une gestuelle des antérieurs pouvant paraître spectaculaire, mais fausse d'un point de vue du fonctionnement du cheval.
Quels axes de progression avez-vous identifiés pour 2022 et quelle sera la suite du travail hivernal ?
Que les chevaux soient plus droits, avec un fonctionnement plus juste. Ensuite, nous aurons l’occasion de s'exercer avec les attelages à deux chevaux sur la nouvelle reprise de dressage. Les difficultés semblent, à mon sens, moins importantes qu’avant, avec la suppression du travail à une main. Cependant, la réduction de 100m à 80mx40m resserre l'enchaînement. Et il y a notamment un doublé sur la ligne du milieu avec un arrêt en X, départ au trot rassemblé, et deux cercles de 20m à gauche puis à droite depuis la ligne du milieu. Je pense que ce sont les deux figures les plus importantes de la reprise.
Pour la suite, en janvier et février, nous aurons un rendez-vous mensuel avec toutes les équipes seniors. Ce seront des simulations de concours, avec une épreuve de dressage, de la gymnastique sur le marathon et la maniabilité en clôture.
Quels seront les objectifs principaux de la saison 2022 et pouvez-vous compter sur de nouveaux venus en équipe de France ?
Le Mondial au Pin-au-Haras (FRA) pour l’attelage à un cheval - du 15 au 18 septembre 2022 - est une échéance importante. Au vu des performances récentes et de la marge de progrès néanmoins présente, l’objectif sera d’obtenir deux médailles, c’est presque une obligation. S’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, nous devons travailler dans ce sens. Pour l’attelage à quatre chevaux, il y aura du travail pour se rapprocher du podium par équipes au Mondial de Pratoni del Vivaro (ITA), du 21 au 25 septembre 2022. En individuel, tout est toujours faisable, mais nous devons réussir à réhausser le niveau de performance réalisé l'an passée pour pouvoir affirmer de fortes prétentions en vue du championnat.
En paire, catégorie où nous avons eu peut être moins de nouveaux attelages ces dernières années, il y a eu d'une part des investissements de chevaux réalisés par certains de nos meneurs ou par leurs sponsors, ce qui est très prometteurs, et nous devrions d'autre part voir arriver certains attelages supplémentaires. Nous observons sur ce premier stage Loïc Rohaut, qui fait partie des meneurs qui devraient potentiellement pouvoir prétendre à terme aux sélections internationales. Nous observerons également sur un des prochains stages Diane Delmas et sa paire de chevaux propriété de l'IFCE. Vincent Serazin, qui a par le passé déjà participé à de nombreux concours internationaux et championnats du monde, a fait l'acquisition de 2 chevaux expérimentés très intéressants, ce qui lui permet de revenir dans le groupe des prétendants à l'équipe de France alors qu'il avait évolué ces dernières années au niveau national.
Trois questions à Benjamin Aillaud, entraîneur national Jeunes
Quelle est votre vision et l’objectif de ces rassemblements d’équipe ?
J’aime bien créer un collectif dynamique, avec de l’entraide et du partage. C’est donc à la fois un stage de perfectionnement et de détection. Dans une même séance de travail, je souhaite avoir des niveaux différents qui se côtoient afin de comprendre où l’on va, et que les bases soient toujours plus solides. Les chevaux ont terminé la saison et ont pu respirer. Il s’agit d’une remise en route, et il faut vérifier que cette dernière, ainsi que la préparation pour la saison 2022, se fassent sur des bases saines. Il s’agit de donner un fonctionnement à tout le monde, répondre aux questions sur les plannings d’entraînement, donner le maximum d’outils aux équipes pour traverser l’hiver dans les meilleures conditions. En travaillant chacun chez soi, on peut vite partir dans des travers, surtout à cet âge-là. S’ils partent avec un cahier des charges, cela devient plus simple pour tout le monde. Le principe de ces stages est donc de les accompagner et de pouvoir partager avec les entraîneurs privés.
L’attelage est un sport d’équipe, il faut réussir à créer l’épanouissement d’une équipe complète, que tout le monde arrive à travailler ensemble dans le sport de haut niveau. J’ai vu par le passé trop de meneurs adultes se prendre la tête les uns avec les autres, se retrouver en compétition les uns contre les autres. Ce que j'essaye d’inculquer à ces jeunes, c’est que c’est ensemble que l’on arrive à faire des grandes choses et vivre une grande aventure équestre tout au long de sa vie de meneur et de cavalier. Ma priorité est de leur donner les bases techniques qui leur permettront d’aller au bout de leur projet, mais aussi la façon dont ils vont le faire, qui donnera du confort à tout le monde et du plaisir avec les chevaux.
Sur quoi travaillez-vous ?
Le contact à la main étant la base de la relation avec le cheval, il faut être capable avec ce contact de les mettre en équilibre, les incurver, les asseoir, repartir etc. Il faut toujours travailler la qualité de ce contact, et la confiance du cheval. Il y a des pièges à éviter pour que ce soit confortable, aimable, compréhensible. Il faut élaborer une base de début de discussion sur ce contact, de manière perméable et adaptée à l'avancement physique de chaque cheval. D’autres rassemblements sont prévus en début d’année, presque un par mois, jusqu’à la reprise des épreuves. Il y aura ensuite des rencontres lors des différentes compétitions Jeunes, pour arriver jusqu’aux championnats d’Europe en Hongrie - du 16 au 21 août 2022 à Aszár Kisber - qui seront l’objectif 2022.
Pourquoi avoir accepté le poste d’entraîneur il y a deux ans et quel est votre sentiment de disposer du Pôle France d’attelage au Parc équestre fédéral ?
Je pense que, si l’on ne s’occupe pas des Jeunes, on ne s’occupe pas d’une discipline. Pour construire le futur de l’attelage en France, il faut poser des bases saines et sérieuses. Il y a des valeurs et des techniques qui sont importantes.
Nous bénéficions d’un manège où l’on peut disposer deux carrières plus une détente, et il y a tout le nécessaire pour alimenter et héberger tout le monde, ce qui est juste exceptionnel. C’est une chance pour la discipline et nous essayons de ramener un maximum de résultats en retour.