Appréhender tous les aspects du haut niveau grâce aux stages fédéraux
C’est un programme complet qui attendait 15 cavaliers Poneys (16 ans et moins) et 11 cavaliers Enfants (14 ans et moins) de saut d’obstacles, convoqués pour un stage de perfectionnement par Olivier Bost, chef d’équipe et sélectionneur national Jeunes, et le staff fédéral du 19 au 21 décembre. Au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41), tout est mis en place pour les préparer au mieux aux exigences de la compétition à haut niveau.
C’est un programme complet qui attendait 15 cavaliers Poneys (16 ans et moins) et 11 cavaliers Enfants (14 ans et moins) de saut d’obstacles, convoqués pour un stage de perfectionnement par Olivier Bost, chef d’équipe et sélectionneur national Jeunes, et le staff fédéral du 19 au 21 décembre. Au Parc équestre fédéral à Lamotte-Beuvron (41), tout est mis en place pour les préparer au mieux aux exigences de la compétition à haut niveau.
“Nous restons convaincus que le haut niveau est un ensemble de détails”, commence Olivier Bost, chef d’équipe et sélectionneur national Jeunes. C’est pourquoi lors des rassemblements fédéraux, des séances de perfectionnement sont programmées tant sur le plat qu’à l'obstacle, avec Bertrand Poisson, entraîneur technique pour les Poneys, et Jérôme Ringot pour les Enfants, mais que la FFE propose aussi aux jeunes athlètes un accompagnement complet afin de les préparer au mieux à l’exigence du plus haut niveau : de la préparation physique et mentale, une forte sensibilisation au bien-être des poneys et chevaux, du média training avec le service communication de la FFE… Dans la quête de médailles, le souhait de la FFE est d'amener les jeunes à performer, mais pas au détriment de leur monture, de leur physique ou de leur mental. Ainsi, un véritable travail d’équipe est mis en place pour former des couples performants, les victoires remportées en piste étant le fruit d’une préparation minutieuse en amont.
“Nous souhaitons que nos jeunes deviennent des femmes et des hommes de chevaux”, continue le sélectionneur national. “Ils doivent savoir comment vivent leurs montures, c’est pour cela que nous accentuons la présence des vétérinaires fédéraux. Il est important que les poneys et chevaux soient dans un confort de travail pour être opérationnels en compétition. Si le bien-être animal est primordial, il ne faut pas non plus négliger celui des cavaliers. Il y a plus de chances d’obtenir des médailles avec des couples en pleine forme physique et psychologique et je veux que les jeunes le comprennent le plus tôt possible. Ainsi, s’ils participent un jour aux Jeux olympiques, ils disposeront de repères solides. Nous insistons aussi sur la nécessité de parler une ou plusieurs langues étrangères. Enfin, il ne faut pas oublier qu’ils doivent être efficients à l’obstacle, donc des intervenants leur apprennent à travailler leur posture pour mieux évoluer sur le plat et sur les barres. Pendant ces stages, tout le monde est très à l’écoute.”
Des séances de préparation physique et mentale
Des séances de préparation physique et mentale
Les cavaliers sont tout autant des athlètes que leurs montures, et l'un des facteurs de performance est d'être bien dans son corps et dans sa tête. D’une part, des séances de préparation physique sont systématiquement programmées lors des stages fédéraux, mêlant cardio et renforcement musculaire. D’autre part, Maxime Chataignier, ancien patineur de haut niveau et préparateur mental, intervient depuis plusieurs années aux côtés des jeunes repérés par le staff fédéral.
“À cet âge, les jeunes sont encore dans une phase d’insouciance, où ils ne se posent pas encore de questions”, explique-t-il. “La préparation mentale permet de sécuriser la performance. La démarche lors de ces stages est de prolonger cette phase où tout se passe bien et d’avoir une transition vers un meilleur contrôle de leur performance. On essaie de comprendre ensemble la différence entre stress et pression, comment gérer la pression, les pièges potentiels qu’elle peut amener, avec des exemples précis et imagés pour expliquer des choses parfois complexes. Par exemple, pour la pression, on parle de recette de gâteau au chocolat : si on a la bonne recette, c’est déjà le principal, mais si des gens très importants viennent manger chez nous, on ne va pas commencer à cuisiner en se disant “il ne faut pas que je mette de camembert dedans”. À cheval, c’est parfois la démarche qu’ils peuvent avoir en se focalisant sur les erreurs à ne pas commettre, pour éviter la barre, le refus, etc. On travaille beaucoup sur les stratégies d’attention, de concentration, et je reste à leur écoute s’ils ont une demande particulière ou des questions. ”
Performant très jeune, son expérience lui permet de comprendre ce par quoi passent les jeunes cavaliers. “Cela me donne aussi une certaine légitimité, puisque quand je leur dis que j’avais le même problème qu’eux, cela les rassure et ils retiennent qu’ils peuvent quand même devenir trois fois champions du monde. Quand ils ont du mal à verbaliser et que je finis leurs phrases, ils relativisent et se rendent compte qu’ils ne sont pas une exception. Lorsque les jeunes ont construit leur mental sur des bases solides, on remarque qu’ils ont moins de petits démons arrivés chez les Seniors. Même s’ils ne mobilisent pas tous les outils maintenant, le jour où ils en ont besoin, ils les ont.”
Travailler sa posture à pied en complémentarité du travail monté
Travailler sa posture à pied en complémentarité du travail monté
Pour être efficace à cheval, précis et ne pas perturber sa monture par des gestes parasites, les jeunes bénéficient de l’expertise de Véronique Bartin, instructrice et spécialiste de la méthode Alexander, qui intervient régulièrement lors des stages fédéraux. Elle a proposé, en salle, des exercices de proprioception, allongé et sur des ballons, des jeux d’équilibre ou dos au mur. “J’ai individualisé les exercices pour travailler sur les dysfonctionnements et dissymétries observées chez certains cavaliers sur le plat. Pour d’autres, il s’agissait d’une prise de conscience corporelle pour arriver à contrôler l’axe tête-épaules-bassin-pieds, de la découverte de l’anatomie sur ce qu’est vraiment le bassin. Avec la méthode Alexander, ils apprennent à se connaître, on les aide à avoir une meilleure coordination et à comprendre ce que les coachs, en piste, attendent d’eux et leur demandent.”
Avec Véronique Bartin, la Fédération souhaite appuyer la progression des jeunes dès leur plus jeune âge, pour qu’ils puissent contrer au plus tôt de mauvaises habitudes. “Ils sont très réceptifs et ont une grande capacité à changer les choses”, pointe l’intervenante. “L’important est de bien relier le travail en salle aux situations qu’ils rencontrent à poney ou à cheval, qu’ils arrivent à faire le lien et à comprendre l’importance de la symétrie corporelle par exemple et l'importance que cela peut avoir sur leurs montures. Je les sensibilise sur le fait qu’il ne s’agit pas que d’aller sauter ou gagner des barrages, mais de la nécessité d’être rigoureux sur la manière de monter.”
Le bien-être des chevaux et poney, une thématique fondamentale
Le bien-être des chevaux et poney, une thématique fondamentale
Lise Fresnel, vétérinaire fédérale Poneys, est intervenue pour présenter les bases de la gestion d’un poney ou cheval de sport de haut niveau, l’importance d’effectuer un suivi régulier, d’avoir une alimentation et une ferrure adaptées. “C’est aussi leur faire prendre conscience qu’un cheval mange de l’herbe ou du foin avant des granulés”, précise-t-elle, en faisant référence au premier des 3 F caractérisant les besoins du cheval (“forage”, “freedom” et “friends”, que l’on peut traduire par “fourrage”, “liberté” et “congénères”).
Elle a également effectué un examen locomoteur de base, en regardant les poneys et chevaux marcher et trotter en ligne droite, en cercle sur le dur, puis en réalisant des flexions. “C’est un bon entraînement pour les cavaliers qui apprennent à courir à côté de leurs poneys et à tourner du bon côté, comme lors de l’inspection des chevaux à l’international. C’est aussi un temps d’échange avec le coach ou les parents sur la gestion du poney, afin de les conseiller au mieux et certains sont très demandeurs quand ils n’ont pas un vétérinaire spécialisé pour le sport de haut niveau”, ajoute Lise Fresnel.
“Souvent, à ce niveau, les cavaliers veulent courir tous les Grands Prix. La saison est très longue en saut d’obstacles. Mon rôle consiste donc également à les sensibiliser à l’importance d’écouter sa monture. Pour réussir et performer, il faut savoir écouter les conseils de tout le monde et faire des choix”, conclut-elle.
Un travail d’équipe qui porte ses fruits
Un travail d’équipe qui porte ses fruits
Lou Ann Beraud, CE de la Roche (42), cavalière d’Ungaro of Qofanny
“Ce premier stage s’est bien passé. J’ai commencé par du plat avec Bertrand Poisson, puis réalisé avec Véronique Bartin des exercices pour bien me positionner à poney et travailler la symétrie. En préparation physique, on a couru et fait des exercices de renforcement, puis il y a eu de la préparation mentale avec Maxime. Il nous a aidé pour aborder une compétition et on a évoqué notre ressenti en concours. Le soir, on a tous mangé ensemble. Le lendemain, on a travaillé sur le plat puis on a directement sauté. Cela nous permet de nous préparer pour la nouvelle saison et cela m’apporte beaucoup de travailler avec les différents intervenants. Même si je ne fais pas de préparation physique ou mentale, c’était super intéressant.”
Mélina Bouillot, Élevage d’Albain (71), cavalière de Canabis d’Albain
“J’ai appris plein de choses et les intervenants étaient gentils. J’ai des petits défauts dans ma posture, mes mains, donc le travail avec Véronique a été très utile ; je penche par exemple un peu trop à l’intérieur, je vais pouvoir penser à me redresser, bien regarder loin. Cela donne des pistes pour travailler à la maison, je suis contente. En préparation physique, on a fait plein d’exercices de renforcement musculaire, pour les abdos, les bras, les jambes etc. La préparation mentale était bien, pour la première fois j’ai beaucoup stressé cette saison donc on a pu en parler, me donner des solutions, j’ai bien aimé. J’ai hâte de retourner en concours pour mettre en application les conseils, et mes chevaux vont super bien. Nous nous sommes tous bien entendus, c’était cool.”
Luis-Louan Jacques, Écuries des Juraires (85), cavalier de Catokine d’Ellipse*Villa Lucien
“Ce stage s’est bien passé même si ma jument était plutôt nerveuse. L’inspection avec la vétérinaire comme sur les CSI permet de voir le fonctionnement des concours internationaux. On remarque bien que la préparation physique nous aide à mieux monter grâce au renforcement des muscles, et que la préparation mentale est un soutien pour la gestion du stress. Même si je ne suis pas un grand stressé, travailler à l’année avec Maxime Chataignier m’aide à me relâcher. Le travail avec Véronique Bartin en salle a été utile pour l’équilibre. Je suis maintenant pressé de retourner en concours ! J’ai fait six stages fédéraux, je pense que je progresse et que ma mère, qui m’entraîne, le voit. Chaque intervenant nous donne des conseils et des pistes de travail.”
La volonté de la direction technique nationale de former les jeunes cavaliers dès leur plus jeune âge à l’exigence du haut niveau porte ses fruits, avec des médailles engrangées et des cavaliers qui suivent le circuit Jeunes et que l’on retrouve ensuite chez les Seniors. Comme le note Maxime Chataignier, “ce sont déjà des sportifs de haut niveau, avec une démarche très professionnelle et bien entourés. Même si les parents ont souvent plusieurs casquettes, ils sont rigoureux dans ce qu’ils entreprennent. Je trouve cela super, car s’ils continuent leur route jusqu’en Seniors, ils auront 15 ans d’avance sur les autres qui commencent à s'atteler à leur modèle de performance seulement quand ils sont face à la sollicitation.”
Les prochains stages fédéraux
Les prochains stages fédéraux
Juste avant ce regroupement fédéral Poneys et Enfants, un stage Jeunes Talents s’est tenu à Reims avec Bertrand Poisson et Florence Lenzini, et à Chazey avec Pierre Alain Mortier et Bertrand Lebarbier. Au total, pendant les trois jours, ce sont quarante-six jeunes cavalières et cavaliers âgés de onze à seize ans qui ont bénéficié des conseils des intervenants fédéraux. Quatre stages Jeunes Talents sont programmés prochainement à Chazey (71), Vendres (34), Deauville (14) et Reims (51).
Pour les groupes Élite, les Junior et Jeunes cavaliers se retrouveront à Mâcon, Liverdy (77), Deauville et Chazey, tandis que les Poneys et Enfants seront de nouveau convoqués en février, mais au Pôle européen du cheval du Mans (72), pour préparer les grandes échéances de la saison, dont les championnats d’Europe qui se tiendront sur cette même piste du 24 au 30 juillet 2023.